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À quelles conditions une activité est-elle un travail ?

Publié le 10/09/2004

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travail
Un tel but reste absent de l'activité de l'animal, parce que ce dernier est prédéterminé pour obtenir ce qui lui convient sans avoir la possibilité de d'abord l'imaginer ou se le représenter « intellectuellement «. D'où la formule célèbre : « Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. « Le projet, la représentation du but à atteindre détermine le comportement du travailleur jusqu'à ce qu'il obtienne satisfaction. Chez l'animal, l'activité est au contraire réglée par l'hérédité des instincts de son espèce. et c'est d'ailleurs pourquoi, si l'on crève ou déforme la toile d'une araignée en cours de tissage, elle continuera à la tisser comme si rien ne s'était passé, obtenant alors un résultat sans efficacité. L'animal est incapable de corriger en cours de route un échec partiel, alors que le travail humain inclut cette capacité : dans la mesure où il s'agit de réaliser un projet, la réalisation doit être conforme à ce qui était prévu ou attendu, etles accidents de parcours entraînent des corrections, parce qu'un résultat final décevant est immédiatement imaginé et évité.
[II. Le travail comme activité transformatrice]
Si le travail ne consistait qu'à transformer des matières naturelles, on pourrait contester la différence soulignée par Marx : après tout, les animaux peuvent aussi modifier la nature par leurs activités (cf les barrages des castors). Mais le travail opère en réalité une transformation qui est double, et concerne, au-delà du milieu, le travailleur lui-même.Cette double transformation n'est pas encore soulignée par les philosophes de l'Antiquité, et il faut attendre les réflexions de Rousseau pour qu'elle soit thématisée sérieusement.
- Parmi toutes les sortes d'activités concevables, il s'agit de préciser ce qui permet de distinguer, au sens strict, le « travail «. - On doit donc ne pas se contenter d'un concept flou du travail (comme simple production d'une chose) : il faut en considérer le concept dans son acception proprement philosophique, comme double transformation (de la nature et du travailleur). - Attention au plan : il serait répétitif, et peu démonstratif, de prétendre passer en revue toutes les activités (art, jeu, etc.) en reposant à chaque fois la question de savoir s'il s'agit d'un travail.

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« [III.

Travail et histoire] S'il n'y a travail que lorsque l'activité transforme celui qui l'accomplit, on peut affirmer que, de manière générale, letravail se repère dans des activités favorisant une suite de modifications, c'est-à-dire une histoire.

C'est aussi l'unedes raisons pour lesquelles l'activité animale n'est pas un véritable travail : l'animal, même s'il « produit », resteconforme au modèle de son espèce, dont chaque génération ne peut que répéter les comportements de celle qui laprécède.

Le travail humain, au contraire, rend possible une histoire de l'humanité : il en élabore les conditions depossibilité et en définit le cadre.On pourrait en conséquence admettre que, chez l'homme, toute activité dont on constate qu'elle évoluehistoriquement participe, dans des proportions variables, du travail.

Évoquer ce dernier, c'est penser spontanémentaux tâches physiques (le paysan, l'artisan, l'ouvrier...) ou intellectuelles (l'ingénieur, le chef d'entreprise,l'enseignant...).

Mais on doit aussi considérer que des activités en apparence moins immédiatement liées à l'aspectéconomique de la production, ou plus « libres », présentent, au moins partiellement, les caractères du travail.

L'art,par exemple, implique des savoir-faire concernant ses matériaux, qui sont évidemment proches de tâches artisanalesou même industrielles.

Mais surtout, il transforme l'artiste lui-même, qui trouve confirmation de ce qu'il peut êtredans les oeuvres qu'il élabore.

Cela ne signifie pas que l'art soit entièrement assimilable à un travail : le savoir-fairen'y détermine pas à lui seul la qualité de l'oeuvre, et la « création » semble viser très au-delà de la satisfaction desbesoins.

Mais on a tort, en évoquant l'art, de passer trop souvent sous silence son aspect laborieux, qu'il soitmatériel ou intellectuel.

Et cela peut de plus nous rappeler que les besoins humains auxquels répond le travail sontdevenus bien différents de ceux que suscite la survie : le travail transforme aussi les besoins de l'homme, parce qu'illes satisfait les uns après les autres.Transformant l'homme en même temps que le milieu et les matières, lançant l'histoire humaine dans les différentsdomaines où elle se déploie, l'activité qui est un travail ne se contente pas de combler les besoins « primaires », ellesuscite de nouveaux besoins. [Conclusion] Ce qui singularise le travail dans l'ensemble des activités, c'est qu'il ne désigne pas uniquement, contrairement àl'image convenue, des activités pénibles.

Par contre, les activités en quête d'un plaisir immédiat (physique ou non)sont davantage de l'ordre du délassement que du travail : une partie de cartes implique sans doute que l'on suivedes règles et que l'on puisse anticiper sur les coups suivants, mais si un bon joueur peut progresser dans saspécialité, il ne fait pas progresser l'humanité pour autant.

Or le travail, au-delà de l'individu qui l'accomplit,concerne l'humanité en général : une activité apparaît ainsi assimilable à un travail lorsque son résultat ou sasignification dépasse son seul acteur.. »

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