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Quelle est la valeur des preuves métaphysiques de l'existence de Dieu ?

Publié le 12/03/2004

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dieu

[...] De cela seul que je ne puis concevoir Dieu sans existence, il s'ensuit que l'existence est inséparable de lui, et partant qu'il existe véritablement : non pas que ma pensée puisse faire que cela soit de la sorte, et qu'elle impose aux choses aucune nécessité ; mais, au contraire, parce que la nécessité de la chose même, à savoir de l'existence de Dieu, détermine ma pensée à le concevoir de cette façon. Car il n'est pas en ma liberté  de concevoir un Dieu sans existence (cad un être souverainement parfait sans une souveraine perfection), comme il m'est libre d'imaginer un cheval sans ailes ou avec des ailes. «   Descartes, « Méditations métaphysiques «.   Descartes avait tout d'abord, dans son « Discours de la méthode «, montré que les idées que nous concevons clairement et distinctement, qui s'imposent donc à nous avec évidence, sont innées (antérieures à notre propre naissance) et vraies (auxquelles par conséquent nous pouvons nous fier). Par la suite, dans les « Méditations métaphysiques «, l'auteur avait avancé un argument a posteriori de l'existence de Dieu : j'ai en moi l'idée (claire et distincte) de parfait ; moi qui suis un être imparfait, je ne peux l'avoir posée en moi-même ; seul un être parfait peut donc être la cause de la présence en moi de cette idée de parfait (« Méditation troisième «). Dans le présent texte (« Méditation cinquième «) , Descartes double cet argument a posteriori d'un argument ontologique, purement conceptuel. Parmi les idées innées, se trouvent les nombres et figures mathématiques, mais aussi l'idée de Dieu, que l'auteur définit comme « un être souverainement parfait et infini «. A partir de cette définition, Descartes développe sa version de l'argument ontologique : il déduit l'existence de Dieu de son essence même. En effet, Dieu est par définition doté de toutes les perfections ; or l'existence est une perfection : l'existence en tant que perfection fait partie de sa définition. Dieu ne peut donc pas ne pas exister.

  • I) Il est possible de prouver l'existence de Dieu.

a) Dieu est plus grand que tout ce qui peut être pensé. b) L'intelligence de l'homme n'est pas aussi grande que Dieu. c) Si l'homme a l'idée de la grandeur de Dieu, c'est la preuve que Dieu existe.

  • II) Il est impossible de prouver l'existence de Dieu.

a) La connaissance objective a des limites. b) Dieu ne peut être connu objectivement.

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dieu

« que Dieu existe (« Discours de la méthode », IV et « Méditations métaphysiques », III). Cette preuve est, au fond, la formulation originale de l'argument ontologique de Saint Anselme (XI ième siècle).

Elle avait été critiquée par Gaunilon .

Kant la critique aussi dans la « Critique de la raison pure ».

Pour Kant , les preuves de l'existence de Dieu sont des niaiseries.

Il n'est pas possible de prouver l'existence d'un être transcendant.

Il est impossible de connaître un être qui nous dépasse.

Dans l'argument ontologique,le premier concept, ce n'est pas Dieu mais l'idée de Dieu .

Si nous disons Dieu , nous supposons qu'il existe avant même de le démontrer.

L'idée de Dieu est l'idée d'un être qui possède toutes les perfections.

Or, un être parfait est un être qui existe, donc l'idée de Dieu existe.

Il s'agit pour Kant d'un jugement analytique du type : un tri-angle a trois angles.

Un tel jugement n'ajoute rien à l'idée de triangle.

Le prédicat est contenu dans lesujet.

Les propriétés du triangle sont contenues dans le concept même de triangle.

L'argumentation de Descartes reste donc au niveau des idées. La preuve ontologique n'est qu'une misérable tautologie.

Pour Kant le concept n'est qu'une possibilité logique mais on ne peut pas conclure de la possibilité logique des concepts à la possibilité réelles des choses.

Autrement dit, de l'idée d'un Etre parfait, j'ai bien le droit de conclure à l'idéeque l'existence doit lui appartenir, mais nullement à son existence elle-même.

Dans la preuve cartésienne, le passage à l'existence, du Logique àl'Ontologique est indu.

Le concept est toujours possible quand il n'est pas contradictoire.

Ainsi, par exemple, le concept de carré est possible si jene lui attribue pas deux prédicats contradictoires.

A contrario, « poser un triangle en en supprimant les trois angles est contradictoire », mais si je fais disparaître à la fois le triangle et les trois angles, « il n'y a plus là de contradiction ».

Il en est exactement de même du concept d'un être absolument nécessaire.

Si vous lui ôtez l'existence, vous supprimez la chose avec tous ses prédicats : « Si je supprime le prédicat d'un jugement en même temps que le sujet, il ne peut jamais en résulter une contradiction interne ».

Ainsi , pour Kant , l'existence ne peut se constater que par la voie empirique et non par la Raison.

Il faut distinguer le niveau des idées de celui de la vie.

Existe-t-il un Dieu réel ? Nous ne pouvons pas répondre en nous appuyant sur les principes de la Raison. Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination.Or, avec Kant , l'illusion est portée au cœur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : laraison prétend connaître au-delà des limites de l'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans unphénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu ). « Etre n'est évidemment pas un prédicat réel, c'est-à-dire un concept de quelque chose qui puisse s'ajouter auconcept d'une chose.

C'est simplement la position d'une chose ou de certaines déterminations en soi.

[…] Le réelne contient rien de plus que le simple possible.

Cent thalers réels ne contiennent rien de plus que cent thalerspossibles.

Car, comme les thalers possibles expriment le concept, et les thalers réels l'objet et sa position en lui-même, si celui-ci contenait plus que celui-là, mon concept n'exprimerait plus l'objet tout entier, et par conséquentil n'y serait plus conforme.

Mais je suis plus riche avec cent thalers réels qu'avec leur simple concept (c'est-à-direqu'avec leur possibilité).

En effet, l'objet en réalité n'est pas simplement contenu d'une manière analytique dansmon concept, mais il s'ajoute synthétiquement à mon concept […], sans que les cents thalers conçus soient eux-mêmes le moins du monde augmentés par cette existence placée en dehors de mon concept.Quand donc je conçois une chose, quels que soient et si nombreux que soient les prédicats au moyen desquels jela conçois (même en la déterminant complètement), par cela seul que j'ajoute que cette chose existe, je n'ajouteabsolument rien à la chose.

[…]Cette preuve ontologique (cartésienne) si célèbre, qui prétend démontrer par des concepts l'existence d'un Etresuprême, fait dépenser en vain toute la peine qu'on se donne et tout le labeur consacré, et l'on ne deviendra pasplus riche en connaissances avec de simples idées qu'un marchand ne le deviendrait en argent si, dans la penséed'augmenter sa fortune, il ajoutait quelques zéros à son livre de caisse.

» KANT , « Critique de la raison pure ». L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer ( Platon , Descartes ), mais elle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouveempêtrée dans ses propres contradictions (antinomies : opposition d'unethèse et de son antithèse).

La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison se contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au-delà del'expérience.Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusiontranscendantale est inévitable, incorrigible, à l'inverse de l'erreur.

L'illusiontranscendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effortd'attention ne peut y remédier.La connaissance est unification.

Pas de connaissance sans données sensibles ; mais les formes apriori de la sensibilité (espace et temps) unifient déjà les données de l'expérience.

Puis cetteexpérience sensible est unifiée sous les catégories de l ‘entendement.

La raison, enfin, a pourdestination d'unifier toute la connaissance en un système sous des idées, le moi, le monde etDieu .

Ces idées ne sont donc que des formes organisatrices, ou des « principes régulateurs ».

Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par son essence même, à prêter à ces idées unevaleur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de la théologie des sciences à part entière,alors que nous n'avons aucune expérience sensible de ces objets, et ne pouvons en aucune façonen avoir.La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparencetrompeuse qui consiste à prêter une valeur objective à ces pures formes de laraison.L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priori. »

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