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La production de masse et la consommation de masse dans les pays capitalistes après la Seconde Guerre mondiale.

Publié le 26/10/2010

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  • La croissance de l'après-guerre a longtemps témoigné du fait que le capitalisme avait tiré les leçons de la crise de 1929. En effet, en 1929, la crise avait été largement due à l'insuffisance chronique de la demande engendrée par la contradiction entre l'essor de techniques permettant une production de masse à coûts réduits (le taylorisme) et une répartition du revenu qui limitait la consommation aux seules couches privilégiées.

  • Au contraire, il a semblé normal, à partir de 1945, que la production soit consommée par ceux qui la mettaient en oeuvre : les classes favorisées, mais aussi par ceux qui la réalisaient : les salariés. L'essor de la consommation de masse explique la

formidable croissance que le monde capitaliste a alors connue. L'extension du taylorisme, en engendrant une rapide hausse de la productivité, a rendu possible la croissance parallèle du pouvoir d'achat et des profits, nécessaires toutes deux pour la poursuite de l'expansion.

  • Ce modèle de croissance, souvent baptisée de « fordiste « selon le mot d'Antonio Gramsci, n'a pas été fondé seulement sur une évolution conjointe des méthodes de production et des modes de consommation.

De nouveaux compromis sociaux, de nouveaux équilibres politiques se sont instaurés : tout ce qu'on appelle un mode de régulation. L'intervention croissante de l'État dans la vie économique, la concentration des entreprises, la montée en puissance du mouvement syndical ont contribué à limiter les fluctuations économiques en assurant le maintien des prix des revenus.

  • C'est tout ce modèle de croissance qui se heurte aujourd'hui à des difficultés. On constate un épuisement progressif des ressorts qui ont fondé l'expansion fordiste ; les équilibres sociaux sont remis en cause. Cependant, la crise n'est pas une fatalité. Des possibilités existent de contourner les obstacles apparus et de relancer l'expansion.

 

« Les gains de productivité des trente années d'après-guerre sont largement fondés sur l'extension dela taylorisation qui, d'une part, a permis l'essor de la production de masse et, d'autre part, a étépossible grâce au développement de la consommation de masse.

La taylorisation a accru l'efficacitétechnique des équipements, elle a également permis une augmentation de l'intensité du travail.

Elles'est accompagnée d'une extension du travail posté (3 x 8), permettant une utilisation plus intensivedes équipements. L'extension de ces procédés est aujourd'hui de plus en plus difficile, parce qu'ils sont déjà trèsrépandus et parce qu'ils se heurtent à une résistance de plus en plus forte de la part des travailleurs,qui refusent de payer le droit à la consommation au prix d'un travail pénible et d'un contenuinintéressant.

Le développement de l'absentéisme et du turn-over, même s'il est réduit aujourd'huipar la peur du chômage, révèle l'ampleur du phénomène. La crise du travail est intimement liée au second phénomène qui vient remettre en cause lacroissance fordiste.: la saturation des besoins de consommation. B.

La crise de la consommation On observe depuis le début des années soixante-dix une transformation dans le mode deconsommation qui ne joue plus le rôle de moteur de la croissance qu'il avait antérieurement.

Onconstate une stagnation relative de la consommation des biens durables.

L'équipement des couchessalariées moyennes et supérieures sur lequel avait été fondée la croissance est, dans l'ensemble,réalisé.

Le système se montre pour l'instant incapable de créer de nouveaux marchés pour ces biens(pas d'extension de la consommation de masse aux pays du tiers monde, sauf exception).

Les biensnouveaux apparus plus récemment — congélateurs, lave-vaisselle, magnétoscopes — ne sont paspour l'instant susceptibles de jouer le rôle moteur qui a pu être celui de l'automobile dans la périodeantérieure. La crise de la consommation réagit en retour sur la crise du travail.

En effet, un nouveau produit, c'estaussi une nouvelle activité industrielle dans laquelle peuvent être réalisés progressivement des gainsde productivité qui profitent à l'ensemble de l'activité économique.

En outre, l'absence de nouveauxbiens de consommation aussi attractifs que l'automobile fait apparaître comme de plus en plusexorbitants les efforts imposés par les normes de travail tayloriennes. Les fondements de la croissance des pays capitalistes des trente années d'après-guerre paraissentdonc rencontrer de sérieux obstacles.

On ne peut cependant, au-delà des difficultés actuelles, écarterl'émergence d'un nouveau fordisme. Deuxième partie : vers un nouveau fordisme ? Comme nous l'avions vu en introduction, le fordisme n'est pas seulement fondé sur le développementconjoint de la production et de la consommation de masse.

C'est aussi un mode de régulation socialespécifique.

Or, aujourd'hui, la crise provoque un abandon des compromis sociaux sur lesquels étaitfondé le rapport salarial fordiste.

Pourtant, la sortie de la crise ne sera pas trouvée dans un retour enarrière, mais dans la construction de nouveaux rapports sociaux, construction que peut favoriserl'émergence des nouvelles technologies. A.

La crise du mode de régulation sociale 1) La remise en cause de l'État-providence L'intervention croissante de l'État dans la vie économique qui avait accompagné ledéveloppement du fordisme est aujourd'hui remise en cause du fait de l'incapacité des politiqueskeynésiennes à mettre un terme à la crise.

Depuis 1973, l'inflation qui était jusque-là considéréecomme le prix à payer pour maintenir une forte croissance s'est accélérée alors que le rythme del'expansion régressait.

D'où le néologisme « stagflation » employé pour désigner la conjonctureactuelle, mélange de stagnation et d'inflation. Il en résulte un renouveau des idées libérales.

Puisque les méthodes utilisées après 1929 nefonctionnent plus, on revient à celles qui les ont précédées.

La démarche intellectuelle peutparaître curieuse quand on sait la faillite qu'a connue la théorie libérale à cette époque.

Elledispense tout au moins de faire preuve d'imagination. Le développement des politiques classiques de lutte contre l'inflation fondées sur l'austérités'inscrit dans cette logique.

D'où l'accélération du développement du chômage lié auralentissement de l'activité économique, elle-même due à la chute de la consommation.

Il enrésulte paradoxalement, à l'heure de la saturation des besoins, un développement de lapauvreté dans les pays riches.. »

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