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Préférez-vous les oeuvres littéraires dans lesquelles l'auteur parle ouvertement de lui-même ou celles dans lesquelles il s'efface? Justifiez votre préférence par des exemples précis.

Publié le 22/02/2012

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Introduction En apparence une alternative se présente au créateur devant la page blanche, puis au lecteur, lorsqu'il formule à son tour sa demande vis-à-vis de la littérature : — parler de soi (autobiographie/confession/lyrisme personnel); — parler du monde (représentation de types humains à valeur universelle/description plus ou moins critique de la société contemporaine, pouvant aller jusqu'à l'engagement militant). En fait, l'oeuvre d'art est un phénomène complexe qui a horreur des situations tranchées. Ainsi : — le point de vue personnel de l'auteur transparaît immanquablement derrière la description la plus objective — et influence le lecteur à son tour, l'amène à formuler un jugement ; — réciproquement, il est difficile de parler de soi sans se situer en même temps dans le réel historique, sans révéler à partir de quelle position, au nom de quel engagement l'on parle.

« atroce : 54 ans de service = une médaille de 25 francs.

Enfin Flaubert se laisse aller (d'une façon calculée) à uneémergence directe de la colère dans une phrase conclusive violente et accusatrice : « Ainsi se tenait devant cesbourgeois épanouis un demi-siècle de servitude.

» II.

L'art-confession. En fait, à travers son interprétation de la réalité, l'artiste livre beaucoup de lui-même.

Comme le dit R.

Huyghe :«L'art est un des rares moyens dont dispose un individu pour rendre perceptible aux autres ce qui le différencied'eux : le monde de rêves, de tourments ou d'obsessions dont il est seul à porter le poids.

» 1.

Sa confession peut être directe.Certaines oeuvres portent le titre de Confessions, celles de Saint-Augustin et celles de J.-J.

Rousseau : les auteursy affirment leur parti-pris d'introspection et de franchise totale.

Mais on petit encore parler de confession directedans les Essais de Montaigne ; ou encore les mémoires (de Saint-Simon, du Cardinal de Retz, de Simone deBeauvoir...) ; les journaux intimes (Stendhal, Gide...) ; les lettres (Mme de Sévigné) ; les autobiographies (Gorki,Jules Vallès...).La poésie semble d'autre part un domaine privilégié pour l'expression des sentiments personnels.

C'est le cas detoute la poésie lyrique : des poètes comme Villon, Ronsard, Du Bellay, les romantiques, Baudelaire, Verlaine,Apollinaire, Eluard, Aragon...

livrent au lecteur leurs joies, leurs peines, leurs obsessions mêmes.

Ainsi Baudelairedéclare, en parlant des Fleurs du Mal : «Dans ce livre atroce, j'ai mis tout mon coeur, tout ma tendresse, toute mareligion (travestie), toute ma haine.

» 2.

Très souvent aussi, la confession est indirecte, cachée sous la fiction.Parfois la signification est très claire : on reconnaît facilement Zola dans le personnage du romancier de Pot-Bouilleet de l'OEuvre, et dans le héros du Docteur Pascal ; on devine aisément Musset sous le masque d'Octave dans lesCaprices de Marianne, ou celui de Lorenzo dans Lorenzaccio.Mais parfois il faut approfondir ri:envie pour découvrir la personnalité présente de son auteur.

Si Flaubert déclare : «Madame Bovary, c'est moi », il est certain que le rapport avec son héroïne ne saurait être qu'indirect.

Racine ferapasser très peu de sa vie personnelle dans son théâtre ; mais on y retrouve partout une vision du monde marquéepar le jansénisme et par ses obsessions personnelles qui contribuent à former son univers théâtral : conflit père/fils ;opposition ombre/lumière ; sentiment de culpabilité.Même un auteur comme Corneille, que l'on voit mal s'épancher lyriquement sur le théâtre, nous livre cependant sadésillusion profonde et son amertume face à la montée de l'absolutisme : le personnage du Roi est d'abord idéalisé ;il est le juge, le médiateur, le réconciliateur (le Cid, Horace, Cinna).

Puis il se dégrade et finit par devenir tyran etcriminel (Attila, Suréna). III.

L'art est de toutes façons interprétation. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer plusieurs oeuvres composées sur un même thème.Au xxe siècle, les mythes grecs ont souvent été repris : OEdipe par Gide, Electre et la Guerre de Troie parGiraudoux, Antigone par J.

Anouilh, l'Orestie dans les Mouches de J.-P.

Sartre...

Mais chacun de ces auteurs y aprojeté ce qui lui tenait à coeur.

Les mythes antiques sont devenus des prétextes : à travers eux, Giraudoux dit sonhorreur de la guerre ; J.-P.

Sartre montre que chaque homme doit assumer ses actes...Lorsque c'est l'histoire qui fournit le sujet de l'oeuvre, le phénomène d'interprétation est encore plus net.

On peut enjuger, par exemple, par les différentes façons de voir le personnage de Jeanne d'Arc chez Michelet (Jeanne d'Arc);Péguy (le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc); Anouilh (l'Alouette); Shaw (Jeanne d'Arc); Brecht (les Visions deSimone Machard et Sainte Jeanne des abattoirs).De même, la révolution française a pu donner lieu à des interprétations très différentes suivant les options politiquesdes créateurs : Michelet (la Révolution française); Hugo (Quatre vingt treize); Büchner (La mort de Danton); Balzac(les Chouans); ou, plus près de nous, les spectacles du Théâtre du Soleil (1789-1793).Enfin, pour livrer au lecteur sa vision du réel, l'écrivain recourt souvent à des métaphores, à des symboles quiservent de révélateurs à ses obsessions, à ses fantasmes, exprimés indirectement-: ainsi, dans l'univers de Racine,la mer est le symbole d'une évasion impossible hors de l'espace tragique (Andromaque; Bajazet; Phèdre).

Baudelairevoit dans l'albatros le symbole douloureux du poète incompris.

Zola utilise fréquemment la métaphore pour donner vieà un objet qui cristallise réciproquement son propre imaginaire : l'alambic de l'Assommoir devient une sorte demonstre crachant un liquide brûlant ; la locomotive de la Bête humaine est tantôt une femme docile et tantôt unecavale fougueuse... Conclusion On voit donc que l'art est de toutes façons vision subjective de la réalité.

On peut alors se demander ce qui. »

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