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Les progrès de la science doivent-ils faire disparaitre les mythes ?

Publié le 13/02/2004

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mythes

« Faire disparaître « peut avoir au moins deux sens: réduire à néant ou dérober à la vue (ce qui n'implique pas la fin de toute existence). Doit-on tenir compte de cette distinction dans l'étude de la question posée?

Quels sens l'emploi du verbe «devoir« donne-t-il à la question posée dans l'énoncé? De quelles manières, par conséquent, peut-on interpréter l'action du progrès des sciences sur la mythologie?

Les présupposés du sujet

Où et comment un rapport peut-il s'établir entre les domaines respectifs de la science et des mythes, de telle sorte que la science puisse avoir une action destructrice sur les mythes? Quels sont les besoins et les facultés de l'homme dont procède la connaissance scientifique ?

Thèses en présence

Les progrès de la science ont tué le mythe. A une pensée magique, symbolique n'ayant aucune prise sur le réel, a succédé une pensée rationnelle qui, depuis l'Antiquité grecque, n'a cessé de montrer son efficacité. Mais, sans doute traversons-nous une période de misère spirituelle. Toutefois, l'homme d'aujourd'hui a besoin d'une pensée donnant un sens à tout ce qui échappe à la raison et au progrès scientifique.

Si le mythe propose une représentation unifiée et cohé¬rente du monde sous la forme d'un récit des origines,la science, elle, comme le note François Jacob, « n'opère que localement « : ses réponses sont « partielles et provisoires «. Bien plus, alors quejla science cherche à expliquer rationnellement les phénomènes naturels par des lois mathématiques, le mythe se donne comme un sens à interpréter concernant la situation de l'homme dans l'univers. Chacun atteint ainsi une vérité d'un genre dif-férent, et le mythe n'est pas en ce sens moins vrai que la science : il s'exprime simplement sous forme imagée et donc indirecte, sans que sa signification soit jamais épuisée. À la vérité de l'ordre de l'objectif et du mesurable qu'offre la science, on peut opposer la vérité du mythe, comme manifestation du caractère énigmatique de l'existence et comme recherche de sens.

mythes

« a.

Si le mythe est une manière de s'expliquer symboliquement le monde, il est certain qu'il ne répond pas auxexigences de la raison qui distingue ce qu'il n'a de cesse de confondre.

Penser en effet, c'est identifier à travers descatégories précises, et à ce titre le principe de non-contradiction ne saurait tolérer les licences logiques quimalmènent la stabilité de la signification et de la référence.b.

En outre la fragilité explicative du mythe se signale en ce qu'il pervertit constamment le principe de causalité.

Aumieux, il prend le déterminisme qui parle de nécessité conditionnelle pour un fatalisme qui le transforme en nécessitéaveugle et au pire il invoque des interventions miraculeuses qui violent le principe de régularité des lois naturelles.c.

C'est dire si l'anthropomorphisme dont il fait preuve le conduit à prêter des intentions à la nature là oùl'explication rationnelle ne verrait qu'un système de lois étrangères à des fins.

En d'autres termes, le mythe ne rendpas compte du monde mais bien plutôt de l'impuissance de ceux qui y sont soumis. II.

Le triomphe de la raison a.

Et c'est pourquoi l'emprise des mythes sur les hommes n'a cessé de se relâcher à mesure que les sciences leurfournissaient les explications à mêmes de les libérer de la peur de l'inconnu et du souci de confier à des entitéspersonnifiées le soin de satisfaire leurs aspirations.b.

Mais surtout la raison a eu raison du mythe en ce qu'elle a habitué l'esprit à rendre raison publiquement de sescroyances ou de ses certitudes c'est-à-dire à ne rien affirmer ou à ne rien laisser affirmer qui ne soit exposé auxtests d'une réfutation possible.

Affirmer, ce n'est pas suggérer ou laisser croire mais démontrer.c.

A cet égard le triomphe de la raison paraît définitivement assuré dès lors que les religions elles-mêmes concèdentque les récits fabuleux qu'elles véhiculent ont moins valeur de vérité que valeur métaphorique ou allégorique dont ilconvient de dégager les contenus rationnels pour les rendre non seulement compatibles avec les sciences mais aussiavec les valeurs dont nous nous réclamons. III.

Limites du pouvoir de la raison a.

Pour autant, il serait hasardeux de surestimer le pouvoir de la raison.

Une chose est d'ébranler la crédibilité desmythes, autre chose est de les faire disparaître, car le mythe relève de la croyance c'est-à-dire d'une attitude propositionnelle et si comme Hume le soulignait la raison peut montrer lafausseté d'une proposition elle a peu de pouvoir sur l'attitude qui commande de l'adopter. HUME : LA RAISON EST ÉTRANGÈRE À LA MORALE Malebranche, comme Descartes, voit dans la raison une faculté de bien jugeren général, c'est-à-dire de distinguer tant le bien du mal que le vrai du faux.Mais n'est-ce pas là une conception erronée de la raison ? En effet (comme leremarque ici Hume à propos des passions) la raison étant la faculté deraisonner, c'est-à-dire de combiner logiquement des concepts ou despropositions, elle ne peut se prononcer que sur le vrai et le faux, et non passur le bien et le mal. « Si une passion ne se fonde pas sur une fausse supposition et si ellene choisit pas des moyens impropres à atteindre la fin, l'entendementne peut ni la justifier ni la condamner.

Il n'est pas contraire à la raisonde préférer la destruction du monde entier à une égratignure de mondoigt.

Il n'est pas contraire à la raison que je choisisse de me ruinercomplètement pour prévenir le moindre malaise d'un Indien ou d'unepersonne complètement inconnue de moi.

Il est aussi peu contraire à laraison de préférer à mon plus grand bien propre un bien reconnumoindre.

Un bien banal peut, en raison de certaines circonstances,produire un désir supérieur à celui qui naît du plaisir le plus grand et leplus estimable ; et il n'y a là rien de plus extraordinaire que de voir, enmécanique, un poids d'une livre en soulever un autre de cent livres grâce à l'avantage de sa situation.

Bref, une passion doit s'accompagner de quelque faux jugement pourêtre déraisonnable ; même alors ce n'est pas la passion qui est déraisonnable, c'est le jugement.

» ordre des idées 1) Thèse centrale : la raison ne peut juger une passion par elle-même, en tant que fait, mais seulement lesjugements qui accompagnent (éventuellement) cette passion, comme- la supposition de l'existence d'objets qui n'existent pas en réalité (par ex.

une peur fondée surquelque chose qui n'existe pas). - le choix de moyens pour atteindre un but projeté, pour satisfaire la passion (par ex.

l'emploi de talismans pourgagner au jeu). 2) Deux exemples illustrent cette thèse.

La raison n'a rien à dire- sur le fait que je décide de me ruiner pour quelqu'un que je ne connais pas ;. »

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