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Puis-je choisir mon identité ?

Publié le 31/07/2005

Extrait du document

 

L’action désignée par le verbe choisir est celle qui consiste à adopter une chose de préférence à une autre, à sélectionner quelque chose plutôt qu’une autre en fonction d’un jugement préalable, d’un calcul rationnel, qui la désigne comme meilleure, ou tout du moins préférable.

 

La question qui nous est posée nous invite à nous interroger sur la possibilité d’un choix libre du sujet, autonome, consistant à donner lui-même une définition de son identité, et à l’incarner ensuite dans le monde. Il semble qu’une telle possibilité ne lui appartienne nullement, à première vue, dans la mesure où l’identité n’est pas susceptible d’être réifiée et obtenue à la manière d’un objet. Cependant, est-ce à dire que notre identité est déterminée par autrui, par les circonstances extérieures, de sorte que nous ne soyons susceptibles que de développer ce que nous sommes en puissance, et privés de la possibilité de décider de nous-mêmes ?

 

Le problème au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si nous avons la capacité de décider de notre identité et de l’incarner, ou si cette dernière ne nous est pas, en partie, ou totalement, imposée par des agents qu’il s’agira pour nous d’identifier.

 

« « C'est dans le sein de la mère que se fabriquent les organes qui doivent nous rendre susceptibles de telleou telle fantaisie, les premiers objets représentés, les premiers discours entendus achèvent de déterminerle ressort ; les gouts se forment, et rien au monde ne peut plus les détruire ».

Une telle conception implique que l'identité ne peut faire l'objet d'un choix, mais qu'elle est entièrement déterminéepar la toute puissante influence de nos organes, déterminisme organique que vient renforcer, ancrer toujours plusprofondément, le déterminisme expérientiel.

II.

Je peux faire le choix de mon identité et en changer complètement en fonction d'un libre décret de ma volonté a.

L'homme choisit son identité… Néanmoins, nous remettrons en question ici la thèse selon laquelle il existe un déterminisme organique renforcé parun déterminisme expérientiel.

En effet, un penseur comme Sartre répondrait qu'il ne s'agit pas d'un déterminismeobjectif, c'est-à-dire de puissances réellement contraignantes contre la puissance desquelles l'individu n'aurait pasle loisir de lutter, mais d'un déterminisme purement subjectif, qui fait en vérité l'objet d'un choix par l'individu.

C'estce dernier en effet qui choisit de croire qu'il est déterminé à agir d'une certaine manière pour suivre les penchantsprétendument tout puissants d'organes soi disant autoritaires.

En vérité, pour Sartre, l'homme peut choisir sonidentité, car il est libre de se donner un projet et d'agir pour le réaliser.

C'est parce que l'existence précèdel'essence, pour reprendre la célèbre formule sartrienne, que l'homme peut choisir son identité : « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Celasignifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde,et qu'il se définit après.

L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'iln'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

Il ne sera qu'ensuite,et tel qu'il se sera fait ».

L'existentialisme est un humanisme , p.

29. Une philosophie existentialiste se définit par le fait qu'elle pose l'existenceavant l'essence et de la sorte définit la condition humaine.

Les objetsmatériels dérivent d'un concept, répondent à une finalité — ce à quoil'objet va servir — et à un ensemble de règles techniques.

Pour toutustensile, l'essence précède l'existence, et son existence ne vaut quedans la mesure où elle réalise l'essence, c'est-à-dire par rapport à l'idéequi a permis de la concevoir et de la produire.

Dans la théologietraditionnelle, on voit en Dieu une sorte d'artisan supérieur qui a créé lemonde et les hommes à partir d'une idée, d'un projet.

Lorsque Dieu crée, ilsait au préalable ce qu'il crée.

Chaque individu réalise un certain conceptcontenu dans l'entendement divin.

Au xviiie siècle, au concept de Dieu a succédé le concept de nature humaine, chaque homme étant un exemplaire particulier d'un concept universel :l'Homme.

Du point de vue de l'idée ou de l'essence, c'est-à-dire dans le fond, tous les hommes sont semblables,quels que soient leur culture, leur époque ou leur statut social.

Pour l'existentialisme athée tel que l'a penséSartre, Dieu n'existe pas, il n'y a pas d'origine unique au monde, ni de référent suprême.

Il y a un donné d'origine: la réalité humaine, soit des individus qui d'abord existent avant de se définir par concepts.

On surgit dans lemonde et l'on se pense ensuite.

Si l'homme est a priori indéfinissable, c'est qu'a priori il n'est rien tant qu'il nes'est pas fait lui-même par un engagement dans le monde : "L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait." b.

… et la réajuste en fonction des circonstances et de sa volonté propre Cependant, la thèse du projet sartrien ne nous empêcherait-elle pas de penser le changement complet décidé etvoulu par l'homme ? En effet, dès lors que l'individu a décidé d'incarner un projet, d'agir dans le but de sa réalisation,ce projet ne représente-t-il pas une sorte d'essence choisie dont l'homme n'est pas capable de se défaire ? En cesens, l'individu ne pourrait choisir son identité, au sens où il ne pourrait que la définir une fois pour toutes, et jamaisla modifier ensuite.

Sartre répond à cette objection dans l'Etre et le Néant en disant que le projet est susceptible. »

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