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Présence de l'irrationnel

Publié le 15/01/2004

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B. L'aû-delà de la raison * L'irrationnel est présent, non seulement dans ce qui m'est donné, mais aussi dans mes démarches elles-mêmes, dans ma façon d'approcher les choses. La connaissance scientifique elle-même n'opère ses conquêtes que par des « sauts » de l'intuition ou de l'imagination qui bouleversent la logique de la pensée. L'imagination créatrice du poète, la foi du croyant, l'expérience mystique des saints sont vécues comme des expériences irréductibles à toute analyse rationnelle. La pensée rationaliste tente bien d'en rendre compte selon ses propres catégories, et peut même s'efforcer de les réduire à des illusions, mais une expérience vécue, en tant que donné existentiel, ne peut être récusée : seul l'artiste a qualité pour évoquer son expérience de la beauté, seul le croyant peut parler de sa participation au sacré. * Pour Kierkegaard, la foi chrétienne procède d'un véritable saut au-delà de ce que la raison nous enseigne. Ainsi le Post-scriptum aux Miettes philosophiques (1846) montre la difficulté de «devenir un chrétien ». Pour cela, il faut en effet affronter le paradoxe absolu : avec le Christ, l'éternel advient dans le temporel, et le divin s'incarne dans l'humain. L'homme parvenu au « stade religieux » a en Dieu une confiance absolue : à l'image d'Abraham, qui est prêt à égorger son fils Isaac pour obéir à Dieu (mais un bélier est substitué à Isaac au moment du sacrifice), il a « renoncé à sa raison et croit contre la raison ».   CITATIONS : « L'illogique tient si solidement au fond des passions, du langage, de l'art, de la religion, et généralement de tout ce qui confère quelque valeur à la vie, que l'on ne saurait l'en arracher sans par là même gâter ces belles choses irréparablement.

« • L'idée, courageuse et féconde, que la philosophie doit s'efforcer de tout expliquer rationnellement ne doitcependant pas nous amener à croire que tout est raisonnable, que tout ce qui se produit dans le monde est justifié.Il ne s'agit donc pas de sacraliser l'ordre établi ou de légitimer les atrocités de l'histoire, mais d'affirmer que lesévénements historiques n'ont rien de fortuit. LES « FAUX IRRATIONNELS » A.

Origine de la superstition Certains mettent cependant l'accent sur les phénomènes qui semblent échapper au pouvoir explicatif de la raison.Miracles, fantômes et autres phénomènes surnaturels ou paranormaux montreraient les limites des modèlesd'intelligibilité que propose la raison.

Outre que la réalité de ces phénomènes reste souvent à établir de façon claireet distincte, le rejet de la raison auquel conduit leur affirmation se prête paradoxalement à une explication tout àfait rationnelle.Ainsi Spinoza, partisan d'un rationalisme absolu, affirme curieusement que tous les hommes sont par nature sujets àla superstition.

Envisageant tout ce qui nous arrive sous l'angle nécessairement borné de notre individualité, nousavons en effet tendance à considérer leschoses naturelles comme des moyens mis (par Dieu) à notre disposition.

Dès lors, il suffit que s'abatte sur nousquelque malheur pour que nous croyions avoir offensé une divinité dont nous cherchons à apaiser le courroux par devaines pratiques.

Ou bien, face à un avenir incertain, nous voulons voir notre destinée inscrite dans les astres, dansle marc de café ou dans les entrailles des animaux ! B.

Le hasard • Le fait que nous soyons incapables de tout expliquer ne nous per-met nullement de conclure à l'irrationalitéfoncière du monde.

Aussi pouvons-nous considérer comme de « faux irrationnels » les faits qui échappentprovisoirement à notre explication rationnelle sans être par essence et définitivement irréductibles à la raison.• Ainsi le hasard est réputé irrationnel.

Mais l'imprévisible n'est pas l'irrationnel.

Je gagne au Loto ; c'est un « hasard», mais cela ne veut pas dire que les boules qui portent les numéros inscrits sur ma grille ont cessé, le soir du tirage,d'obéir aux lois de la nature.

Cela signifie simplement que personne n'était capable de prévoir les numéros qui allaientêtre tirés.

Pour le mathématicien et philosophe français Antoine Augustin Cournot (1801-1877), le hasard résulted'une interférence entre deux séries causales indépendantes.

La chute d'un pot de fleurs sur la tête d'un passant –que d'aucuns ne manqueront pas d'imputer au hasard – est le point de rencontre de deux chaînes causales (chaînesde causes et d'effets) jusque-là étrangères l'une à l'autre : celle qui a conduit à la chute du pot d'une part, celle quia mené le promeneur sous la fenêtre d'autre part.

Ici, c'est la combinaison des déterminismes qui rend la prévisionimpossible, et non l'absence de lois rationnelles.

Ce qui serait vraiment irrationnel, ce n'est pas le hasard(enchevêtrement inextricable de lois), mais bien plutôt la contingence (absence de loi). PRÉSENCE DE L'IRRATIONNEL A.

Le mystère de l'être • L'irrationnel se révèle pourtant à nous au premier effort de réflexion.

Et d'abord ce postulat que la science obéit àdes lois mathématiques manifeste une sorte d'irrationalité au coeur même des victoires de la raison.

Comment sefait-il que le monde se plie aux lois de notre esprit ? Comment expliquer cet accord entre nos constructionsmentales et le réel ? Il y a là, nous semble-t-il, un mystère, c'est-à-dire quelque chose d'à jamais incompréhensible.Comme le dit Einstein, «ce qu'il y a d'incompréhensible, c'est que le monde soit compréhensible ».

En d'autrestermes, le fait que le monde soit rationnel est lui-même un fait irrationnel !• Mais le fait que le monde soit n'est-il pas déjà irrationnel ? Le philosophe rationaliste le plus convaincu estcontraint de reconnaître qu'il y a au moins un irrationnel : à savoir le fait même de l'être, le fait qu'il y ait quelquechose plutôt que rien.

Comme l'a dit le grand logicien Ludwig Wittgenstein (1889-1951) dans son Tractatus logico-philosophicus (1921), « ce qui est mystique, ce n' est pas comment est le monde mais le fait qu'il est ».

Le commentde l'être, c'est-à-dire l'enchaînement des phénomènes, peut bien être soumis à des lois mathématiques etrationnelles, le simple fait de l'être n'est pas déductible par la raison. B.

L'aû-delà de la raison • L'irrationnel est présent, non seulement dans ce qui m'est donné, mais aussi dans mes démarches elles-mêmes,dans ma façon d'approcher les choses.

La connaissance scientifique elle-même n'opère ses conquêtes que par des «sauts » de l'intuition ou de l'imagination qui bouleversent la logique de la pensée.

L'imagination créatrice du poète, lafoi du croyant, l'expérience mystique des saints sont vécues comme des expériences irréductibles à toute analyserationnelle.

La pensée rationaliste tente bien d'en rendre compte selon ses propres catégories, et peut mêmes'efforcer de les réduire à des illusions, mais une expérience vécue, en tant que donné existentiel, ne peut êtrerécusée : seul l'artiste a qualité pour évoquer son expérience de la beauté, seul le croyant peut parler de saparticipation au sacré.• Pour Kierkegaard, la foi chrétienne procède d'un véritable saut au-delà de ce que la raison nous enseigne.

Ainsi lePost-scriptum aux Miettes philosophiques (1846) montre la difficulté de «devenir un chrétien ».

Pour cela, il faut en. »

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