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En quel sens la société dénature-t-elle l'homme ?

Publié le 01/01/2004

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Il s'agit de discuter une thèse assez commune au XVIII ième siècle, mais encore assez vivace de nos jours, selon laquelle la vie en société, l'appartenance à un État organisé et à la civilisation, nous éloigneraient de notre véritable naute. Il faut donc d'abord souligner tous les traits qui peuvent opposer la vie naturelle à la vie culturelle de l'homme et mettre en évidence les distorsions manifestes qui résultent de notre insertion dans les multiples structures artificielles que crée la vie en commun. Toutefois, une telle question repose sur une confusion entre deux signification du terme de nature: d'une part, la \"nature\", c'est l'absence de civilisation et il est évident que la vie en société nous fait perdre cette dimension de notre existence. Mais, d'autre part, la \"nature\" d'une chose, c'est aussi son essence réelle et authentique. Or, et c'est ce qui peut permettre la discussion, il n'est pas évident que l'absence d'organisation sociale et de convention constitue l'essence profonde de l'homme. N'est-il pas plutôt cet animal qui ne peut vivre seul sans le soutien d'une société ? La société naît de l'interdépendance entre les hommes, de leur incapacité à satisfaire leurs besoins par euxmêmes. La société ne naît donc pas ex nihilo, elle n'est pas une structure naturelle, puisque elle change et varie en fonction des individus qui en sont membres. Pour certains penseurs cet artifice peut d'ailleurs faire perdre à l'homme sa nature originelle. Le tout est de savoir si cette dénaturation doit être envisagée en termes de gain pour l'espèce humaine ou au contraire en termes de perte. La société n'est-elle pas fondée sur le besoin des hommes, et la nécessité de trouver chez un autre la possibilité de satisfaire ce besoin ? La société naîtrait alors du besoin de trafiquer et permettrait à l'individu de pourvoir à ce que la nature lui a empêché d'accomplir par lui-même. C'est donc, comme nous le verrons en deuxième lieu, que la nature de l'homme n'est pas sociable. Que la société doit être envisagée comme un artifice. Mais est-ce pour autant un artifice nécessaire ? La société n'est-elle pas le signe que l'homme ne saurait se satisfaire de lui-même ? Et ce sentiment n'est-il pas la source de davantage de désagrément que de progrès pour l'espèce humaine ?

« Selon Hobbes l'homme n'est pas un être par nature sociable, pour comprendrel'homme il faut l'envisager hypothétiquement comme en dehors de la société.C'est ce qu'il appelle l'état de nature, qui n'est autre que l'état dans lequel setrouve les hommes dans l'absence d'un pouvoir coercitif.

Dans cet état,chacun ayant sur toutes choses un droit égal à celui des autres, le seul droitvalable est celui du plus fort.

Or, dans cet état la loi naturelle qui est une loidivine puisqu'elle n'est autre que la droite raison qui nous a été donné parDieu, nous enseigne qu'il faut, pour notre conservation, chercher la paix.

Ainsiles hommes s'aperçoivent que l'intelligente poursuite de l'utile doit prendre laplace de la vaine recherche du plaisir.

C'est alors que sous l'impulsion de lacrainte réciproque de la mort inspirée par l'égalité naturelle des hommes d'oùnaît la volonté de se nuire les uns les autres, ils se réunissent et conviennentde renoncer à leur indépendance, à leur puissance et à leur droit, pour lesmettre selon la droite raison entre les mains d'un seul homme ou d'uneassemblée d'hommes qui puissent réduire toutes les volontés, par pluralité devoix en une seule volonté », ( Léviathan ) celle-ci aura désormais tous les pouvoirs et tous les droits. L'établissement de la société n'émane donc pas d'une disposition naturelle,car constatait Hobbes déjà dans Le citoyen « (…) si l'on considère de plus près les causes pour lesquelles les hommes s'assemblent, et se plaisent à une mutuelle société, il apparaîtra bientôtque cela n'arrive que par accident, et non pas par une disposition nécessaire de la nature ».

L'auteur va mêmejusqu'à affirmer que ce n'est par une mutuelle bienveillance que les hommes entrent en société mais c'est en tantqu'ils sont animés par la crainte qu'ils entretiennent les uns à l'égard des autres.

Car ajoute Hobbes « si la crainteétait ôtée de parmi les hommes, ils porteraient de leur nature plus avidement à la domination qu'à la société », telleest selon lui l'origine des plus grandes sociétés. La société apparaît ici comme un artifice certes, mais comme un artifice nécessaire par lequel les hommesparviennent à vivre de façon décente. La société comme dépravation de la nature La société n'est pas innée à l'homme, mais si elle naît d'un manque n'est-elle pas le signe d'une dépravation del'homme par rapport à un état où il se suffisait à lui-même ? Pour Rousseau, l'homme à l'état de nature bénéficie d'une douce liberté,puisque il vit dans une indépendance.

Ces besoins sont immédiatementsatisfaits et n'a nullement besoin du secours des autres hommes pour bienvivre. La société apparaît selon Rousseau, non d'un besoin, mais naît descirconstances extérieures, qui sont d'ordres climatiques pour la plupart.

End'autres termes, la société n'a rien de nécessaires, mais est accidentelle.Ainsi selon lui : « L'extrême inégalité dans la manière de vivre, l'excès devivre, l'excès d'oisiveté dans les uns, l'excès de travail dans les autres, lafacilité d'irriter et de satisfaire nos appétits et notre sensualité, les alimentstrop recherchés des riches, qui les nourrissent (…) les excès de toutesespèces les transports immodérés de toutes les passions, les facteurs del'épuisement d'esprit, les chagrins et les peines sans nombre qu'on éprouvedans tous les états et dont les âmes sont perpétuellement rongées : voilà lesfunestes garants que la plupart de nos maux sont notre propre ouvrage, etque nous les aurions presque tous évités en conservant la manière de vivresimple, uniforme et solitaire qui nous était prescrite par la nature », Discours sur l'origine et le fondement des inégalités entre les hommes .

C'est la société qui dénature l'homme, lui faisant perdre son bonheur et son existencesereine.

En effet poursuit Rousseau plus loin : « « Quand on songe à la bonneconstitution des sauvages, au moins de ceux que nous n'avons pas perdus avec nos liqueurs fortes, quand on sait qu'ils ne connaissent presque d'autres maladies que les blessures et lavieillesse, on est très porté à croire qu'on ferait aisément l'histoire des maladies humaines en suivant des sociétésciviles.

». D'ailleurs si l'on compare pour Rousseau l'homme sauvage et l'homme policé, le premier ne respire que le repos et laliberté.

Il ne veut que vivre et rester oisif.

Le sauvage vit en lui-même.

L'homme sociable toujours hors de lui, nesait vivre que dans l'opinion des autres.

Et ainsi : « Demandant toujours aux autres ce que nous sommes », tout ceque nous pouvons attendre, c'est « un extérieur trompeur et frivole, de l'honneur sans vertu, de la raison sanssagesse et du plaisir sans bonheur », Discours sur l'origine et le fondement des inégalités. Conclusion. »

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