Quand on aime, sait-on pourquoi?
Publié le 26/02/2005
Extrait du document
«
sexuel grâce auquel la nature pourvoit à la conservation de chaque espèce.
Or la raison, une fois éveillée, ne tardapas non plus à manifester, ici aussi, son influence.
L'homme ne tarda pas à comprendre que l'excitation sexuelle, quichez les animaux repose seulement sur une impulsion passagère et le plus souvent périodique, était susceptible chezlui d'être prolongée et même augmentée sous l'effet de l'imagination qui exerce son action, avec d'autant plus demesure sans doute, mais aussi de façon d'autant plus durable et d'autant plus uniforme, que l'objet est davantagesoustrait aux sens; et il comprit également que cela préservait de la satiété qu'entraîne avec soi la satisfaction d'undésir purement animal.
La feuille de figuier fut donc le résultat d'une manifestation de la raison bien plus importanteque celle dont elle avait fait preuve lors de la première étape de son développement.
Car rendre une inclination plusintense et plus durable, du fait que l'on soustrait son objet au sens, manifeste déjà la conscience d'une dominationde la raison à l'égard des impulsions, et non plus seulement, comme à la première étape, un pouvoir de les servir àplus ou moins grande échelle.
Le refus fut l'artifice qui conduisit l'homme des attraits simplement sensuels auxattraits idéaux, et, peu à peu, du désir simplement animal à l'amour (...).
KANT
3) En cela, Platon a pu donner à l'amour une place centrale dans l'activité philosophique, puisque ce dernier désigne une visée marquéepar le sensible et l'ignorance mais qui tend à progresser vers une contemplation désintéressée.
« Celui qu'on aura guidé jusqu'ici sur le chemin de l'amour, après avoir contemplé les belles choses dans une gradation régulière, arrivant au termesuprême, verra soudain une beauté d'une nature merveilleuse, beauté éternelle, qui ne connaît ni la naissance ni la mort, qui ne souffre niaccroissement ni diminution, beauté qui n'est point belle par un côté, laide par un autre, belle en un temps, laide en un autre, belle sous un rapport,laide sous un autre, belle en tel lieu, laide en tel autre, belle pour ceux-ci, laide pour ceux-là ; beauté qui ne se présentera pas à ses yeux comme unvisage, ni comme des mains, ni comme une forme corporelle, ni comme un raisonnement, ni comme une science, [...] la vraie voie de l'amour, qu'ons'y engage de soi-même ou qu'on s'y laisse conduire, c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelleen passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux bellessciences, pour aboutir des sciences à cette science qui n'est autre chose que la science de la beauté absolue et pour connaître enfin le beau telqu'il est en soi." Platon
Il n'y a pas de dieu qui s'occupe à philosopher, ni qui ait envie d'acquérir le savoir (car il le possède), et pasdavantage quiconque d'autre possédera le savoir ne s'occupera à philosopher.
Mais, de leur côté, les ignorants nes'occupent pas non plus à philosopher et ils n'ont pas envie d'acquérir le savoir ; car c'est essentiellement lemalheur de l'ignorance, que tel qui n'est ni beau, ni bon, ni intelligent non plus, s'imagine l'être autant qu'il faut.
Celuiqui ne pense pas être dépourvu n'a donc pas le désir de ce dont il ne croit pas avoir besoin d'être pourvu.
—Dansces conditions, quels sont, Diotime, ceux qui s'occupent à philosopher, puisque ce ne sont ni les savants, ni lesignorants ? — Voilà qui est clair, répondit-elle, un enfant même à présent le verrait : ce sont les intermédiaires entrel'une et l'autre espèce, et l'Amour est l'un d'eux.
Car la science, sans nul doute, est parmi les choses les plusbelles ; or l'Amour a le beau pour objet de son son amour ; par suite il est nécessaire que l'Amour soit philosophe et,en tant que philosophe, intermédiaire entre le savant et l'ignorant.
Mais ce qui a fait aussi qu'il possède ces qualités,c'est sa naissance : son père est savant et riche d'expédients, tandis que sa mère, qui n'est point savante, en estdénuée.
Voilà quelle est en somme, cher Socrate, la nature de ce démon.
PLATON
Conclusion : Si l'amour reste une affection et ne semble pas relever du champ de la connaissance rationnelle, il reste cependant distinct du besoin et du désir, qui visent une consommation, un rapport égoïste à l'objet et unereprésentation largement fantasmée.
L'amour, par son aspect désintéressé a à voir avec l'activité de laconnaissance sans pour autant s'y réduire.
Il est en cela exemplaire de cet élan de l'homme vers la connaissanceelle-même, élan qui le porte du sensible et de l'ignorance vers une contemplation désintéressée.
Le véritable amourest ainsi action, effort pour se libérer de la dimension asservissante et égoïste de notre dimension passionnelle..
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