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Quelles sont les difficultés propres aux sciences humaines ?

Publié le 08/02/2005

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b) A l'inverse, on s'accorde généralement à penser que ce qui fait la spécificité de l'humain, c'est le fait que le vécu humain mette en jeu des significations, des intentions, des anticipations, des symboles et des valeurs. L'homme donne un sens à ses propres actes comme à ceux des autres. Il prête des intentions à ses semblables. Il se laisse guider par certains idéaux. En résumé, l'homme dispose d'une capacité à symboliser. Ainsi, dans le domaine des sciences humaines, on n'a pas affaire à des choses inertes, mais à des semblables, ce qui pousse l'observateur à voir en eux les signes d'autre chose, des aspects non matériels tels que des sentiments, des croyances, des intentions, des désirs, des attentes, des projets, des buts, des calculs, des valeurs, etc. Il y a alors un processus d'identification à l'objet d'étude. En effet, qui d'entre nous, croisant par exemple dans la rue un couple enlacé, ne comprend-il pas immédiatement la scène, n'est-il pas spontanément porté à y voir beaucoup plus qu'un agencement particulier de deux corps humains ? En revanche, personne ne songe aujourd'hui sérieusement à prêter par exemple aux gouttes de pluie, quand elles tombent du ciel, la moindre intention de tomber, le moindre projet à long terme. c) Une des difficultés propres aux sciences humaines repose donc en cela que l'objet étudié dans ces sciences est beaucoup plus complexe que dans les autres sciences.

Les sciences humaines sont nées du projet d’appliquer à l’homme les modèles qui ont réussi dans les sciences de la nature. Mais elles se heurtent alors à cette spécificité qui est la leur : l’homme y est à la fois objet et sujet de sa recherche. Le modèle de la science expérimentale est alors mis en question et invite à se poser cette question : cet objet si singulier qu’est l’homme peut-il être soumis aux exigences de l’objectivité scientifique ? La connaissance de l’homme par l’homme n’est-elle pas nécessairement entachée de subjectivité ?

« séparer dans ces résultats d'un côté ce qui ressort véritablement de l'objet d'étude indépendamment de la situationde test, de l'autre ce qui est spécifiquement introduit par cette situation elle-même.c) Par conséquent, comme l'observateur lui-même est un homme, on rentre dans un cercle vicieux, car lescientifique essayera de déjouer le sentiment qu'aura son objet d'étude d'être « observé ».

Le scientifique a en effetconscience que son objet d'étude est conscient de son statut d'objet d'étude.

Il essayera ainsi de faire en sorteque l'homme étudié ne sente pas sa présence, mais il risque alors de complexifier son expérience à tel point qu'il n'encontrôlera plus les dérapages.

Levi-Strauss écrit d'ailleurs que : « La conscience apparaît ainsi comme l'ennemiesecrète des sciences de l'homme, sous le double aspect d'une conscience spontanée, immanente à l'espritd'observation, et d'une conscience réfléchie – conscience de la conscience – chez le savant.

» ( Anthropologie structurale, II) Transition : Le fait que dans les sciences humaines, le savant étudie son semblable ne doit-il pas par ailleurs nous interroger sur la neutralité du point de vue scientifique dans les sciences de l'homme ? L'impossible neutralité idéologique des sciences humaines.

3. a) Comme nous l'avons vu, l'homme qui étudie les hommes est en contact avec ses semblables : il est donc difficilepour le savant d'adopter une attitude suffisamment détachée et neutre.

Les faits abordés mettent par exemplesouvent en jeu des situations et des comportements susceptibles de raviver chez le sujet observant des sentimentspersonnels associés à certaines expériences antérieurement vécues.

Ce sujet peut alors, du fait de son implication,être conduit à des interventions déplacées ou à des conclusions erronées.b) Outre cela, il faut souligner que les sciences humaines s'efforcent de dire ce qu'est l'homme.

Du coup, énoncersur les faits humains et sociaux, c'est pour le scientifique, en un certain sens, énoncer sur lui-même.

Il se peut dansces conditions que ce scientifique, influencé par une certaine idée de l'homme à laquelle il tient spécialement sansforcément d'ailleurs s'en apercevoir, ne se livre pas à l'observation et à l'interprétation de la réalité humaine etsociale étudiée avec toute l'objectivité souhaitée.

En guise d'exemple, rappelons que Nietzsche, glosant au sujet de la science qu'il souhaitait voir advenir, nous mettait en garde : « Une physio-psychologie digne de ce nom entre forcément en lutte contre des résistancesinconscientes dans le cœur du chercheur ; elle a le « cœur » contre elle.

Unethéorie qui affirme l'interdépendance des « bons » et des « mauvais »instincts suffit à troubler une conscience même vigoureuse et courageuse,car elle y perçoit une subtile immoralité ; à plus forte raison une théorie quifait naître les bons instincts des mauvais » ( Par-delà bien et mal , §23). c) Enfin, il faut encore mettre en avant le fait que le savoir est un instrumentde pouvoir et que cette vérité générale est dans le cas des scienceshumaines susceptible de conséquences spécialement graves.

Il peut en effetarriver, dans certains contextes politiques et sociaux, que le contenu de cessciences soit – de manière plus ou moins consciente et calculée – déterminémoins en fonction des données objectives disponibles qu'en vue de diffuserune certaine conception des choses, voire d'endoctriner.

Que l'on songe parexemple aux multiples versions de l'histoire que véhiculent les manuelsscolaires, selon le pays, l'époque et le régime politique… Conclusion :Dans une première partie, nous avons indiqué le fait que l'objet propre auxsciences humaines, à savoir l'homme, était différent de celui des sciences dela nature en cela qu'il véhiculait des significations et des intentions.

Nousavons ensuite mis en avant le fait que l'acte d'observation, dans les sciences de l'homme, modifiait le comportement de l'homme observé.

Enfin, nous avons souligné la difficulté qui se faisait jourrelativement à la neutralité des sciences humaines.. »

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