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De Profundis de Wilde

Publié le 06/04/2013

Extrait du document

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Dans une longue lettre écrite en prison, !'écrivain Oscar Wilde noue les fils de son drame, tout en faisant le réquisitoire de la superficialité.

Le Portrait de Dorian Gray, qui rendit Oscar Wilde célèbre, est une variation sur l'incompatibilité entre l'art et la vie. L' hymne au plaisir qui l'habite se trouve à l'opposé des préoccupations de De profundis (publié posthume en 1905).

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« « Il me semble que l'amour, de quelque genre qu'il soit, est la seule explication possible de la somme extraordinaire de souffrance qu'il y a au monde.» « Pour nous, la prison fait d'un homme un paria.» EXTRAITS ~~~~~~~~ Oscar Wilde fait le réquisitoire de ce qu'il fut Je m'amusai à être flâneur, dandy, homme à la mode.

Je m'entourai de petits carac- tères et d'esprits mesquins.

Je devins le prodigue de mon propre génie et }'éprouvais une joie bizarre à gâcher une éternelle jeu­ nesse.

Las d'être sur les hauteurs,je descendis déli­ bérément dans les profon­ deurs, à la recherche de sensations nouvelles.

Ce qu 'était pour moi le para­ doxe dans la sphère de la pensée, la perversité le fut dans la sphère de la pas­ sion.

Le désir , à la fin, fut une maladie, ou une folie, ou tous les deux .

Je devins insouciant de la vie des autres.

Je pris mon plaisir où il me plut et passait.

.

, J'oubliai que chaque menue action quoti- dienne forme ou déforme le caractère et que, par conséquent, ce qu'on a fait dans le secret du cabinet, on devra quelque jour le crier sur les toits.

Je cessai d'être maître de moi-même.

( ...

)Je permis au plaisir de me dominer.

Il se souvient de la haine de « Bosie » pour so n père Mais vous avez eu, comme moi, dans votre vie, une tragédie terrible, bien que d'un caractère entièrement opposé à la mienne.

Voulez-vous savoir laquelle ? C'est qu'en vous la haine fut toujours plus forte que l'amour.

Votre haine de votre père était d'une telle stature qu'elle dépassait, ren­ versait et éclipsait entièrement votre amour pour moi.

Il n'y avait aucune lutte entre eux, ou bien peu, si grandes étaient les dimen­ sions de votre haine et si monstrueuse sa croissance.(.

.

.) La haine aveugle l'homme.

Vous ne vous en doutiez pas.

L'amour peut lire les signes dans les plus lointaines étoiles, mais la haine vous avait à ce point frappé de cécité que vous ne pouviez voir au-delà de l'étroit jardin de vos vulgaires désirs, muré et flétri par les passions .

L'apprentissage de l'humilité de vient la condition de son salut Il me faut accepter franche­ ment le fait d'avoir été le prisonnier ordinaire d'une ordinaire prison, et, si curieux que cela paraisse, il me fau­ dra m'enseigner à moi-même à n'en pas éprouver de honte .

Il me faut l'ac cepter comme un châtimen t, et si l'on est honteux d'avoir été châtié, autant vaudrait ne l'avoir ja­ mais été.

Certes, il y a beau­ coup de choses dont je fus accusé que je n'avais pas co mmises , mais il y en a beau­ coup qu'on me repro cha et que}' avais faites, et un plus grand nombre encore que}' ai co mmises dans ma vie et dont je n'ai jamais été accusé.

Et comme les dieux sont étranges et nous punissent pour ce qui est humain et bon en nous, autant que pour ce qui est mauvais et pervers, je dois accepter le fait qu'on est puni pour le bien autant que pour le mal qu'on a fait.

Traduit de l'anglais par Henry D.

Davray ' ' c; « Regretter les expériences qu'on a connues c'est arrêter son propre développement ; les nier, c'est mettre un mensonge sur les lèvres de sa propre vie.

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Dans sa plus haute incarnation, le génie est celui qui crée pour que soit honoré , aux yeux de tous et à ses propres yeux, le dernier des misérables au cœur du bagne le plus noir.

Pourquoi créer si ce n'es t pour donner un sens à la souffrance, fût-ce en disant qu'elle est inadmissible? La beauté surgit à cet instant des décombres de l'injustice et du mal.

La fin suprême de l'art est alors de confondre les juges, de supprimer toute accusation et de tout justifier, la vie et les hommes, dans une lumière qui n'est celle de la beauté que parce qu'elle est celle de la vérité.

Aucune grande œuvre de génie n 'a jamais été vraiment fondée sur la haine ou le mépris.

En quelque endroit de son cœur, à quelque moment de son histoire , le vrai créateur finit toujours par réconcilier.

Il rejoint alors la commune mesure dans l'étrange banalité où il se définit.

Combien d'artistes qui refu se nt ainsi avec hauteur d'être un homme de peu? Mais ce peu aurait suffi à leur donner le vrai talent, que, sans lui, ils ne peuvent plus atteindre.

Sans lui encore, les voilà esclaves malgré eux, et au-dessous de cette commune mesure qu'ils méprisaient si fort.( ...

) L'art qui refuse la vérité de tous les jours y perd la vie.

» Albert Camus, L' Artiste en prison, Le Livre de Poche, 1988.

1 coll.

part., Archives Snark / Edimédia 2, 3, 4, 5 bois gravés d'Albert Latour , éd.

Kra , Paris, 1927 / B .N.

WILDE03. »

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