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En quel sens la connaissance scientifique peut-elle être considérée comme un désenchantement du monde ?

Publié le 27/02/2008

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Des thèses que le positivisme d'Auguste Comte associe également, sous la dénomination d' « âge théologique », à cet « enchantement du monde » dont la science va détruire la magie.     2- Comment la science désenchante ce monde d'antan   a) Cet enchantement du monde que constituent les approches magico théologiques traduit les façons dont les hommes se laissent subjuguer et fasciner par les charmes de la nature, qui provoquent en eux crainte ou admiration. Aussi le « désenchantement » réside-t-il d'abord dans la dénonciation de l'attitude magico religieuse comme superstition. L'argument a ses antécédents bien avant les révolutions scientifiques modernes : dans l'Empire romain, l'épicurien Lucrèce (De rerum natura, 1er siècle av. J-C) associe sous le terme de « religio », religion et superstition pour dénoncer les mystifications auxquelles donnent lieu les craintes et les terreurs éprouvées par les hommes face à la mort, à la maladie, aux épidémies et aux tremblements de terre ; il appelle les hommes à se contenter d'explication purement naturelles (la science épicurienne instaure une physique atomiste, purement matérialiste) ; au début du XVIIe siècle, peu avant l'avènement du mécanisme cartésien,  Francis Bacon dénoncera toutes les « idoles » imaginées par l'esprit humain pour rendre compte des phénomènes naturels, et qui, non seulement sont dépourvues de toute réalité, mais en outre paralysent l'essor de la science (Novum Organum, 1620), c'est-à-dire de la connaissance objective.   b) La science, en effet, désenchante le monde en instaurant une rupture méthodique, entre la Nature et l'esprit connaissant. Si l'on en trouve très tôt des expressions chez Platon (la conversion à l'Intelligible dans La République, Ve siècle av. J-C), ou chez Descartes (à partir du doute méthodologique narré dans la Première Méditation, 1646), on perçoit que le désenchantement éloigne l'homme des sortilèges heureux ou malheureux exercés sur lui par l'univers sensible et par l'imagination. Néanmoins, le désenchantement devient systématique (ou généralisé) lorsque l'esprit scientifique substitue un déterminisme rigoureux (causalité naturelle liée à l'idée de loi) aux déterminismes complexes et multiples de la magie (le Destin, la Providence, le Miracle).   c) Le désenchantement, d'ailleurs, se trouve redoublé par l'aspect technique des nouvelles explications du monde ; en effet, la rationalité mathématique et expérimentale permet non seulement de déterminer les lois des phénomènes selon une causalité purement naturelle, mais en outre les processus de la nature deviennent prédictibles, parfois même maîtrisables (médecine) et donnent lieu à la production par l'homme de machines qui opèrent sur le modèle des mécanismes naturels (cela aboutit au monde industriel).
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« « idoles » imaginées par l'esprit humain pour rendre compte des phénomènes naturels, et qui, non seulement sontdépourvues de toute réalité, mais en outre paralysent l'essor de la science ( Novum Organum , 1620), c'est-à-dire de la connaissance objective.

b) La science, en effet, désenchante le monde en instaurant une rupture méthodique, entre la Nature et l'espritconnaissant.

Si l'on en trouve très tôt des expressions chez Platon (la conversion à l'Intelligible dans La République , Ve siècle av.

J-C), ou chez Descartes (à partir du doute méthodologique narré dans la Première Méditation , 1646), on perçoit que le désenchantement éloigne l'homme des sortilèges heureux ou malheureux exercés sur lui parl'univers sensible et par l'imagination.

Néanmoins, le désenchantement devient systématique (ou généralisé) lorsquel'esprit scientifique substitue un déterminisme rigoureux (causalité naturelle liée à l'idée de loi) aux déterminismescomplexes et multiples de la magie (le Destin, la Providence, le Miracle).

c) Le désenchantement, d'ailleurs, se trouve redoublé par l'aspect technique des nouvelles explications du monde ;en effet, la rationalité mathématique et expérimentale permet non seulement de déterminer les lois des phénomènesselon une causalité purement naturelle, mais en outre les processus de la nature deviennent prédictibles, parfoismême maîtrisables (médecine) et donnent lieu à la production par l'homme de machines qui opèrent sur le modèledes mécanismes naturels (cela aboutit au monde industriel).Ce monde ouvert à la connaissance rationnelle et qui s'offre à une exploitation rentable à des hommes devenus pourde bon « comme maîtres et possesseurs » de la nature (Descartes), il semble que l'esprit doive le domestiquer auxdépens de ses rêves ; il a perdu la saveur du mystère.

Le plus fervent partisan de l'esprit scientifique ne peut quereconnaître le tribut à payer ; Renan, en effet, éprouve lui-même les affres du désenchantement : « La science n'aguère fait jusqu'ici que détruire.

Appliquée à la nature, elle en a détruit le charme et le mystère, en montrant desforces mathématiques, là où l'expression populaire voyait vie, expression morale et liberté » ( La valeur de la science , écrit en 1848).

Et surtout, la science semble avoir détruit « les consolantes croyances » dans lesquelles seréfugiaient les humains.

3- charmes et sortilèges du monde de la science a) Néanmoins, le désenchantement est-il aussi radical et hyperbolique que le doute cartésien ? Si, comment l'écritencore Renan « disséquer le corps humain, c'est détruire sa beauté », ne convient-il pas, avec le chantre dupositivisme, de découvrir, grâce à la science, d'autres sources d'enchantement ? N'y a-t-il pas, pour l'espritmathématique, un univers des nombres et de leurs relations qui enchante la raison par sa complexité et les surprisesqu'il offre indéfiniment à l'esprit qui le pénètre ? Et que dire de l'astronomie ou de la biologie, qui, certes, nerecourent plus aux causes finales pour rendre compte des faits, mais entraînent notre imagination rationnelle dansl'infiniment grand et l'infiniment petit, à des découvertes qui peuvent à leur tour être des occasions de rêverie etd'interrogation ? b) il n'est donc pas interdit de penser que la science fait passer l'esprit d'un enchantement à un autreenchantement : l'art, la science-fiction, la littérature, le cinéma, ont de longue date célébré la rencontre de lascience et de l'émerveillement.

Non seulement sur le plan de la théorie (l'aspect « théorétique » des théoriesscientifique est source d'admiration constante), mais également sur le plan de la pratique, avec l'avènement de la« techno science » et l'aménagement technique du monde.

c) L'histoire témoigne fort bien à la fois de ce désenchantement du monde par la science, et de la capacité de lascience à enchanter un monde conquis par l'objectivité.

Le romantisme européen à d'abord témoigné de la criseprofonde engendrée par l'effacement du mystère et du surnaturel (voire du métaphysique).

Au thème augustinien etpascalien de la « vanité de la science », le poète André Chénier (1762-1794), a substitué, dès le XVIIIe siècle, une« poésie scientifique » consacrant l'apothéose de la science, au désenchantement « voltairien » (Voltaire,Dictionnaire Philosophique , 1764, article Miracle ) à l'égard de la nature (Chénier, poème L'invention). S'il est vrai que les diatribes de Chateaubriand, ô combien nostalgique du « vieil ordre européen qui expire », font de la conclusion deses Mémoires d'Outre-tombe (1841) un quasi testament de ce monde enchanté par « le génie du christianisme » ;Baudelaire, si novateur en esthétique et en moral, s'insurgera lui aussi fréquemment contre cette « infatuation » dela science hégémonique et de la grotesque idée du « progrès » dont elle se réclame (Baudelaire, Curiosités Esthétiques, Exposition Universelle de 1855 ).

Mais d'autres enchanteront l'âme et la vie des hommes grâce à la science : ainsi Hugo réconcilie-t-il la mythologie et l'univers techno scientifique dans une célébration poétiquepuissante : La science pareille aux antiques pontifes, Attelle aux chars tonnants d'effrayants hippogriffes ; Le feu souffle aux naseaux de la bête d'airain,Le globe esclave cède à l'esprit souverain (Victor Hugo : Châtiments , VII, 13, Force des choses , vers 166-200) ; et Villiers de l'Isle-Adam de renouer, deux siècles après Cyrano de Bergerac, avec l'éloge de la science, dans l'épisode crucial de l'Eve Future (1886), augurant désormais des enchantements, de la magie et du mystère rouverts indéfiniment par des oeuvres de science-fiction,de Jules Verne à Bradbury.

Les « faits sociaux » (E.

Durkheim, Les règles de la méthode sociologiques , 1895) eux- mêmes ne resteront pas à l'écart du désenchantement opéré par le développement des sciences humaines : leroman expérimental de Zola, pour scientifiquement fondée que soit sa démarche, ne demeure-t-il pas, une sourced'émotions, de sentiments et de rêveries inépuisables au cœur même des affres causés par la révolution industrielleet l'organisation scientifique de la société européenne ?. »

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