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En quel sens ai-je besoin d'autrui pour être conscient de moi-même ? (Pistes de réflexion seulement)

Publié le 26/03/2004

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  Avant toute connaissance de soi, avant de tenter le geste de se connaître soi-même, il faut déjà fonder ce soi-même en tant que tel, c'est-à-dire avoir une conscience de soi. Par exemple, le fou qui pense qu'il n'existe pas, c'est-à-dire qui n'a pas conscience de lui, ne pourrait pas chercher à se connaître. Or, selon Hegel, cette conscience de soi s'appuie nécessairement sur la reconnaissance d'un autre moi, d'autrui. Il faut que je reconnaisse autrui comme tel, libre et différent de moi, pour que je puisse avec conscience de moi-même. Autrui est donc la condition de possibilité de la conscience de soi, et a fortiori, la condition de possibilité de toute connaissance de soi. Conclusion : La thèse hégélienne consiste à se placer en deçà du « je pense » cartésien, plus précisément, du « je » dans le « je pense ». Il n'y a en effet pas de « je » si je ne me reconnais pas moi-même. Cette reconnaissance de soi ne peut pas surgir ex nihilo, mais doit se construire. C'est ici qu'autrui intervient, comme l'autre et comme mon semblable. Comme autre, parce que fonder l'unité d'un moi, pour emprunter le vocabulaire psychanalytique, suppose quelque chose qui n'est pas moi, un extérieur à moi-même.

« « connais-toi toi-même ! ».La question est de savoir si, pour cela, j'ai besoin ou non d'autrui.

Autrui, c'est l'autre, celui qui justement n'estpas moi : ce qui le caractérise, c'est la distance irréductible qu'il y a entre lui et moi.

Mais autrui est en même temps mon semblable.

Autrui est donc pour moi à la fois l'autre et le même . Problématisation Pour savoir si j'ai besoin ou non d'autrui pour me connaître, il faut déterminer le rôle qu'il peut tenir dans le processus de connaissance de soi, puis se demander si je ne peux pas moi-même tenir ce rôle pour moi.

S'il est monsemblable, en quoi justement aurait-il quelque chose de plus que moi, qui me permettrait par son biais de meconnaître ? Pour répondre à cette question, il nous faut d'abord déterminer s'il est possible de se connaître soi-même.

Hiérarchisons les problèmes que nous venons de soulever en une problématique : I – Autrui est-il nécessaire au processus de la connaissance ? II – Ai-je cependant la possibilité de me prendre pour objet de connaissance ? Proposition de plan : I – Autrui est-il nécessaire au processus de la connaissance ? Référence : Descartes, Méditations métaphysiques (1ère méditation) « Toutefois il y a longtemps que j'ai dans mon esprit une certaine opinion, qu'ily a un Dieu qui peut tout, et par qui j'ai été créé et produit tel que je suis.

Orqui me peut avoir assuré que ce Dieu n'ait point fait qu'il n'y ait aucune terre,aucun ciel, aucun corps étendu, aucune figure, aucune grandeur, aucun lieu,et que néanmoins j'aie les sentiments de toutes ces choses, et que tout celane me semble point exister autrement que je le vois ? Et même, comme jejuge quelquefois que les autres se méprennent, même dans les choses qu'ilspensent savoir avec le plus de certitude, il se peut faire qu'il ait voulu que jeme trompe toutes les fois que je fais l'addition de deux et de trois, ou que jenombre les côtés d'un carré, ou que je juge de quelque chose encore plusfacile, si l'on se peut imaginer rien de plus facile que cela.

Mais peut-être queDieu n'a pas voulu que je fusse déçu de la sorte, car il est dit souverainementbon.

Toutefois, si cela répugnait à sa bonté, de m'avoir fait tel que je metrompasse toujours, cela semblerait aussi lui être aucunement contraire, depermettre que je me trompe quelquefois, et néanmoins je ne puis douter qu'ilne le permette.

» Descartes, dans ses Méditations métaphysiques , part à la recherche d'une certitude première, dont il sera impossible de douter, ce sans quoi aucune connaissance ne peut-être fondée, nimême celle du fait que j'existe et ne suis pas une pure illusion.

Le passage que nous avons choisi décrit une étapede la méthode que Descartes applique pour retrouver cette certitude première : il s'agit de mettre en doute demanière radicale tout ce qui existe, y compris nos certitude mathématiques, en supposant qu'un Dieu omnipotentnous ait trompé sur tout.

Descartes arrivera à la conclusion que, si un Dieu me trompe, c'est bien que moi-même jesuis trompé et que donc j'existe. Descartes retrouve bien une connaissance inébranlable : celle du fait que je suis.

C'est la certitude première surlaquelle toutes les autres connaissances seront fondées.

Pour y parvenir, il a du supposer que rien n'existait nimême les vérités mathématiques. Dans la perspective de notre sujet, cela signifie qu'autrui doit d'emblée être exclus pour que je puisse connaître, eta fortiori, me connaître, puisque toute connaissance s'appuie sur cette certitude première qui exclut autrui.

Donc,non seulement je n'ai pas besoin d'autrui. Transition : Lorsque je tenterai de me connaître, je ne m'appuierai par conséquent que sur cette certitude première sans avoirbesoin d'autrui, je me prendrai pour un objet de connaissance parmi d'autres.

Ici surgit un nouveau problème :quand je me prends pour objet, est-ce bien un objet de connaissance que je suis, et pas seulement l'objet de mespropres désirs subjectifs, de mes passions, de mes sens que Descartes reconnaît être trompeurs ? Il convient dedéterminer si j'ai la possibilité de me prendre pour objet de connaissance. II – Ai-je la possibilité de me prendre pour objet de connaissance ? Toute connaissance se fonde sur une certitude première qui ne nécessite pas autrui.

Mais il ne suffit pas d'unefondation première pour élaborer une véritable connaissance.

Il convient alors de se demander ce en quoi consistenos connaissances, afin de déterminer si nous pouvons nous prendre pour objet de connaissance.. »

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