Devoir de Philosophie

Le Précurseur du symbolisme: Charles Baudelaire

Publié le 30/05/2011

Extrait du document

baudelaire

Par-dessus l'école parnassienne, le symbolisme se rattache au romantisme, par l'oeuvre poétique de Baudelaire (1821-1867). L'unique recueil de celui-ci, Les Fleurs du Mal, paru en 1857, ne fut vraiment apprécié qu'après 1870 ; il est aujourd'hui placé beaucoup trop haut par quelques thuriféraires. On y trouve surtout une inspiration qui émane des régions malsaines du romantisme, un étalage morbide de la perversité, le goût du bizarre et la recherche du macabre. Baudelaire a fait entrer dans la poésie des sensations d'ordre inférieur : celles de l'odorat, du toucher et du goût. Hanté par l'idée de la mort, il s'est plu à la description de l'horreur cadavérique. De Baudelaire il reste surtout certains vers d'une harmonie insistante et obsédante qui lui est particulière, comme dans Chant d'automne, Harmonie du soir ou dans l'Invitation au voyage :

Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble, Aimer à loisir, Aimer et mourir, Au pays qui te ressemble

baudelaire

« Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leur jours en d'austères études;Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!Il est donc légitime de considérer Baudelaire comme un précurseur du Parnasse au même titre que Théophile Gautier: l'un et l'autre ont renoncé aux vastes développements lyriques et réagi contre le laisser-aller littéraire.

Le principeessentiel du Parnasse réside bien dans ce culte de la forme inséparable du fond : Je sais Le poète symboliste. Edgar Poë.

que l'amant passionné du beau style s'expose à la haine des multitudes; mais aucun respect humain,aucune fausse pudeur, aucune coalition, aucun suffrage universel ne me contraindront à parler le patoisincomparable de ce siècle, ni à confondre l'encre avec la vertu.

(Projet de Préface pour une édition des Fleurs duMal)Entre le Parnasse et le Symbolisme, les frontières ne sont pas plus fermées qu'entre le Romantisme et le Parnasse.Les Maîtres du Symbolisme, Baudelaire et Verlaine, ont commencé par être les initiateurs du Parnasse.

Lesymbolisme sera à peine défini par Moréas dans le manifeste de 1886, qu'il sera abandonné et attaqué par celui-làmême qui en déterminait les caractères.

Baudelaire n'a pas à se renier aussi catégoriquement; dans la recherche dela Beauté, dans les tentatives d'évasion par l'art, Parnasse et Symbolisme représentent deux étapescomplémentaires de son épanouissement poétique, le Parnasse étant l'apprentissage et le symbolisme la formeachevée.La lecture de quelques oeuvres de Poë en 1846 est un éblouissement pour Baudelaire.

Le poète américain présentetant d'analogies avec lui-même ! Sentiment de solitude, rêverie allant jusqu'à l'extase, recherche de l'inspirationdans les paradis artificiels, obsession de la mort rapprochent les deux poètes.

Surtout Poë révèle à Baudelaire lesprincipes esthétiques qu'il pressentait sans pouvoir les définir exactement.

La Beauté n'est pas seulement ladescription des formes ou des couleurs, mais un Tout qui englobe Peinture, Sculpture, Architecture, Danse et toutspécialement la Musique.

Or la musique suppose à la fois une science précise et un art plus subtil et plus évocateurque la sculpture et la peinture.Le sonnet Correspondances paru dans la première édition des Fleurs du Mal en 1857, mais peut-être composé unedizaine d'années auparavant, exprime ce nouvel idéal, qui fait appel à tous les arts et à tous les sens pour former laBeauté : La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles : L'homme y passe à traversdes forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers.Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité. Vaste comme la nuit et comme la clarté,Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,Ayant l'expansion des choses infinies,Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,Qui chantent les transports de l'esprit et des sens. La réalité pour le poète n'est pas le monde matériel qui nous entoure; de cet univers, Baudelaire s'évade parl'extase, en concentrant son Moi et en le vaporisant : De la vaporisation et de la centralisation du Moi.

Tout est là.(Journaux intimes.) Le Moi, devenu aussi fluide qu'un gaz léger, pénètre dans des mondes paradisiaques et le poèteconnaît un état charmant et singulier, où toutes les forces s'équilibrent.Cette extase poétique découvre à Baudelaire le sens profond de chaque chose, plus volontaire, plus despotique; lemonde où erre l'esprit du poète, c'est la sur-nature.Celle-ci n'est cependant sensible à l'homme que par l'intermédiaire des formes matérielles; reflets de la réalitésuprême, symboles, qui nous avertissent d'une existence supérieure : C'est cet admirable instinct du Beau qui nousfait considérer la Terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel...

C'est à la fois parla poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique, que l'âme entrevoit les splendeurs situées derrière letombeau...

(Articles sur Théophile Gautier, 1859.) Le sentiment mystique de la Beauté explique la comparaison de laNature avec un temple mystérieux, où le poète entend de confuses paroles.A vrai dire, la conception symbolique de l'univers n'était pas absolument neuve.

Sans remonter à Platon et à sathéorie des Idées', dont le monde matériel n'est que l'ombre, on peut trouver chez les poètes romantiques, enparticulier chez Victor Hugo, des affirmations analogues.

En 1837, dans les Rayons et les Ombres, il écrivait : Entends sous chaque objet sourdre la parabole;Sous l'être universel vois l'éternel symbole.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles