Devoir de Philosophie

A quelles conditions un jugement peut il a la fois répondre a une exigence universelle et exprimer une personnalité ?

Publié le 01/04/2005

Extrait du document

Penser pour soi-même ; penser en se mettant à la place de tout autre ; toujours penser en accord avec soi-même : de telles maximes détournent du préjugé (celui qui veut être réellement l'auteur et le sujet de ses pensées ne peut ni ne doit se soumettre à son insu à des pensées toutes faites) ; elles conduisent à dépasser l'étroitesse d'esprit (cf. l'expression « esprit borné «), et à cultiver la cohérence propre à une pensée conséquente. Du même coup, la superstition, qui atteste l'hétéronomie ( = soumission à un autre) se trouve éradiquée. Ainsi, la personnalité tend à s'affirmer non plus comme l'expression non critique des impressions et impulsions immédiates, mais comme la capacité proprement personnelle de produire un jugement original au plein sens du terme. L'exigence de cohérence et l'exigence d'universalité se conjuguent pour mettre à distance toute assujettissement à une appréciation particulière, génératrice de contradictions dès lors qu'elle s'absolutise et tend à se heurter à des appréciations particulières opposées. L'accord fondé sur la raison n'est pas négation de soi, mais dépassement de ce qui tend à mettre les hommes en conflit. C'est pourquoi le « consensus « qui se construit sur la base d'une idéologie dominante elle-même liée à des intérêts particuliers n'a rien à voir avec un tel accord. Ce qui exprime authentiquement une personnalité, c'est un jugement singulier, et non un jugement soumis à des données particulières. La distinction est d'importance, puisqu'elle invite chaque individu à conquérir son originalité en se délivrant des limites diverses dont souffre, plus ou moins, toute situation existentielle.

• Une condition désigne ce sans quoi un phénomène ne se produirait pas. La question porte ici sur les données dont l'existence est indispensable pour qu'un jugement - c'est-à-dire un acte de la pensée établissant un rapport entre des idées - puisse à la fois se soumettre à des normes universelles, valables en tout temps et tout lieu et refléter la fonction par laquelle un individu prend conscience de soi comme d'un moi un et identique (la «personnalité«), • Le problème soulevé par la question est de savoir si une synthèse est possible, au niveau du jugement, entre, d'une part des éléments distinguant un individu particulier et, d'autre part, une forme universelle. Comment réaliser la synthèse du particulier et de l'universel ? Tel est le problème soulevé par la question. Si cette synthèse n'est pas possible, on ne voit pas comment une communication réelle pourrait s'établir dans la communauté humaine.

« particuliers, un acquis issu de ma personnalité, de mon expérience, de mes lectures, etc., à des normes beaucoupplus universelles, ici l'idée de mal, celle de société, etc.

Un jugement valable doit à la fois répondre à une exigenceuniverselle et exprimer une personnalité, c'est-à-dire renvoyer à un moi un et identique, à une conscience de soi.

Siun jugement demeure entièrement marqué par la personnalité, sans aucune référence à l'universel, il est limité et, enun sens, vain.

Il n'est même pas promesse de communication entre les hommes.À quelles conditions la synthèse souhaitée - avec accès à l'universel - est-elle possible ? À la condition, d'abord,qu'une véritable instruction et une authentique éducation modèlent l'homme, comme Alain le montre si bien dans cetexte.

La véritable instruction a vocation universelle : elle conduit l'homme dans des sphères variées, elle met enmesure de juger en se référant à des normes universelles.

Elle actualise donc, à travers le langage, l'exercice d'unjugement adéquatement formulé, jugement naissant de notre moi et, en même temps, le dépassant.

Sans uneéducation conduisant l'individu hors d'une sphère limitée et particulière, la synthèse des éléments particuliers(personnalité) et universels ne peut s'effectuer.Nous avons donc ici la première condition requise. B) L'élimination ou la mise à distance par l'intelligence des éléments irrationnels, passionnels, etc. Mais pourquoi, en profondeur, l'éducation représente-t-elle cette condition nécessaire à la synthèse entre l'universelet le particulier ? Parce qu'elle assure la mise à distance des éléments irrationnels ou trop subjectifs présents ennous : passions, sentiments, affections diverses, affects marqués par un excès de subjectivité, etc., nuisent àl'universalité du jugement.

À quelles conditions un jugement ré-pondra-t-il à une exigence universelle ? La mise àdistance des éléments irrationnels ou trop subjectifs nous apparaît comme une condition nécessaire.

En d'autrestermes, est exigé ici tout un travail de l'intellect (ou de l'entendement), travail qui dissoudra l'irrationnel desaffections diverses pour que l'emporte l'exigence universelle.

Néanmoins, le jugement, même purgé d'un excèsd'affectivité peut porter la marque de la personne, du moi un et identique.

Dans le domaine moral, politique, etc., lejugement adéquat est à la fois purifié, par l'intelligence, de son irrationalité, et en rapport avec le moi et lapersonnalité.Éducation, travail de l'entendement : autant de conditions permettant l'exercice d'un jugement universel etpersonnel.

Distinguons, enfin, une troisième condition. C) L'esprit critique et le doute. Enfin, pour qu'un jugement puisse s'effectuer sous le double signe de l'universel et du personnel, de ce qui estvalable pour tous et de ce qui est en rapport avec un moi, il doit être soumis, comme à une condition nécessaire, autravail de l'esprit critique et du doute.

L'esprit critique désigne cette attitude d'esprit n'admettant aucuneaffirmation sans avoir reconnu sa légitimité rationnelle.

Le doute (méthodique) désigne cette suspension dujugement conduite jusqu'à la certitude ou à la vérité, jusqu'à la certitude absolue.

Un jugement issu de la personneméritera d'être dit universel s'il a été soumis préalablement à l'esprit critique et au doute.

Dans le cas contraire, ilrisque fort d'être subjectif {et non point personnel) et d'échapper à l'universalité.Éducation, instruction, travail de l'entendement et du doute-, autant de conditions permettant l'exercicesynthétique du jugement, personnel et universel à la fois. Conclusion La synthèse de l'universel et du particulier semble donc possible, au niveau du jugement.

Ainsi la communicationest-elle généralement assurée entre les hommes.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles