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Y a-t-il quelque chose d'éternel ?

Publié le 13/04/2004

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Et certes, cette connaissance n'est pas le partage de la Physique, car la Physique a pour objets des êtres susceptibles de mouvement; elle ne revient pas non plus à la Science mathématique, mais à une science supérieure à l'une et à l'autre. La Physique étudie des êtres inséparables de la matière, et qui peuvent être mis en mouvement ; quelques-uns de ceux dont traite la Science mathématique sont immobiles, il est vrai, mais inséparables peut-être de la matière, tandis que la Science première a pour objet l'indépendant et l'immobile. Toutes les causes sont nécessairement éternelles ; les causes immobiles et indépendantes le sont par excellence, car elles sont les causes des phénomènes célestes... «. La science suprême dont parle Aristote ici est la métaphysique, c'est-à-dire cette science qui va au-delà de la physique et qui porte sur les questions des êtres éternels etc. Notre question se situe donc dans le champ de la métaphysique. En effet, rien dans ce que nous appelons la physique n'est susceptible d'être éternel en raison même du l'existence du temps dans notre monde qu'Aristote comme « sublunaire «[2], c'est-à-dire d'un monde soumis au changement, à la corruption du temps. Or il y a des êtres éternels b) Or comme on peut le voir dans la Métaphysique, Aristote voit dans la théologie astrale le seul fondement possible d'une théologie scientifique. Les Astres dieux y prennent la place des Idées platoniciennes. Notre monde sensible est monde sublunaire. Le monde céleste n'est pas l'image mais la réalisation toujours positive de l'ordre, de l'unité, de l'immuabilité qui manquent à notre monde.

  • éternel, éternité:

Qui est soustrait au devenir temporel, sans commen­cement ni fin. Contrairement au temps, l'éternité n'implique pas les idées de succession et de changement.

« manière de prouver l'existence de Dieu [3].

Or de ce point de vue, on peut dire que l'un des tentatives les plus marquantes a été celle que met en exergue Saint Anselme de Cantorbury dans le Proslogion : preuve que l'on baptisera du nom de preuve ontologique.

Il s'agit d'une définition logique de l'être éternel (Dieu).

Etant donné son saperfection, il doit avoir a priori l'ensemble des prédicats et qualités possibles définissant justement sa perfection.Dès lors le prédicat de l'existence ne peut manquer de lui appartenir.

Quelque chose d'éternel existe alors, Dieu etdès lors, l'homme étant à son image selon le récit biblique, son âme l'est aussi.

Transition : Ainsi semble-t-il pertinent et fondé de dire qu'il y a effectivement un être éternel, qu'on le nomme premier moteur ouDieu etc.

sans oublier l'âme, principe immatériel.

Cependant, on peut se demander sur quoi repose l'existence d'unêtre éternel.

En effet, n'est-ce pas une pétition de principe de chercher à prouver l'existence d'une chose que l'onconsidère comme déjà existante ? De même peut-on dire que l'existence a le même statut que n'importe quelprédicat ? Peut-on la déduire ? et dans ce cas, la métaphysique ne verse-t-elle pas dans le dogmatisme ? II – Examen critique a) Le problème de l'existence d'une chose éternelle est en effet celui de la valeur et du fondement d'un teljugement.

Et c'est bien l'un des problèmes que pointera Kant dans la Critique de la Raison pure , plus particulièrement dans la « Dialectique transcendantale ».

Dire qu'il existe une chose éternelle c'est raisonner a priorisans pouvoir faire référence à l'expérience.

Autrement dit, c'est verser dans l'abstraction car c'est produire unconcept, notamment celui de Dieu ou d'âme sans pouvoir lui trouver une correspondance pratique, c'est-à-direproduire un concept vide de sens dans la mesure où il est invérifiable par l'expérience.

Et c'est bien là le cœur duproblème.

Il semble même qu'il y ait une incompatibilité intrinsèque entre une question portant sur l'existence, telleque celle de notre sujet, et la question de l'éternité.

Plus simplement, ce type de question dépasse de très loin lescapacités et facultés de l'homme : il n'a pas accès à la sphère de l'éternel de par sa finitude même.

Au mieux,l'homme pourrait avoir une expérience du « toujours là » comme par exemple le soleil, mais de là à dire qu'il estéternel, il y a un pas à franchir qui dépasse les possibilités mêmes de la connaissance humaine.

La métaphysiqueporte des jugements qui vont donc bien au-delà de ce qui est potentiellement connaissable ; dans ce cas, il s'agitd'une abstraction qui ne préjuge en rien de l'existence ou non d'une entité ou d'un être éternel.

C'est pourquoi unexamen critique de la raison pure est nécessaire et cela d'un point de transcendantal.b) Dès lors il faut introduction une distinction conceptuelle essentielle pour bien saisir l'enjeu du sujet : il s'agit de ladistinction entre penser et connaître.

En effet, on peut penser un être éternel mais on ne peut pas le connaîtrecomme on peut le comprendre à travers « Analytique transcendantale » dans la Critique de la raison pure de Kant . Penser n'implique pas la condition de l'existence tandis que connaître nécessite de facto cette existence et ce pourproduire une connaissance positive.

Toutes nos connaissances commencent avec l'expérience et ne doivent pasdépasser le champ de l'expérience au risque sinon de verser dans le dogmatisme le plus complet.

Or la métaphysiqueétend son étude justement au-delà de cette sphère.

Ainsi pouvons-nous penser au-delà des sens mais nonconnaître.

Connaître c'est saisir les déterminations d'un concept dans l'intuition ; plus simplement c'est comprendrele rapport entre un concept et son effectivité dans le réel.

Autrement dit, chez Kant nous n'avons pas accès à la« chose en soi », nous n'en avons que des représentations phénoménales.

Le monde des phénomènes est le mondetel que nous le percevons, quant à l'existence d'une chose en soi, il s'agit d'une hypothèse, c'est-à-dire del'existence de la chose autrement qu'elle nous apparaît donc telle qu'elle est originairement.

Par exemple, si je voisune table, je ne peux connaître cette table que telle qu'elle m'apparaît relativement à mes sens, quant à savoir ceque pourrait être la table en dehors de sa représentation phénoménale pour moi, je ne puis le savoir.

Or poserl'existence d'un être éternel c'est faire ce type de raisonnement.c) Dans ce cas, il devient alors possibilité de développer une réfutation radical de l'idée d'un être éternel tel que lefait Kant dans la Critique de la raison pure dans « l'Analytique transcendantale ».

On peut repérer à travers l'histoire de la philosophie et de la métaphysique trois preuves ou tentatives de l'existence d'un être éternel : lapreuve ontologique, la preuve cosmologique et la preuve physico-théologique.

La preuve ontologique repose surl'idée qu'en posant un être éternel on suppose un être le plus parfait possibilité possédant donc tous les attributspossibles ; de cette perfection on déduit que l'existence en fait nécessairement partie.

Or de même de cent thalersen pensée ne font pas que ma richesse réelle, on peut dire que l'existence n'est pas un prédicat nécessaire oudéterminable a priori de manière purement logique.

Deuxièmement, la preuve cosmologique insiste sur la nécessité del'existence d'une intelligence supérieur, d'un architecte du monde ou plus exactement de la nécessité d'un premiercommencement du monde donc d'une cause de ce dernier ; cause que l'on trouverait à travers l'existence d'un êtreéternel.

Or rien n'indique une telle nécessité, à part peut-être un besoin de la raison.

Enfin, la preuve physico-théologique affirme l'existence d'un être éternel en raison de l'ordre et de la beauté régnant dans le monde ce quiserait la preuve d'un plan supérieur donc de l'existence d'un être éternel.

La preuve physico-théologique conclut del'ordre du monde à son origine dans un être suprême comme causalité intelligente et libre.

Or dire cela c'estretomber dans les mêmes difficultés des deux premières preuves.

Transition : Il n'est pas possible d'affirmer positivement comme une connaissance sûre l'existence d'un être éternel à moins deverser dans le dogmatisme et de ne pas faire la distinction entre penser et connaître.

Il est donc impossible deprouver l'existence d'un être éternel.

Mais alors que dire et que faire de la croyance en un être éternel ou àl'existence d'une âme survivant au-delà de la mort du corps ? Faut-il tout rejeter comme étant une enfance de laraison ou y a-t-il une certaine légitimité à penser un être éternel, voire un besoin ?. »

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