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En quelle mesure dépend-il de nous de croire ?

Publié le 27/03/2004

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J'affirme nécessairement que 2 et 3 font 5 dès que m'apparaît la relation des deux facteurs de la somme. Je nie que le soleil soit levé tant que l'apparence du ciel m'interdit cette affirmation. c) La fermeté de l'affirmation varie suivant l'état de la représentation. Ma croyance s'assure par la netteté de ma perception, de mon souvenir ; par la clarté dans laquelle je saisis les rapports logiques. Je doute, si je comprends mal, si je vois confusément. II. - Comment la tendance détermine la croyance. La croyance se règle donc sur des conditions objectives. Elle engage pourtant notre personnalité, parce qu'elle dépend encore d'autres facteurs, qui peuvent être décisifs.L'inclination ne détermine pas immédiatement la croyance.

« III.

— Rôle complexe de la volonté dans la formation de la croyance. Dire que la croyance dépend de nous, c'est encore la rapporter au fonds réfléchi, et non plus affectif, de notrenature.

Sans doute la croyance ne procède pas directement de la volonté.

« Vouloir la vérité » est une formuleambiguë.

On peut vouloir trouver la vérité, non vouloir que ceci plutôt que cela soit vrai.

Pourtant la volontéintervient à plusieurs titres dans la genèse de la croyance. A) L'ATTENTION VOLONTAIRE COMMANDE L'EXAMEN.Je crois d'après ce que j'aperçois des raisons de croire, mais la volonté préside à l'examen, quand l'attentionvolontaire est en jeu.

Il m'importe de connaître le sens et d'estimer la valeur d'une doctrine mais pour atteindre cerésultat intéressant, je dois parcourir une argumentation abstruse et fastidieuse.

Soutiendrai-je jusqu'au boutl'effort intellectuel qui est nécessaire ? Ma croyance en dépend.

Peut-être resterai-je dans le doute si mon travaild'information et de réflexion cesse prématurément.

J'affirmerai ou nierai, suivant qu'à l'instant où j'arrête l'examenparaissent prévaloir les arguments favorables ou les arguments contraires. B) LA VOLONTÉ PEUT SUSPENDRE L'EXAMEN.Indispensable à l'étude, la volonté peut être aussi requise pour y mettre fin.

On n'est jamais complètement éclairésur les données d'un problème complexe, qui peut intéresser l'action.

Cependant la vie nous presse.

Aussi l'hommede volonté se garde de « cette fausse sagesse qui toujours raisonne et jamais ne décide ».

Et ce n'est pas parhasard que le mot jugement désigne à la fois « la sentence irrévocable et la plus haute fonction de l'esprit » (Alain).La croyance s'apparente, en effet, à la décision, en ce qu'elle suit immédiatement de l'état du savoir à l'instant oùl'on a résolu de clore l'enquête. C) LA VOLONTÉ PEUT NEUTRALISER LES TENDANCES.Enfin la volonté peut être, dans la croyance, un effort d'impartialité ; on s'applique à neutraliser les tendances quibornent et immobilisent le champ de l'attention spontanée et appellent le jugement passionnel.

A ce titre, la volontéest un facteur de libération intellectuelle et de connaissance désintéressée ; par elle, l'affirmation, loin d'êtrearbitraire, prend une valeur objective. IV.

— La croyance se forme et s'assure par l'action. La croyance est une affirmation relative à un objet ; mais cette attitude intellectuelle a été précédée et préparéepar une attitude pratique : un simple élan, la confiance dans le succès d'une action.

Et sans doute la conduiteanimale ne comporte-t-elle que cet équivalent vital de la croyance proprement dite.

Quand l'homme a formé lanotion de l'objet sur lequel porte le jugement, la croyance ne se détache pas complètement de l'action dont elle estissue.

Toute affirmation est une promesse d'action.

Et l'on dit avec raison qu'une foi n'est vraiment sincère que sielle est active.

Mais, si la croyance est une conduite indivisible, à la fois une position théorique et une orientationpratique, on conçoit que la volonté puisse déterminer la première par les prises qu'elle a sur la seconde.

Car noussommes maîtres de nos mouvements, si nous ne le sommes pas, directement, de nos certitudes.

Ainsi l'homme quiveut croire en Dieu peut, suivant Pascal, se donner la foi, s'il agit d'abord suivant les rites.

Et ce procédé paraîtefficace, dans la mesure où l'habitude en masque, à la fin, l'artifice.Mais la croyance, autant qu'elle procède de l'action, dépend moins de nous-mêmes que d'autrui.

Rares, en effet,sont les formes de conduite que nous avons choisies.

Ainsi l'éducation, opérant d'abord par le dehors, impose àl'enfant le comportement approprié aux notions morales dont on veut le pénétrer ; la pratique de la règle prépare lacroyance à la valeur de la règle.

En reproduisant, par contrainte ou suggestion, les actes de proches, nouscommunions avec eux dans leurs gestes, avant de sympathiser dans leurs croyances.

Tel est le rôle des fêtes etcérémonies religieuses, politiques, nationales, qui fondent les individus dans une même attitude physique etdisciplinent les corps pour imposer le respect aux consciences. V.

— Rôle direct de l'attention dans la croyance. La clarté et la richesse de la pensée ne suffisent pas pour déterminer l'affirmation.

L'attention est une fonction desynthèse, indispensable dans le jugement comme dans la volition.

Il faut, pour croire, organiser fermement lesdonnées de l'expérience, comme il faut, pour vouloir, organiser fermement ses tendances.

Ainsi je ne sais si, tout àl'heure, j'ai bien fermé ma porte, et je reviens trois fois pour m'en assurer ; c'est que je n'ai pas réussi à construiresolidement, avec les données diverses qui formaient le matériel de ma perception, la représentation consistante dela fermeture d'une porte.

Cette aptitude à la « concentration » est très inégale d'un homme à un autre.

Aussi l'espritdispersé, instable, ne peut ni croire, ni vouloir ; le douteur est aussi un aboulique. Conclusion. Si notre personnalité a une grande part dans la vie de notre croyance, il ne faut pas en conclure que la croyancedépend uniquement de l'individu.

D'une part, elle doit tenir compte d'une situation objective qui résiste à notrefantaisie.

Comme, d'autre part, elle est liée à notre action au sein d'une société, la croyance individuelle se plie,dans une large mesure, au jeu des croyances collectives.. »

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