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Puis-je faire confiance à mes sens ?

Publié le 17/03/2004

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b) C'est Kant qui se chargera de répondre à Hume. Kant pense que pour tirer des expériences qui nous sont données par les sens quelques lois nécessaires et ainsi parvenir à une véritable connaissance du réel, il faut qu'intervienne l'entendement. C'est ce qui se produit en science physique où les données de l'expérience sont confrontées aux concepts purs de l'entendement et traduites par ces derniers. Pour passer de l'observation à la découverte de la vérité, il faut l'initiative de la pensée, il faut que les données des sens concordent avec les plans de l'esprit. Les sens ne suffisent donc pas à eux seuls. Les sens nous font parvenir les objets extérieurs sans lesquels il n'y aurait pas de connaissance du tout, mais si quelque chose frappe nos sens, encore faut-il qu'autre chose intervienne pour aboutir à une connaissance vraie. Comme l'écrit Kant : « les observations faites au hasard, sans un plan préalablement conçu, ne peuvent tenir ensemble dans une loi nécessaire « (Critique de la raison pure, préface de la seconde édition).

c) Si donc les sens sont un point de départ, encore faut-il les lier intelligemment à la raison pour qu'on puisse leur faire confiance. Une confiance absolue dans les sens serait aussi illusoire qu'un refus total de se fier à eux. La connaissance de la réalité doit se faire par le biais de la sensation ainsi que par celui de l'entendement.

 

1 Qu'est-ce qui est présupposé par le fait de demander si l'on peut avoir confiance ? 2 - Donnez des exemples montrant que cette confiance peut être déçue. 3 - À quel propos la confiance dans les sens serait-elle souhaitable ? 4 - Cette question se pose-t-elle de la même façon pour les cinq sens ? 5 - Qu'attendons-nous de l'usage de nos sens ?

 

    Question tellement classique qu'il faudra s'efforcer de rédiger une copie échappant à la banalité : c'est pourquoi on ne s'en tiendra pas à une critique traditionnelle de la perception, même si l'on est obligé d'en faire état.

    Bien préciser dans quel but (pour quoi faire) il s'agirait de « faire confiance « : il est possible de différencier des situations (connaissance pratique, vie quotidienne, exigence scientifique) pour lesquelles les critères selon lesquels on fera ou non confiance peuvent être eux-mêmes différents.

    Dans ce cas, la réponse à la question ne peut être globale ou univoque.

 

« mais qu'il faut s'en détacher pour accéder à la vérité du réel, car cela ne peut se faire que par l'usage de la raison. Transition : Toutefois, concevoir un monde idéal accessible uniquement par la raison, n'est-ce pas courir le risque de se perdre dans la raison ? Il est nécessaire de renouer avec les sens. 2. a) Comme le notera Aristote, la doctrine platonicienne pose en fait plus deproblèmes qu'elle n'en résout car elle opère un inutile dédoublement du réel.Avec Platon, non seulement il nous faut rendre compte du monde sensible,mais qui plus est, il faut encore rendre compte du monde intelligible ainsi quedu lien qu'entretient le monde intelligible avec le monde sensible.

Pourrésoudre un problème, Platon en soulève trois.

Ainsi Aristote est-il justifiélorsqu'il avance que : dire « que les Idées sont des paradigmes et que lesautres choses participent d'elles, c'est se payer de mots vides de sens etfaire des métaphores poétiques.

Où travaille-t-on en contemplant les Idées ? » (Aristote , Métaphysique , A, 9, 991a20-23) Platon semble se prendre aux pièges du langage par lequel il invente un « monde des Idées » qui ressembleplutôt à un « monde de mots ».

Fort de cette critique, Aristote va donc fairele pari de comprendre la réalité à partir de la sensation. b) Aristote part d'un constat : « Tous les hommes désirent naturellementsavoir ; ce qui le montre, c'est le plaisir causé par les sensations, car, endehors même de leur utilité, elles nous plaisent par elles-mêmes.

»(Métaphysique , A, 1, 980a21-23) D'autre part, la sensation est définie par lui comme étant une « puissance innée de discrimination » ( Seconds analytiques , II, 19, 99b35) et comme, par ailleurs, « la nature ne fait rien en vain »(Politiques , I, 2, 1253a), il n'est pas concevable que la nature ait cherché à nous tromper en nous donnant les sens.

De tout cela nous pouvons conclure que nous pouvons faire confiance auxsens.

En effet, les sensations procurent du plaisir et ce plaisir est celui de « discriminer ».

Par là nous pouvons endéduire que les sens sont faits pour que nous connaissions le réel.

De cela il découle que nous pouvons faireconfiance à nos sens qui sont les moyens de connaissance que la nature nous a procurée. c) Nos sens nous permettent par ailleurs de retrouver l'intelligible.

Pour cela, il convient de partir des sens et des'élever à l'universel.

Il faut donc retrouver ce qui est commun aux multiples objets accessibles par les sens.Contrairement à Platon, pour qui il existe un monde intelligible séparé du monde sensible, Aristote considère quel'universel est ce qui est intelligible dans les choses.

L'intelligible est donc pour lui ce qui est commun à toutes leschoses sensibles, mais on ne peut le connaître qu'en mettant en commun toutes les sensations, car il n'existe pasen dehors d'elles.

Nous sommes donc bien obligé de faire confiance à nos sens, même si le but final est l'usage denotre intellect. Transition : Cependant, cette puissance de connaissance accordée au sens ne doit-elle pas être pondérée ? Les sens doivent se soumettre aux critères de l'objectivité. 3. a) La thèse aristotélicienne selon laquelle nous devons mettre en commun les sensations et nous élever ainsi petit àpetit à l'universel prête le flanc à une critique.

Cette critique est celle que formule Hume et d'après qui on ne peuttirer de rapports de causalités de la simple expérience sensible.

Il étaye cette critique d'un exemple : les hommes,constatant que le soleil s'est jusqu'à présent levé tous les matins, en déduisent que le soleil se lèvera tous lesmatins.

D'une multiplicité de répétitions, ils passent ainsi à un jugement à caractère universel.

Mais en réalité, rienne prouve que, parce que jusqu'à maintenant le soleil s'est levé tous les matins, il soit nécessaire qu'il se lève tousles matins.

Les hommes confondent en fait l'habitude (ou la répétition) et les lois de la nature.

Ainsi peut-il en êtrechaque fois que l'on passe des perceptions des sens à une dimension universelle, comme le préconise Aristote.

Onpeut dès lors considérer que la méthode aristotélicienne n'est pas très fiable car, pour ce qu'il en est de la réalité etde la vérité, elle ne fait qu'avaliser des habitudes, et non établir des relations nécessaires.. »

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