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QUAND NOUS PERCEVONS, COMMENT SAVONS-NOUS QUE NOUS NE RÊVONS PAS ?

Publié le 15/03/2004

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Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui distingue la perception de la sensation ? On peut penser, avec Alain, que la perception est une « interprétation » des sensations. Elle est donc déjà une « fonction d'entendement ».   ALAIN, La passion et la sagesse. « On soutient communément que c'est le toucher qui nous instruit, et par constatation pure et simple, sans aucune interprétation. Mais il n'en est rien. Je ne touche pas ce dé cubique, Non. Je touche successivement des arêtes, des pointes, des plans durs et lisses, et réunissant toutes ces apparences en un seul objet, je juge que cet objet est cubique. Exercez-vous sur d'autres exemples, car cette analyse conduit fort loin, et il importe de bien assurer ses premiers pas. Au surplus, il est assez clair que je ne puis pas constater comme un fait donné à mes sens que ce dé cubique et dur est en même temps blanc de partout, et jamais les faces visibles ne sont colorées de même en même temps.

La question est posée de telle sorte que l'on ne peut répondre par oui ou par non. L'argumentation ne peut donc pas progresser selon le schéma classique, thèse et antithèse, mais plutôt selon une sélection de plus en affinée des critères de distinction entre percevoir et rêver. La perception et le rêve ne s'opposent pas ici en tant que l'une se déploierait le jour et l'autre la nuit. Mais en tant que l'une nous met en contact avec le réel et l'autre avec l'imaginaire, qu'il soit diurne ou nocturne, cohérent ou absurde. Cela reprend le sens des expressions familières : « Dis-moi que je rêve ! «, ou « on croit rêver ! «, etc. La question est formulée avec le pronom « nous « qui englobe toute la collectivité humaine. Cela a son importance pour le choix des critères et pour éviter de se concentrer sur le cas particulier des paranoïaques ou des malades mentaux. À l'inverse, cela permet de prendre des exemples dans tout type de perception : celle des aveugles, par exemple, ou des sourds et muets.

« Le rêve est un argument pour cela, puisqu'il témoigne de situations où je crois évoluer dans un monde qui m'entoure,avec d'autres hommes, en train d'accomplir telles action, etc., alors qu'il n'en est rien. Il faut donc comprendre que si la question se pose, si effectivement je peux être trompé lorsque je perçois, s'il peutpotentiellement s'agir d'un rêve lorsque je crois percevoir des choses extérieures, c'est à cause du statut de laperception.

Le rêve semble nous montrer qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait réellement des objets extérieurs à nouspour que nous en voyions. Et deuxièmement, on peut d'une manière générale estimer que même lorsqu'on perçoit des objets extérieurs, ce nesont peut-être toujours que des images de ces objets que nous percevons, et jamais les objets eux-mêmes. Peut-être alors qu'au simple niveau de la perception, je ne peux pas savoir si je rêve ou pas. b) le doute est permis En constatant que les perceptions lors des rêves sont du même ordre que les perceptions en état de veille,puisqu'en effet on peut effectivement croire qu'on est éveillé alors qu'on dort, peut-on réellement « savoir », quandon perçoit, qu'on ne dort pas ? Il est possible d'en douter. DESCARTES, Méditations métaphysiques , Première Méditation. « Combien de fois m'est-il arrivé de songer, la nuit, que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu, quoique je fusse tout nudans mon lit ? Il me semble bien à présent que ce n'est pas point avec desyeux endormis que je regarde ce papier ; que cette tête que je remue n'estpoint assoupie ; que c'est avec dessein et de propos délibérés que j'étendscette main, et que je la sens : ce qui arrive dans le sommeil ne semble pointsi clair ni si distinct que tout ceci.

Mais, en y pensant soigneusement, je meressouviens d'avoir été souvent trompé, par de semblables illusions.

Etm'arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a pointd'indices concluants, ni de marques assez certaines par où l'on puissedistinguer nettement la veille d'avec le sommeil, que j'en suis tout étonné ; etmon étonnement est tel, qu'il est presque capable de me persuader que jedors.

» Descartes note bien que l'état de veille est en effet plus clair que le rêve,dont les perceptions sont moins distinctes.

Toutefois, dans la première de ses« Méditations métaphysiques », il ne voit pas « d'indices concluants »permettant de savoir qu'on ne rêve pas lorsqu'on perçoit. TRANSITION : Toutefois la perception peut-elle être réduite au fait que des images se présentent à l'esprit ? En faisant cela, il serait alors même impossible de distinguer sensation etimagination.

Ne peut-on pas en fait « savoir » que tel objet est perçu, tandis que tel autre est imaginé, comme lorsd'un rêve ? DEUXIEME PARTIE : La contribution de l'entendement a) Sensation et perception Il ne faut pas confondre sensation est perception.

Un objet vu est-il un objet perçu ? Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui distingue la perception de la sensation ?On peut penser, avec Alain, que la perception est une « interprétation » des sensations.

Elle est donc déjà une« fonction d'entendement ».

ALAIN, La passion et la sagesse . « On soutient communément que c'est le toucher qui nous instruit, et par constatation pure et simple, sans aucune interprétation.

Mais il n'en est rien.

Je ne touche pas ce dé cubique, Non.

Je touche successivement desarêtes, des pointes, des plans durs et lisses, et réunissant toutes ces apparences en un seul objet, je juge que cetobjet est cubique.

Exercez-vous sur d'autres exemples, car cette analyse conduit fort loin, et il importe de bienassurer ses premiers pas.

Au surplus, il est assez clair que je ne puis pas constater comme un fait donné à mes sensque ce dé cubique et dur est en même temps blanc de partout, et jamais les faces visibles ne sont colorées demême en même temps.

Mais pourtant c'est un cube que je vois, à faces égales, et toutes également blanches, Et jevois cette même chose que je touche, Platon, dans son Théétète, demandait par quel sens je connais l'union desperceptions des différents sens en un objet. Revenons à ce dé.

Je reconnais six taches noires sur une des faces, On ne fera pas difficulté d'admettre que c'est là une opération d'entendement, dont les sens fournissent seulement la matière.

Il est clair que, parcourantces taches noires, et retenant l'ordre et la place de chacune, je forme enfin, et non sans peine au commencement,l'idée qu'elles sont six, c'est-à-dire deux fois trois, qui font cinq et un.

Apercevez-vous la ressemblance entre cette. »

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