Devoir de Philosophie

En quel sens le bonheur et le devoir seraient-ils compatibles ?

Publié le 11/02/2004

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Mais les stoïciens pensaient que la Nature est un être divin et intelligent, qui ne fait rien en vain. Tout est fait pour quelque chose, tout a un but, tout est finalisé. Le but ultime que poursuit la nature, c'est évidemment le Bien. Le destin qui règne dans le monde est donc bon, il est une Providence. Mais ce Bien, c'est la vie et le Bien du Tout, de la nature elle-même, non de chaque créature qui la compose. Chaque homme n'est qu'un rouage du grand mécanisme universel, et c'est par une folle présomption que chacun s'imagine être le centre du monde et voudrait que tout conspire à son bonheur. En revanche, cette idée que le monde est dirigé par la Providence, que chaque événement concourt à un Bien pour le Tout, même si la petite partie que nous sommes ne l'aperçoit pas, cette idée est beaucoup plus puissante que celle de la simple nécessité pour incliner notre volonté à vouloir ce qui advient. Telle est précisément l'attitude du sage qui peut ainsi goûter le bonheur. Dès lors , chaque homme doit se persuader que la Providence lui a assigné un rôle à jouer sur la terre. Il ne doit pas désirer changer de rôle ou de condition, mais il doit s'efforcer de jouer correctement son rôle ; « Souviens-toi que tu joues dans une pièce qu'a choisie le metteur en scène: courte, s'il l'a voulue courte, longue, s'il l'a voulue longue.

« C.

Il faut donc distinguer l'impératif catégorique l'impératif, le seul qui soit moral, qui est exprimé par la phrase : "Tu dois (absolument) faire telle chose" de l'impératif assertorique, qui représente une actioncomme nécessaire pour arriver au bonheur , c'est-à-dire à une fin qu'on peut supposer réelle chez tous les hommes.

Une proposition indiquant la façon d'être heureux n'est donc pas un impératif catégorique (c'est-à-dire inconditionné), mais un impératifhypothétique, puisqu'il concerne le choix des moyens en vue de son bonheur et estdonc relatif à une autre fin.

l' impératif catégorique déclare l'action objectivement nécessaire pour elle-même, sans rapport à une autre fin.

Dans la philosophie kantienne,une fin qui serait le bonheur ne peut donc pas être une fin morale, puisque les actionsqui seront asservie à cette fin ne sont pas des actions dictées par la seule loi morale,mais précisément des actions dictées par une fin.

Il ne peut y avoir de fin morale autreque la fin morale elle-même.

Calliclès et Kant, pour autant que leur point de vue soientopposés, semblent d'accord sur un point : devoir et bonheur relèvent de deux ordresdistincts, qui bien souvent sont incompatibles (pour Calliclès, l'incompatibilité vient de ceque le devoir gâte le bonheur, tandis que pour Kant le bonheur jette un soupçon surl'acte conforme au devoir). II.

L'utilitarisme : une réconciliation du bonheur et du devoir? A.

La notion d'utilité n'a pas chez les utilitaristes le sens qu'on lui attribue couramment.

Ce qui est « utile » désigne ce qui contribue à maximiser le bonheur d'une population.

C'est en ce sens particulier qu'on peut parler du calcul del'utilité d'un acte, ou qu'on peut comparer les utilités de différentes actions ou règles.

La pensée utilitariste consistedonc à peser le pour et le contre d'une décision et comparer cette dernière aux avantages et désavantages de ladécision inverse.

Le postulat de départ de sa théorie utilitariste est que le bien constitue une réalité constatable et démontrable.

On peut le définir à partir des seules motivations élémentaires de la nature humaine : son penchant« naturel » à rechercher le bonheur, c'est-à-dire un maximum de plaisir et un minimum de souffrance.

Ce principe estformulé ainsi par Bentham « La nature a placé l'humanité sous l'empire de deux maîtres, la peine et le plaisir.

C'est àeux seuls qu'il appartient de nous indiquer ce que nous devons faire comme de déterminer ce que nous ferons.

D'uncôté, le critère du bien et du mal, de l'autre, la chaîne des causes et des effets sont attachés à leur trône.

»(Principes de la morale et de la législation , 1789 ).

C'est donc une tentative pour calquer le devoir être sur la fin de la nature humaine : le bonheur. B.

La recherche du bonheur n'est donc plus ici une recherche individuelle, mais sociale et même politique, puisque laquestion de fond est : quel est le meilleur régime politique ? Autrui devient un élément tout aussi important que soidans la recherche de ce bien-être.

A ce titre, on pourrait considérer que c'est là une fin morale, et non une finégoïste, puisque la notion de bien-être n'est plus égoïste et peut au contraire amener chacun à choisir ungouvernement qui n'est pas dans son intérêt propre.

En économie , un optimum de Pareto désigne une situation dans laquelle on ne peut pas améliorer le bien-être d'un individu sans détériorer celui d'un autre : cet optimum est censé représenter un idéal, une situation où les ressources et les richesses sont réparties de la manière la plusrationnelle qui soit.

Or, la principale critique que l'on peut apporter à cet optimum est de correspondre à unequantité infinie de situation : une société dans laquelle les richesses seraient réparties à égalité entre chacun estune société qui correspond à l'optimum de Pareto, puisque pour donner plus à l'un de ses membres, je dois ôter à unautre membre.

Mais une société où un seul possèderait tout et les autres rien serait tout aussi optimum, puisquepour donner quelque chose à ceux qui n'ont rien, on devrait enlever à celui qui a tout. C.

En effet, l'utilitarisme permet, et éventuellement promeut, le sacrifice de certains au profit du plus grand nombre.

Il s'agit là d'un des points les plus critiqués de la théorie.

Le philosophe américain John Rawls s'est particulièrement attaqué à cette possibilité de sacrifice dans son ouvrage Théorie de la justice .

L'aspect dit « sacrificiel » est lié à la logique de la compensation et au prescriptivisme utilitariste.

Dans l'évaluationglobale de la moralité, les bonnes et les mauvaises conséquences se compensent.

Si pour augmenter lasatisfaction du plus grand nombre on doit sacrifier une personne, l'utilitarisme soutient que c'est ce qu'il faut faire.

L'exemple classique est celui des naufragés : un groupe de naufragés est sur un radeau de fortune,mais celui-ci va couler car ils sont trop nombreux.

En abandonnant un des membres du groupe on évitera auradeau de couler, mais celui qui sera sacrifié mourra.

L'utilitarisme conduit à sacrifier un des membres poursauver les autres : l'acte de l'abandonner a une conséquence négative pour lui, mais elle est compensée parles conséquences positives pour les autres membres.

C'est pourquoi un des ressorts théoriques de la théoriede Rawls est le « voile d'ignorance » : il image un contrat social passé par les hommes et les femmes quivont fonder la société, et qui vont donc devoir répartir les ressources, mais sans savoir quelle place ilsoccuperont dans la société.

Par exemple, au moment de décider de l'existence ou non d'allocations chômage,et de leur montant, ils devront le faire sans savoir si eux-mêmes seront un jour ou non dans cette situation.Tout le principe est donc de trouver un équilibre général en termes de bien-être global, mais sans y chercherson intérêt propre.

On peut donc lire le voile d'ignorance comme une volonté de chercher le bonheur tout ledétachant de l'idée d'intérêt personnel qui s'y attache en général.. »

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