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Quelle est la valeur d'un exemple?

Publié le 23/03/2005

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VALEUR (lat. valeur , être bien portant, valoir)

La valeur d'une chose, c'est son prix; celle d'une personne, sa dignité. On peut estimer le prix d'une chose selon son usage ou selon la quantité d'autres biens contre laquelle l'échanger ( échange), c.-à-d. selon une fin. En revanche, la personne, ne pouvant être considérée comme un moyen en vue d'une fin, n'a pas de prix. Sa valeur est inestimable car inaliénable, intrinsèque. Cette distinction entre valeur relative (celle des moyens utiles) et valeur absolue (celle des fins en soi) est constitutive de toute morale qui affirme l'universalité de ses valeurs. Nietzsche, au contraire, pense que l'homme est l'auteur de toute valeur : il n'y aurait donc pas de valeur en soi, mais simplement des valeur s relatives à nos intérêts, des valeur s utiles (le Bien, le vrai) que leurs créateurs ne prétendent Absolues que pour imposer leurs choix comme universels.

L’exemple n'est jamais qu’un cas particulier, l’exemplaire singulier d’une classe plus globale. Étant donné cette qualité, quelle peut-être sa valeur ? Ce qui ne vaut que pour un seul ne vaut rien, serait-on tenté de dire. Pourtant, dans notre expérience quotidienne, nous nous appuyons sur des exemples pour régler notre conduite. Nous utilisons le parcours des autres ou leurs diverses démarches comme si elles pouvaient nous aider à prendre nos propres décisions. Depuis l’écolier qui fait son exercice en essayant de reproduire l’exemple qu’on lui a fournit avec la consigne, jusqu’à l’adulte qui en remplissant sa déclaration d’impôt consulte les divers exemples de saisis, nous nous servons tous d’exemples pour appliquer au mieux une règle, mais aussi pour expliciter notre pensée et pour accréditer une thèse dans le cadre d’un discours argumentatif. Pourtant, quelle que soit la place que l’on accorde aux exemples, cela ne garantit en rien leur valeur. L’exemple reste un cas particulier, qui est choisis à titre d’exemple soit par sa nature exceptionnelle, soit par sa nature conventionnelle. Quelle valeur peut-il avoir ? Peut-il nous aider à penser les règles générales ?  Peut-il nous permettre de les élaborer ou de les réfuter, malgré son caractère particulier ? Que vaut un exemple au regard d’une règle générale ?

« A.

L'induction telle qu'elle a été définie par Aristote dans les Second Analytiques consiste à généraliser une loi à partir d'exemples particuliers.

Si l'homme et le cheval viventlongtemps (ceux-ci étant des exemples, c'est-à-dire des échantillonssinguliers), et que je sais que l'homme et le cheval sont des animauxsans fiel, je peux en induire une loi générale qui me dirait que lesanimaux sans fiels vivent longtemps.

De même, si tous les corbeauxque j'ai vus sont noirs, je peux en induire une loi qui dirait que tous lescorbeaux sont noirs.

Dans cette perspective, chaque nouveau corbeaunoir que je rencontre confirment cette règle, de même que chaquenouvel animal sans fiel et qui vit longtemps confirme la règle selonlaquelle les animaux sans fiel vivent longtemps.

Les exemplespermettent donc de trouver une règle générale, et chaque nouvelexemple qui vient corroborer cette règle a valeur de confirmation.L'exemple est donc essentiel dans la recherche des lois de la nature,puisqu'il permet, à partir d'une somme d'expériences singulières, deproduire une idée générale, et même universelle : une loi.

B.

Dans ce cas, fonder une connaissance sur les exemples alors que cette connaissance se veut a priori , c'est-à-dire indépendante de toute expérience, constitue une erreur.

Kant, dans sa Métaphysique des mœurs montre qu'on ne saurait trouver la loi morale, départager ce qui est bon ou mal en s'appuyant exclusivement sur des exemples.La loi morale, pour être nécessaire, doit justement être connue par unautre moyen que celui de l'induction.

C'est pourquoi la loi morale kantienne porte sur la forme et non sur lamatière de ce qui est voulu.

Il faut agir de telle sorte que l'on puisse vouloir que la maxime de son actionpuisse devenir une loi universelle.

Autrement dit, il ne faut faire que ce que l'on voudrait que tout le mondefasse.

Cela vient du fait que selon Kant, la tentation consiste toujours à vouloir faire une exception pour soi.L'exception, contrairement au contre-exemple n'invalide pas loi, mais existe à côté d'elle.

Par exemple, je suiscontre le mensonge, je ne voudrais pas que tout le monde mente, mais je voudrais, juste pour une fois, pourmoi, faire une exception, et mentir sans que cela soit jugé être un mal.

C'est pour cela qu'il ne faut en aucuncas fonder la moralité sur des exemples.

Quelle est la valeur des exemples puisqu'ils ne permettent pasd'établir la loi ? seulement de montrer que l'application de la loi est possible.

Autrement dit, on nous montredes personnes vertueuses en exemple pour que le respect de loi morale ne nous semble pas irréalisable.

C.

La valeur d'un exemple fait aussi sa limite.

Popper, dans la Logique de la découverte scientifique écrit qu'à l'inverse, un seul contre-exemple peut permettre d'invalider la loi.

Il y a donc une asymétrie entre les deuxvaleurs de l'exemple et du contre-exemple : un exemple tend à renforcer notre confiance en cette loi (àchaque nouveau corbeau noir, je suis un peu plus persuadé que tous les corbeaux sont noirs), mais l'exemplene peut jamais en garantir la validité, puisqu'un contre-exemple reste toujours possible (rien ne me garantitque je ne verrai pas un jour un corbeau blanc qui fera s'effondrer toute la théorie).

Par contre, un seulcontre-exemple suffit à faire s'effondrer toute la théorie.

La valeur négative du contre-exemple est doncsupérieure en certitude à la valeur positive de l'exemple.

Un exemple n'a donc qu'une valeur relative à sasingularité.

On ne peut généraliser à partir d'exemples et espérer que cette généralisation soit permanente etvraie absolument.

Transition : pourtant, toutes les connaissances ne sont pas des connaissances de ce genre, et l'on peut supposer que l'exemple acquiert une valeur bien plus grande dans les domaines où le général ne peut précéder le particulier ets'appliquer à lui. III. Toute connaissance n'est pas une connaissance universelle, certaines connaissances sans fondées en droit sur le particulier. A.

Aristote, dans le chapitre 14 du Livre V de L'éthique à Nicomaque montre que l'universalité de la loi n'est pas seulement une force, mais qu'elle peut aussi être une faiblesse.

En effet, la loi, parce qu'elle est toujoursgénérale peut semblée inappropriée pour certains cas particuliers.

C'est pourquoi le juge, qui lui doit toujourstraiter de cas particuliers, doit non seulement faire preuve de justice (application de la loi), mais aussid'équité, c'est-à-dire qu'il a une certaine marge de manœuvre qui lui permet, tout en restant conforme à laloi, de tenir compte du cas particulier de chaque affaire.

Il peut par exemple tenir compte d'éventuellescirconstances atténuantes.

C'est ainsi également que l'on peut comprendre la notion de jurisprudence : lesjugements prononcés par les juges sont archivés et deviennent des lois.

Ils deviennent des exemples nonseulement pour les juges, mais aussi pour les avocats.

C'est donc parce que la généralité de la loi n'est pastoujours adaptée à la justice que la loi ne peut pas strictement parlant précéder les exemples.

B.

Certains domaines ne se prêtent donc pas à la critique que l'on a pu diriger précédemment contre l'exemple, puisque dans certains domaines, la loi ou la règle générale ne peut précéder l'exemple particulier nile déterminer.

Le même Kant qui explique que la loi morale est a priori et doit donc être déterminée indépendamment de tout exemple montre dans la Critique de la faculté de juger que le jugement esthétique ne peut, lui, être fondé a priori .

Le beau n'a pas de règles, rien ne permet donc de définir a priori ce qui est beau et ce qui ne l'est pas.

C'est seulement à partir de tel exemple particulier que l'on pourra dire si l'objet. »

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