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En quel sens peut-on dire que l'homme est un «animal politique» ?

Publié le 14/03/2004

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           Ainsi, pour Thomas Hobbes, dans le Léviathan et le De Cive (Du citoyen), l'état de nature est un état de guerre de tous contre tous. Les hommes, seuls et attachés à leur biens, ne s'en remettent qu'à la force pour assurer leur subsistance. Or, c'est précisément de ces conditions extrêmes que va surgir le besoin de s'associer et de former, par contrat, un État : c'est le contrat social. Alors, chacun délègue ses prérogatives au souverain, seul capable d'administrer les différents par l'usage du droit - et non plus de la force - et d'organiser la société.           La société est donc civile, en ce sens qu'elle s'oppose à l'état de nature. C'est justement l'idée contre laquelle se dresse Aristote, qui considère que l'homme est toujours déjà unie dans une société ; mais encore faut-il s'entendre sur sa définition. II - La cité naturelle Dire que l'homme est un animal politique, c'est à la fois insister sur ce qui rattache l'homme à l'ensemble de la nature, via l'animalité, et sur ce qui le distingue à travers la notion de politique. En effet, nombreux sont les animaux grégaires, qui vivent en communauté ou en colonie, à l'instar des fourmis ou des abeilles. Cependant, le simple fait de leur réunion n'en fait pas des « animaux politiques ». Considérer la naturalité du politique est évidemment mettre en avant le fait que vivre-ensemble est un donné premier, au reste partagé par les animaux et les hommes.

« Considérer la naturalité du politique est évidemment mettre en avant le fait que vivre-ensemble est un donné premier, au reste partagé par les animaux et les hommes.

Cependant, le politique renvoie explicitement à la notionde polis , c'est-à-dire de cité.

C'est donc la cité qui est une chose naturelle et non le simple fait de s'unir ou de se réunir. Or, cela sous-entend que l'homme advienne à son humanité dans l'enceinte de la cité et uniquement là. Aristote le dit, il n'y a que l'être dégradé ou l'être surhumain qui puissent vivre seuls dans la nature.

L'un subsistesans loi ni foyer et n'est pas homme, l'autre se trouve au-delà de la condition humaine et de ses aspirationspropres : il est plus qu'un homme, un Dieu. Ainsi, l'homme ne devient homme que dans la cité, c'est-à-dire au sein de l'espace politique.

Cependant, nous n'avons pas encore éclairci notre premier point, à savoir quel critère appliquer pour distinguer l'homme desanimaux grégaires.

Si les deux sont des donnés naturels, en quoi la cité spécifie-t-elle l'homme parmi les animaux ? III – Politique et langage L'homme est naturellement poussé à s'unir aux autres ; en cela, il se rattache à la naturalité (et àl'animalité) de son être, même si certains animaux ne subissent pas la même tendance.

Toutefois, certains animauxs'unissent aussi sans être pour autant considérés comme des « animaux politiques » ; or, cela tient à ce que la viedans la cité engage une dimension spécifique de l'homme : le langage. En effet, l'homme est le seul parmi les animaux à être doté d'un langage ( logos ).

Les animaux sont bien dotés d'une « voix » ( phonè ), c'est-à-dire d'un système de communication leur permettant d'exprimer le douloureux et l'agréable, mais il ne leur permet pas de s'arracher du moment présent et à l'impression qui lui est associée. Pour l'homme, le langage est donc l'occasion d'exprimer des pensées indépendantes de ce qu'il vit dans lemoment, c'est-à-dire qu'il peut énoncer des propriétés, des relations ou des valeurs abstraites.

Or, en quoi celaengage-t-il la dimension politique de l'homme ? Puisqu'il est susceptible d'abstraction, l'homme ne se contente pas de communiquer, mais il peut mettre encommun des valeurs sociales abstraites, comme le bien et le mal, le juste et l'injuste, etc.

et qui constituent l'objetmême de la politique. Conclusion : L'idée que l'homme est un animal politique peut prendre plusieurs formes : soit l'homme l'est naturellement (Aristote), soit il l'est par destination, étant voué à s'associer à d'autres hommes (théories conventionnalistes).Ainsi, la société apparaît comme le milieu même où l'homme advient à son humanité ; le vivre-ensemble ne constituepas un regroupement fortuit, mais engage l'humanité des hommes.

Mieux, le rôle que nous avons décelé au niveaudu langage, nous autorise à dire que l'objet du politique, grâce à la constitution de valeurs sociales, n'est pasuniquement un vivre-ensemble (tel les animaux grégaires), mais un mieux vivre-ensemble.

C'est en ce sens que l'éthique (le souhait d'une vie bonne) ne peut éclore que dans le champ politique (le vivre-ensemble).. »

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