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Quel rôle joue la contradiction dans les sciences ?

Publié le 30/01/2004

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Karl Popper dans Conjectures et réfutations sur le caractère réfutable de la science comme caractéristique de sa scientificité montre que toute théorie, pour être scientifique, doit être réfutable, c'est-à-dire que son énoncé doit être de telle sorte qu'on puisse le tester, le mettre à l'épreuve de l'expérience. Quel est le caractère logique et rigoureux d'une démonstration scientifique ? Quelle est l'importance du principe de non-contradiction ? La contradiction en ce sens signifierait erreur et annulation. Mais justement la différence entre science (expérimentale) et mathématiques pures, c'est que dans les mathématiques le principe de non-contradiction est un processus mécanique et spontané (la démonstration s'arrête avec la contradiction), alors que dans la science elle n'est identifiée qu'après coup (la théorie doit être confrontée à l'expérience qui est véritablement l'instance de validation d'un énoncé scientifique). La contradiction ne joue donc pas le même rôle dans toutes les sciences. Quels sont les rapports entre la contradiction dans la science et dans la dialectique ? Contredire, est-ce réfuter, condamner une théorie ? Ou la contradiction, comme dans la dialectique, peut-elle participer au processus d'établissement de la théorie ?

« terme ou la même proposition dans un même temps : « Il est impossible qu'un même attribut appartienne etn'appartienne pas en même temps et sous le même rapport à une même chose » ( Aristote , Métaphysique , 1005 b 19-20).

Assurément, une chose peut être blanche aujourd'hui ou d'une autre couleur demain.

De même,cette chose est plus grande ou plus petite qu'une autre à un moment donné.

Mais, il est impossible que cesdéterminations apparaissent simultanément et s'appliquent du même point de vue à cette chose, c'est-à-diresous un même rapport.

Impossible donc qu'à la fois une chose soit et ne soit pas.

Or, ce principe decontradiction qu'expose Aristote semble être le fondement même, le point de départ, ou encore la condition depossibilité de toute discipline en tant que celle-ci a vocation de science.

On comprend alors, dans cetteperspective, à quel point le terme de contradiction est exclusif de la science : il est ce contre quoi la sciencedoit se constituer comme science.

C'est pour cette raison qu'Aristote pose ce principe comme un nécessitéabsolue à valeur d'axiome : il est en effet une vérité première qui rend possible la démonstration de toutes lesautres vérités ; mais lui-même, en tant que tel, ne peut être déduit en vertu de sa simplicité et de soncaractère premier (c'est précisément la définition d'un axiome).

Comprenons donc que le principe decontradiction est ce à partir de quoi toute discipline à vocation scientifique se constitue : il est en quelquesorte un garde-fou pour toute science.

Qu'est-ce qu'un système scientifique qui se contredirait en sonintériorité même ? Il serait tout sauf une véritable science exacte et rigoureuse.

Il faut donc bien comprendreque le rôle que joue la contradiction dans les sciences n'est autre que celui, en tant qu'axiome, de garde-fou :il vient délimiter négativement (puisqu'il énonce ce qu'elles ne peuvent pas faire – à savoir se contredire) lechamp et la validité des sciences elles-mêmes.Mais ce rôle de la contradiction ainsi défini n'est pas seulement logique (en tant qu'il ne ferait que garantir lacohérence interne du science donnée), mais il revêt aussi un caractère pratique et éthique.

Un faitanthropologique commande et impose un principe de contradiction.

Il est, en effet, notre seule arme contre lemensonge et le relativisme des sophistes.

Ce point de vue éthique était déjà celui qui sous-tendait la critiqueplatonicienne des sophistes accusés de soutenir, en même temps, tout et son contraire.

Or, c'est précisémentcette acceptation de la contradiction qui faisait dire à Protagoras que « l'homme est la mesure de toutechose », et qui conduisait donc à un relativisme des valeurs.

On comprend alors quel rôle charnière doit jouernégativement la contradiction : il est ce contre quoi la science doit se constituer et se protéger de manièreinterne, et ce d'un point vue logique mais aussi pratique et éthique.

Ce rôle n'est telle que parce qu'on seplace à l'intérieur même des discipline à vocation scientifique, mais qu'en est-il de la contradiction extérieure àtelle science donnée : que cela signifie-t-il, pour un système scientifique, d'être contredit par un autresystème scientifique ? II.

La redéfinition de la théorie scientifique comme toujours vraie provisoirement : une place pour la contradiction ? Si l'on se place à l'intérieur d'un système scientifique donné, on vient de le voir, la contradiction doit êtreexclu : elle est un principe qui doit constituer un garde-fou contre laquelle toute science, pour être cohérenteet valide, doit se prémunir.

Mais il en va tout autrement si l'on se place cette fois non plus d'un point de vuequ'on pourrait appeler intra scientifique mais inter scientifique (entre différents systèmes scientifiques donnés,que l'on confronterait).Ainsi, Karl Popper , dans Conjectures et réfutations sur le caractère réfutable de la science comme caractéristique de sa scientificité affirme que toute théorie, pour être scientifique, doit être réfutable, c'est-à- dire que son énoncé doit être de telle sorte qu'on puisse le tester, le mettre à l'épreuve de l'expérience.

Ladifférence entre science (expérimentale) et mathématiques pures, c'est que dans les mathématiques le principede non-contradiction est un processus mécanique et spontané (la démonstration s'arrête avec lacontradiction), alors que dans la science expérimentale elle n'est identifiée qu'après coup (la théorie doit êtreconfrontée à l'expérience qui est véritablement l'instance de validation d'un énoncé scientifique).

On comprendalors, de ce point de vue, que les sciences tiennent leur validité et leur caractère proprement scientifique quedans la mesure où son système a été soumis à expérimentation, à vérification, à contradiction et qu'il anéanmoins résisté.

On s'aperçoit alors ici très clairement que la contradiction joue le rôle d'un testeur : si unehypothèse scientifique résiste à la contradiction, alors elle est valide, et ce aussi longtemps qu'elle y résiste.Comprenons donc bien que si la contradiction joue le rôle de test relativement à la validité et à la scientificitépropre d'un système ou d'un hypothèse, elle est aussi ce qui, dans le cas où le système ou l'hypothèse n'yrésisteraient pas, commande d'en changer.

En ce sens, la contradiction joue donc bien un rôle moteur dans lessciences en tant qu'on le comprend comme contre quoi elles doivent faire face.

Un théorie scientifique n'estpas en ce sens établit une fois pour toute, elle est au contraire toujours provisoirement vrai, elle estsimplement non encore contredite : il semble donc ici que le rôle de la contradiction soit extrêmementessentielle dans l'établissement de la validité scientifique d'une théorie.

C'est parce que la contradiction, ouplutôt la résistance ou non à cette contradiction, est le critère de discrimination entre une théorieprovisoirement valide et vérifiée et une théorie non scientifique (car invalidée par la contradiction à laquelle ellen'a pas su faire face) qu'on peut la considérer comme moteur de scientificité. car en effet, ce qui, pour Popper, constitue le critère de scientificité d'une théorie, c'est précisément sa « falsifiabilité », ou pour le direautrement la possibilité d'être falsifié par l'expérience.

En ce sens il faut voir à quel point la contradiction estmoteur de science et ce non pas simplement négativement (parce qu'elle discriminerait entre des sciences quine sont pas capables de lui faire front, et celle qui le sont – ici elle reste un critère de définition négative de la. »

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