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Quelle connaissance a priori est-elle possible ?

Publié le 13/04/2004

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Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui-même. Nous ne pouvons connaître la réalité qu'à travers les formes « a priori « de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception des choses, et les formes « a priori « de l'entendement (« catégories «). C'est pourquoi, seuls les phénomènes (l'apparaître) nous sont accessibles. Au-delà du savoir, il y a donc un monde des noumènes (choses en soi) qui nous échappe. Lorsque la raison tente de dépasser l'apparence pour essayer d'atteindre l'absolu, elle tombe dans d'inévitables contradictions, antinomies et paralogismes. Une métaphysique est impossible comme science. En particulier, la raison ne saurait prouver la liberté de notre volonté, l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu.Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes, la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination.Or, avec Kant, l'illusion est portée au coeur même de la raison. Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.

  • a priori:

 

Formule latine signifiant « à partir de ce qui vient avant «. Désigne ce qui est Indépendant de toute expérience. S'oppose à a posteriori, Contre l'empirisme, Kant soutient l'existence de structures a priori qui précèdent et conditionnent notre connaissance du monde.

 

« Certes les phénomènes empiriques tels qu'ils apparaissent réfractés à travers les formes a priori de ma perception,espace & temps, sot une poussière de faits « bigarrés », d'événements particuliers, multiples, divers.

Mais les catégories de l'entendement (la causalité) introduisent un ordre dans ce désordre et des liaisons nécessaires parmices phénomènes.

J'ai le droit de dire que l'eau chauffée va bouillir, que la barre chauffée va se dilater, parce que leprincipe de causalité (les mêmes causes produisent les mêmes effets) est un principe a priori, universel, etnécessaire de mon esprit.

L'esprit peut avoir confiance dans l'ordre des lois de la nature puisque c'est lui-même quiintroduit cet ordre grâce à ces catégories.

Et comme les catégories sont les mêmes pour tous les esprits, lespropositions scientifiques seront acceptées universellement par tous. Seulement si la science est ainsi fondées, la métaphysique ne l'est pas.

Car nous ne connaissons jamais l'absolu, lefond des choses, ce que Kant appelle la « chose en soi » ou le « noumène ».

En effet, nous ne connaissons le monde que réfracté à travers les cadres subjectifs de l'espace et du temps.

Nous ne connaissons que lesphénomènes.

La raison ne nous donne aucune connaissance, puisqu'elle n'a pas d'intuition a priori.

Elle ne peut quemettre en ordre des matériaux qui lui sont fournis par l'intuition sensible.

Mais si la raison veut poursuivre son effortde liaison et d'unification au-delà de l'expérience sensible, elle tourne à vide et ne pense que des fantômes.

L esavant a le droit de dire que l'échauffement et la cause de la dilatation st tous deux donnés dans l'expériencesensible et que l'entendement n'a plus qu'à les relier.

Mais lorsque le métaphysicien assure que le monde n'a pas puse faire tout seul, qu'il lui faut une cause, et que cette cause est Dieu, il abuse de la causalité, car il sort del'expérience, il imagine gratuitement quelque chose en dehors du monde.

Au lieu de chercher à découvrir des causesdans l'univers, il invente une cause de l'Univers. Les métaphysiciens ont tendance à se figurer que les choses sensibles, le monde de l'expérience sont un obstacleau libre exercice de l'esprit.

Mais c'est le contraire qui est vrai : seul le monde sensible fournit une matière à l'effortd'unification et de construction qui caractérise l'esprit.

En dehors du sensible, l'esprit dépourvu d'intuitions innées-ne saurait atteindre aucune connaissance.

« La colombe légère, qui dans son libre vol fend l'air dont elle sent la résistance, pourrait s'imaginer qu'elle volerait bien mieux encore dans le vide.

C'est ainsi que Platon se hasarda, surles ailes des idées, dans les espaces vides de la raison pure.

Il ne s'apercevait pas que, malgré tous ses efforts, ilne faisait aucun chemin, puisqu'il n'avait pas de point d'appui où il pût appliquer ses forces. » En dehors de l'expérience la raison est comme folle.

Privée de point d'appui, elle peut démontrer avec la mêmelogique des propositions contraires.

Par exemple, si le monde n'avait pas de commencement, nous n'aurions jamaispu parvenir à l'instant d'aujourd'hui, cela exigerait un temps infini.

Pour qu'il y ait un point d'arrivé il faut bien qu'il yait un point de départ.

Mais je peux aussi bien démontrer le contraire ; si le monde a eu un commencement, je peuxvalablement me demander : qu'y avait-il avant le commencement du monde ? Et la possibilité de poser cettequestion paraît exclure l'éventualité d'un commencement déterminé.

Sur ces questions d'origine et de fins derrières,ma raison privée du concours de l'expérience peut aussi bien démontrer la thèse et l'antithèse et nous avons là unexemple d'une de ces antinomies où se perd la raison pure lorsqu'elle a la prétention de faire de la métaphysique,cad de poursuivre son effort d'unification et d'explication au-delà des données de l'expérience. Certes, les constructions métaphysiques sont pour la raison humaine une tentation irrésistible, sans cesserenaissante.

La raison invente le mythe d'une « âme-substance » parce qu'elle suppose réalisée l'unification complète de mes états d'âme, le mythe d'un Dieu créateur parce qu'elle suppose l'unification totale de ce qui sepasse dans le monde et qu'elle imagine un fondement absolu à l'univers.

Mais de telles ambitions dépassent lespossibilités de la Raison.

Tandis que pour les innéistes ( Descartes & Platon ) la raison pouvait, grâce à ses intuitions et aux idées qu'elle trouvait en elle, atteindre la réalité profonde et penser l'absolu, pour Kant , la raison qui est constituée par des cadres a priori, mais qui n'a pas d'idées innées, peut seulement mettre en ordre lesmatériaux fournis par l'intuition sensible. Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partie contingent de l'expérience.

Ce sera l'une des préoccupation centrale deKant .

Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sot toujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensible et le travail conceptuel de l'entendement.

Ce dernier reçoit de l'extérieur,par le moyen de la sensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opère une mise en ordre conceptuelledont la nécessité est interne à l'esprit.

Par exemple : les relations de causalité s'instaurant nécessairement entre lesphénomènes de la nature ne renvoient pas forcément à un ordre des choses, mais à un ordre nécessaire de leurmode de manifestation à notre esprit.

La connaissance objective ‘est donc jamais connaissance des choses en soimais connaissance de l'ordre nécessaire (rationnel) des phénomènes.

Très schématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur .

La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine », cad qu'elle raisonne à vide, elle outrepasse ses droits, commele montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée, car l'expérience n'en est pas possible.

Les idéesde la raison ont une fonction unificatrice et systématique ; la raison a également une fonction pratique ; mais c'estquand elle prétend connaître des objets transcendants (au-delà de l'expérience possible) qu'elle mérite de subir unecritique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle les réinscrit dans l'ordre de la nécessité et de la. »

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