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Le problème de la mémoire affective ?

Publié le 06/02/2004

Extrait du document

MOI (n. m.) 1. - Désigne le sujet en tant qu'il se pense lui-même. 2. - Idée que se fait de lui-même un individu quelconque. 3. - (Psychan.) Instance de la seconde topique freudienne (opposé au ça et au surmoi), le moi (das Ich) dépend des revendications du ça et des impératifs du surmoi ; il apparaît comme un facteur de liaison des processus psychiques et représente le pôle défensif de la personnalité. MÉMOIRE: 1. - Faculté de se souvenir ; ensemble des fonctions psychiques par lesquelles nous pouvons nous représenter le passé comme passé ; BERGSON distingue la mémoire-habitude qui naît de la répétition d'une action et s'inscrit dans le corps, de la mémoire-souvenir qui, coextensive à la conscience, en retient tous les états au fur et à mesure qu'ils se produisent. 2. - Faculté gén. de conserver de l'information. 3. - Au sens concret, désigne tout ce qui est capable de conserver de l'information, et, en part., les organes des ordinateurs ayant cette fonction. PROBLEME: Toute difficulté théorique ou pratique dont la solution est incertaine. Dans les sciences, question à résoudre à l'aide de la méthode appropriée et des connaissances déjà acquises.

« Critique de la réponse : la difficulté subsiste : s'il est vrai que tout est actuel dans la conscience, il n'est pas vraique tout soit donné sous la forme de présent.

La mémoire est immédiatement affirmation du passé.

Or l'émotion estbien ressentie comme actuelle. On a fait une deuxième objection contre la mémoire affective : l'opposition d'intentionnalité n'est-elle pasinsurmontable pour tout effort d'unification? On ne peut à la fois être tourné vers le passé et vers le présent : c'estune impossibilité existentielle. Cette objection vaut contre toute mémoire, et donc ne vaut pas. Tout souvenir se refait présent, se réalise.

Le propre de n'importe quel souvenir est de revivre.

Tout souvenircommence par une image présente qui est un symbole présent d'une réalité passée.

La mémoire qui s'épanouiteffectue le trajet de retour. Pendant la remémoration, on est détaché de l'actuel et replongé dans le passé auquel on redonne valeur de présentet qui redevient actuel pour la conscience.

Le souvenir affectif est la limite extrême de ce mouvement de retour quin'est qu'ébauché dans la mémoire intellectuelle.

Si l'ambition de la mémoire est de réactualiser le passé, la mémoireaffective est la vraie mémoire.

Cette réponse laisse cependant subsister des difficultés : si le souvenir est revécu,on frôle l'hallucination; si la réactualisation est trop poussée, nous avons affaire à un nouveau souvenir.

L'idéal de lamémoire est de s'arrêter au bon moment dans la réactualisation, car elle doit maintenir une distance entre présentet passé sous peine de disparaître. En résumé, dans sa forme, disent les adversaires de la mémoire affective, le souvenir est la « conduite du passé »,alors que le sentiment est la « conduite du présent ». Dans sa matière, le souvenir n'est pas la même chose que ce dont il est souvenir.

On se souvient d'un objet, d'unesituation, par des symboles de cet objet.

La matière du souvenir n'est pas la matière de ce dont il est souvenir.

Toutemémoire est symbolique.

On se souvient d'une perception par l'image d'une perception.

Il y aura un souvenir desentiment, mais pas de sentiment-souvenir. C Arguments positifs en faveur de la mémoire affective. 1° S'il n'y a pas de mémoire affective, il ne peut plus y avoir évolution des sentiments, car à chaque fois nous enserions au point de départ de notre vie affective.

La conscience affective, qui progresse, c'est un fait,recommencerait toujours à zéro; c'est un argument logique, mais qui n'est pas irréfutable.

Nos sentiments évoluent :mais pour l'expliquer, faut-il admettre qu'il y ait des sentiments-souvenirs, ou ne suffit-il pas d'une habitude? —c'est par l'habitude que nous évoluons; l'affectivité devenue habituelle, c'est le caractère.

L'argument n'est pasvalable. 2° Nos souvenirs sont aptes à éveiller des émotions : le souvenir qui n'entraîne pas d'émotion semble irréel. Réponse : Ce n'est pas le passé qui est émouvant : c'est le fait de le retrouver.

L'émotion est actuelle : le souvenircalme la douleur ; on peut avoir un souvenir heureux, même d'une période malheureuse, à cause du plaisir actuel dusouvenir, quel que soit son contenu.

Cela explique beaucoup d'illusions de la mémoire.

Lorsqu'il paraît y avoirrésurrection du passé affectif, s'il ne s'agit pas d'un sentiment actuel, il s'agit de la résurrection du moi qui avaitéprouvé le sentiment, et non de la résurrection du sentiment lui-même.

Les partisans de la mémoire affectiveparviennent à opposer l'atmosphère présente à l'atmos-phère du souvenir : ce caractère d'étran-geté du souvenir dans le présent les per: suade que c'est vraiment unsouvenir, car il est incompatible avec nos sentiments actuels; si un sentiment revient avec le souvenir, ce doit êtreun sentiment-souvenir, puisqu'il ne s'harmonise pas, puisqu'il est parfois incompatible avec notre sensibilité actuelle. Mais pourquoi un moi ancien serait-il définitivement aboli? Ce n'est pas le sentiment qui revient, c'est, dans lapersonnalité actuelle, la ré-émergence du moi révolu qui a eu ce sentiment. Il est superficiel de dire que la personnalité a totalement changé avec le temps : la personnalité révolue se conservesous le moi actuel; lorsqu'il y a souvenir affectif, pour un instant, on se retrouve tel qu'on était jadis.

Lapersonnalité qu'on croyait disparue et qui a persisté, reparaît : les sentiments qu'elle a éprouvés, et ses imagesreviennent.

La mémoire, c'est l'émergence de la personnalité ancienne; c'est avec ses sentiments et ses imagesd'autrefois, se retrouver tel qu'on était autrefois, car le progrès de la conscience dans la maturation ne s'est pasfait par la disparition totale des personnalités anciennes.

Cependant, ce moi de jadis me paraît étrange à l'heureactuelle : je reconnais que c'est un souvenir. Conclusion. Tous lès exemples de mémoire affective peuvent être expliqués autrement que par la mémoire affective, et plussimplement.

Mais si on ne peut trouve de cas concluant en faveur de la mémoire affective, on ne peut pasdavantage trancher la question de manière décisive : la mémoire affective est indémontrée, mais n'est pas non plus. »

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