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Quel vous paraît être le fondement du concept de hiérarchie ?

Publié le 17/01/2004

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FONDEMENT: a) Ce sur quoi repose "en droit " une certaine connaissance. Qui sert de base à un édifice conceptuel. Synonyme de principe. b) Ce qui donne à quelque chose sa justification, sa légitimité.

CONCEPT: Idée abstraite et générale sous laquelle on peut unir divers éléments particuliers. Chez Hegel, contrairement à l'Idée, le concept désigne tout ce qui possède une réalité achevée et autosuffisante, semblable au Dieu qui le fonde.

 

Le concept de hiérarchie pose problème car il implique l’idée que l’on se fait de la justice. Tout le problème consiste en effet à savoir si la hiérarchie se fonde sur quelque chose de juste ou bien si elle repose sur une injustice. Notre intuition semble en effet nous pousser à nous méfier de la hiérarchie qui brime notre aspiration à l’égalité. Si la hiérarchie était fondée uniquement sur l’inégalité, alors elle ne serait pas vraiment fondée, car elle serait fondée sur une injustice. Mais l’inégalité que révèle la hiérarchie est-elle nécessairement injuste ? N’est-il pas possible de trouver un fondement juste au concept de hiérarchie, même si celui-ci bouscule notre désir d’égalité ?

« Transition : Ce point de vue n'est défendable qu'à partir du moment où l'on considère que la nature a voulu que les choses soient ainsi.

Mais un tel postulat ne pose-t-il pas problème ? Les hommes sont égaux et la hiérarchie est une injustice.

2. a) L'hypothèse aristotélicienne semble en effet soulever plus de questions qu'elle n'en résout, car les faits - cesmêmes faits dont elle prétend pourtant tirer sa légitimité - la contredisent.

Aristote lui-même s'étonne que « desesclaves ont des corps d'hommes libres, et des hommes libres des âmes d'esclaves » ( Politiques, I, 5, 1254-b) sans en tirer les conséquences.

En fait, il semblerait qu'Aristote ait tellement voulu voir des esclaves qu'il ait réussi à envoir là où il n'y en avait pas.

Le point de vue aristotélicien semble ainsi bien marcher lorsqu'il s'applique entre lesdifférentes espèces animales, mais il semble pris en défaut lorsque l'on tente de l'appliquer au sein même del'humanité.b) Contre cet argument aristotélicien, nous pouvons retenir le point de vue de Kant.

Ce dernier montre que tous leshommes sont absolument égaux.

Pour prouver cela, il se base sur le fait que tous les hommes sont libres.

Or,affirmer que l'homme est libre, c'est imaginer qu'il est capable de s'affranchir des déterminations sensibles, parexemple en renonçant à l'intérêt personnel et au plaisir immédiat.

Si l'homme est capable ainsi de mettre en actionsa liberté, c'est parce qu'il est sensible à quelque chose de plus noble que l'intérêt.

Selon Kant, cette chose quiserait supérieure à l'intérêt, ce serait le sens du devoir qui nous enjoint à un respect inconditionnel envers la loimorale.

Ce sens du devoir s'élevant au-dessus de ce qui est directement donné dans la nature confère ainsi àl'homme une dignité supérieure.

Aussi, tout homme étant porteur de cette dignité quasi surnaturelle, il convient deconsidérer que tout homme a une valeur qui dépasse tout.

C'est pourquoi Kant affirme que le devoir moral peut s'exprimer ainsi : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en mêmetemps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» ( FMM , deuxième section). Puisque tout homme est porteur d'une dignité qui lui confère une valeur supérieure à tout, on peut en déduire que tous leshommes sont égaux.

En effet, considérer que chaque homme est une fin ensoi, que chaque homme possède une valeur absolue, c'est également affirmerque tous sont égaux, puisque aucun homme ne vaut plus qu'un autre.

Le devoir est une loi de la raison. «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne quedans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin etjamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphysiquedes moeurs (1785). • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christiquequant à son fondement.

En effet le commandement d'amour du Christ vient del'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescritl'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de laraison.

C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notre moralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous commeune règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les«aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignitéhumaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là que le«devoir» est ressenti comme tel.

c) Par conséquent, la hiérarchie qui existe entre les hommes semble aller à l'encontre de la dignité que représentechaque être humain.

Cette hiérarchie artificielle, qui contrevient aux exigences de la raison est donc le fait d'uneinjustice.

C'est le plus fort qui s'est imposé aux plus faibles, en faisant fi de la morale.

La hiérarchie semble doncn'être fondée que sur le droit du plus fort et reposerait sur l'injustice.

Elle est peut-être juste lorsqu'il s'agit de lahiérarchie qui existe entre les êtres humains et les autres espèces animales, mais elle ne l'est pas lorsqu'il s'agit decette hiérarchie qui règne entre les hommes.

Transition : Cependant, cette hiérarchie ne rend-elle pas des services qui permettent la justice sociale ? La nécessité des conventions.

3. a) Le point de vue kantien ayant été exposé, peut-être ne faut-il pas en déduire que toute hiérarchie est forcémentsynonyme d'injustice.

Pascal explique ainsi que « Le peuple honore les personnes de grande naissance, les demi-habiles les méprisent disant que la naissance n'est pas un avantage de la personne mais du hasard.

Les habiles leshonorent, non par la pensée du peuple mais par la pensée de derrière.

» ( Pensées , 90, édition Lafuma) Pourquoi seraient-ce les « demi-habiles » qui refusent cette hiérarchie et les « habiles » qui la respectent ? Quelle est cette« pensée de derrière » ? Cette pensée de derrière est celle qui permet de juger de tout « en parlant cependantcomme le peuple » ( Pensées , 91, édition Lafuma).

Et dans ce cas précis, elle consiste en cela que le respect que. »

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