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A quels caractères reconnaît-on l'intelligence pratique ?

Publié le 14/03/2004

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Une poule se précipite sur le grillage, recule, recommence, va et vient, sans fin, à moins que, par hasard, elle découvre l'issue. Un chien essaye une ou deux fois d'atteindre directement la nourriture, puis il fait le détour. La méthode des tâtonnements représente une conduite primitive. On peut donc déterminer le niveau d'intelligence pratique de l'animal ou de l'enfant à partir d'une série de tests : problèmes de détour, problèmes d'éloignement, des obstacles. La première caractéristique de cette intelligence sera la rapidité avec laquelle un animal est instruit par ses échecs ou erreurs; l'intelligence pratique, c'est d'abord savoir, grâce à l'expérience, corriger sa conduite.Contrairement aux conduites stéréotypées, la conduite intelligente est capable d'adaptation devant une situation nouvelle, de réagir par une conduite nouvelle, aux objets et aux conditions extérieures encore inconnus. Autrement dit, une des caractéristiques du comportement intelligent est sa plasticité. On peut remarquer ici que la plus grande difficulté consiste dans une inhibition des suggestions motrices de l'instinct. Quand la poule aperçoit, à travers le grillage, la poignée de graine, sa réaction première est et reste de se précipiter Sur elle. Elle est incapable de rompre le circuit perceptivo-moteur qui est une exigence de ses automatismes.

« marteau, c'est différer d'enfoncer le clou...

pour l'enfoncer plus facilement.

Marx a repris à son compte la définition de Franklin : l'homme, écrit-il, est un toolmaking animal, un « animalfabricateur d'outils » (Le Capital, 1867).

On dit souvent, dans le même sens,que l'homo sapiens est d'abord un homo faber. Si l'animal supérieur est capable d'utiliser, voire de façonner son instrument,c'est qu'il peut percevoir un rapport pratique entre plusieurs objets, entre ladistance à laquelle se trouve sa nourriture et les dimensions réelles oupossibles des bâtons laissés à sa disposition.

D'une façon générale, l'inventiondépend de la perception de ces rapports ; la perception des rapports peutêtre considérée comme une définition de l'intelligence pratique ouconceptuelle.Quand l'homme fabrique un outil, il se dégage du rapport actuel entre lemoyen présent et le but présent de son action.

Un outil suppose laconception d'un grand nombre de rapports possibles, c'est-à-dire unegénéralisation, gui suppose le plus souvent le secours des possibilités dedéduction, d'analyse de la pensée conceptuelle.En fait, entre l'intelligence animale et l'intelligence enfantine, qui vont de pairpendant un certain temps, un fossé se creuse, lorsque l'enfant apprend àutiliser le langage.

L'enfant est dès lors capable de résoudre des problèmespratiques devant lesquels les singes les mieux doués échouent.Entre l'intelligence pratique des enfants et celle des adultes, il n'y a pas de caractéristique bien définie.

Là encore, on passe par degrés d'un comportement où la solution est cherchée, dans ledésordre des tâtonnements auxquels se mêlent des inventions limitées et sporadiques, à la conduite de l'adulte, quise développe sans hésitation, de façon méthodique.

Une action est pensée dans sa totalité, problème, moyens etbut, avant que d'être entreprise.

Elle est systématisée.

Si le problème consiste à chercher un objet dans une pièce,l'exploration enfantine s'opère par allées et venues, retour, recommencements, tandis que l'exploration d'un adultes'ordonne selon un trajet unique, conçu de telle façon qu'il ne laisse aucun endroit non visité.

La méthode quicommande les gestes et les démarches aboutit à une grande économie d'effort ; elle acquiert une sorte de simplicitégéométrique, d'ailleurs plus efficace.

Être intelligent, ce n'est pas seulement réussir, c'est réussir de façon simple,sans dépense inutile de moyens.Ainsi, nous avons vu peu à peu se caractériser l'intelligence pratique : Résistance aux impulsions instinctives,possibilité de modifier la conduite à partir des erreurs et des échecs, invention d'une riposte nouvelle, adaptée avecprécision aux situations nouvelles, acquisition de la simplicité et d'une économie efficace des moyens, pouvant allerjusqu'à l'élégance ; tout ceci constitue le caractère original de la conduite intelligente et la distingue bien d'autresmodes de réaction moins évolués.

Cependant, au cours de notre développement, nous avons été amenés àemployer des termes tels que conscience de questions, de problèmes, élaboration des rapports, et pensée abstraite,ce qui montre bien qu'en définitive, on ne peut chez l'homme distinguer nettement intelligence pratique etintelligence conceptuelle.

Celle-ci apporte à celle-là la rapidité dans la découverte de la solution, et celle-là apporteà celle-ci les confirmations indispensables de la pratique, sans lesquelles l'intelligence ne serait qu'un mécanismevide et sans pouvoir réel.

L'intelligence prend des formes diverses, mais fondamentalement, elle est une.. »

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