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Le progrès de l'humanité se confond-il avec le progrès technique ?

Publié le 28/02/2004

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technique
C'est ce qu'a fait la métaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit. Ce qui relève du corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique. De même en assimilant les animaux à des machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu. Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles. La « philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ». Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science. « S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher. » La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine. Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres & possesseurs de la nature ».
technique

« La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophiepratique ».

« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'onjouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, maisprincipalement aussi pour la conservation de la santé [...] »La nature ne se contemple plus, elle se domine.

Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte àl'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, cellede la technique.

Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peuts'appliquer dans une technique.

La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient unescience appliquée.D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nosartisans ».

Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

Il n'est pasindifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

On connaît comme on agit ou ontransforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action del'homme, dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair.D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit lanature.

La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement,artificiellement la nature.Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement unenature désenchantée est encore le nôtre.Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur dela nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est icidécrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut enfaire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'actionde l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait lamétaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relèvedu corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux àdes machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes estcelle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les taboustouchant la dissection, à tomber.Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de lanature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophiepratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dansce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouverquelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'estdans la médecine qu'on doit le chercher.

»La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et dela médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « commemaîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. Les progrès techniques, en outre, sont étroitement liés à ceux des connaissances humaines.

Comme l'amontré Bachelard, la technique fait progresser la science, et inversement. Certes, il existe entre science & technique une différence de perspective.

Le savant n'est pas le technicien.

Ce dernier se borne à appliquer les résultats de la science.

Celui qui fait la science ne sepréoccupe pas de son application pratique.

Ainsi, par exemple, Einstein a découvert la loi de la conservation de l'énergie « E=MC 2 » et non la bombe atomique.

La recherche d ‘une application précise peut même être un obstacle au progrès du travail du savant.

La science pure est le produit d'une curiosité désintéressé.

Unexemple est celui des fontainiers de Florence qui, constatant que, dans des pompes vides, l'eau ne monte pasà plus de 10,33 mètres, viennent consulter le savant Torricelli .

Si ce dernier avait été technicien, il se serait contenté de donner un conseil simple : prenez une pompe foulante pour amener l'eau à un niveau supérieur.Mais Torricelli cherche à comprendre et se trouve ainsi mis sur la voie des lois de la pression atmosphérique. De son côté, le technicien se heurte souvent à une réalité plus complexe que toute théorie et parfois même rencontre des problèmes que l'état de la science ne permettait pas de prévoir.

Mais ces incompatibilitésentre science & technique n'excluent pas leur interdépendance.

En effet, la technique doit beaucoup à lascience.

Ainsi, par exemple, sans les travaux théoriques de Faraday sur la liquéfaction des gaz, sans lesprogrès de la thermodynamique, il n'y aurait pas de réfrigérateurs.

De même, sans la découverte par Hertz , en 1894, des ondes électromagnétiques dites « hertziennes », il n'y aurait pas toutes les techniques fondées sur l'usage des radio-isotopes dans les domaines aussi divers que la chimie des pétroles ou des matièresplastiques, la métallurgie ou encore la conservation des produits alimentaires. Mais, inversement, la science doit beaucoup à la technique.

Sans matériaux et instruments techniques, de nombreuses découvertes scientifiques n'auraient pas vu le jour.

Ainsi, sans l'invention du verre et donc dutélescope, du microscope, il n'y aurait ni astronomie, ni connaissance de l'infiniment petit.

De même, sansappareils de mesure ou d'observation d'une très haute précision technique comme la chambre noire de Wilson ou l'interféromètre de Michelson & Morley , il n'y aurait eu, en physique, ni le principe d'incertitude de Heisenberg , ni la théorie de la relativité d' Einstein .. »

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