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En quel sens peut-on dire que l'homme n'est pas un être naturel ?

Publié le 01/04/2004

Extrait du document

L'opposition traditionnelle entre la nature et la culture s'est vue cependant remise en cause.

En l'homme, le naturel et le culturel se confondent. «Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite, qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique.« Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945). • L'idée d'une âme qui place l'homme à part de la nature a pour soubassement une conception religieuse de l'homme. Si l'on veut conserver l'idée que l'homme malgré tout n'échappe pas à la nature, tout en conservant sa spécificité absolue, on peut dire avec Merleau-Ponty que, en l'homme, le naturel et le culturel se confondent: il n'y a aucun acte humain qui ne puisse être rapporté à du biologique. Mais, de l'autre côté, le sens de ces actes, même les plus primitifs, est toujours culturel. Tout est naturel en l'homme, mais pour l'homme, tout est culturel.

Analyse du sujet :

Un sujet archi-classique. La liberté est-elle une qualité constitutive de la nature humaine ou le fruit d'un processus (individuel ou collectif) ?

Conseils pratiques :

Interrogez-vous avec soin sur les différents niveaux de la liberté (psychologique, morale, politique, etc.). Rappelez les analyses de Sartre (l'homme condamnées être libre ; mais n'exerçant cette liberté que par l'action).

On s'efforcera donc de montrer en quoi et comment chez l'homme le culturel se superpose au naturel ou l'intègre et le modifie.

  • 1e partie : l'homme n'est pas un être naturel en ce sens que, chez l'individu humain, la part de l'acquis est plus importante que la part de l'inné.
  • 2e partie : En un sens plus profond, l'homme n'est pas un être naturel en ce sens que ce qui fait de lui un être humain lui vient de la culture. L'homme est donc par définition un être culturel.
  • 3e partie : Enfin, il n'est pas un être naturel en ce sens qu'il se définit par la liberté: il est ce qu'il se fait.

 

« , et elle n'est pas, non plus, un dosage d'éléments composites empruntés à la nature et partiellement à la culture.Elle constitue la démarche fondamentale grâce à laquelle, par laquelle, mais surtout en laquelle s'accomplit lepassage de la nature à la culture.

En ce sens elle appartient à la nature, car elle est une condition générale de laculture, et par conséquent il ne faut pas s'étonner de la voir tenir de la nature son caractère formel, c'est-à-direl'universalité.

Mais en un sens aussi, elle est déjà la culture, agissant et imposant sa règle au sein de phénomènesqui ne dépendent point, d'abord.

d'elle » (op.

cit.). Où finit la nature ? Où commence la culture ? Dans « Les structures élémentaires de la parenté », Lévi-Strauss a tenté de répondre à cette double question. La première méthode, dit-il, et la plus simple pour repérer ce qui est naturel en l'homme, consisterait àl'isoler un enfant nouveau-né, et à observer pendant les premiers jours de sa naissance.

Mais une telle approches'avère peu certaine parce qu'un enfant né est déjà un enfant conditionné.

Une partie du biologique à la naissanceest déjà fortement socialisé.

En particulier les conditions de vie de la mère pendant la période précédantl'accouchement constituent des conditions sociales pouvant influer sur le développement de l'enfant.

On ne peutdonc espérer trouver chez l'homme l'illustration de comportement préculturel. La deuxième méthode consisterait à recréer ce qui est préculturel en l'animal.

Observons les insectes.

Queconstatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmiseshéréditairement.

Les instincts, l'équipement anatomique sont tout.

Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler « le modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, morales ou religieuses). Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.

Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, desoutils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.

Même les grands singes, ditLévi-Strauss , sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articuler les sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totale incapacitéd'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .

» Les recherches poursuivies ces dernières décennies montret, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outils élémentaires etéventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et de subordination peuvent apparaîtreet se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire à reconnaître dans certaines attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou de contemplation ».

Mais, ajoute Lévi-Strauss , « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont plus éloquents encore –et dans un tout autre sens, parleur pauvreté ».

De plus, et c'est là sans doute la caractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ». A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture. » Mais les règles institutionnelles qui fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.

On peut donc affirmer que l'universel, ce quiest commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.

C'est donc ce double critère de la norme (règle) et del'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les éléments naturels des éléments culturels chez l'homme :« Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de la nature et se caractérise par la spontanéité,que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et duparticulier. » Mais ce double critère posé, nous nous trouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la prohibition de l'inceste.

Celle-ci, en tant qu'institution relève de la règle et donc de la culture.

Mais, en mêmetemps, elle est un phénomène universel et semble donc relever de la nature.

Une contradiction donc, un mystèreredoutable : « La prohibition de l'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois et des institutions. » Le langageLié à la socialisation, puisqu'il a une fonction d'échange, le langage apparaît, en outre, doué d'une fonctionsymbolique qui permet à l'homme de rompre avec l'adaptation immédiate au monde (à la nature) et de mettre cemonde pour ainsi dire à distance, afin de le penser.. »

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