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Quels sont les excès et quelles sont les limites de la raison ?

Publié le 07/09/2004

Extrait du document

Le thème du texte doit donc être précisé, quant à la façon dont il est envisagé, à partir d'une définition de la notion de vérité. Si la violence est dans les choses, la vérité ne semble pouvoir se situer que dans le discours que l'homme tient sur les choses. « Le vrai n'est pas un terme transcendantal' «  (Spinoza, Pensées métaphysiques). Est vrai ce qui décrit, ou rapporte, la réalité telle qu'elle est. Un récit est vrai lorsqu'il raconte les choses telles qu'elles se sont effectivement passées (Spinoza, même référence). La vérité scientifique est ce qui qualifie la conception que l'homme se fait du réel lorsque celle-ci en saisit effectivement l'agencement interne, les relations de cause à effet qui le sous-tendent. Essayer de penser le rapport entre vérité et violence relève donc d'une difficulté majeure, que le texte souligne : les deux termes sont en quelque sorte incomparables, car ils relèvent de registres distincts. Comment peuvent-ils se faire la guerre, sinon par termes interposés : l'entité violence semble toujours à l'oeuvre dans telle ou telle tendance oppressive ou répressive ; la vérité, comme but d'une recherche, objet d'une exigence, suscite elle aussi chez les hommes une énergie agissante. Le caractère paradoxal du thème envisagé n'en est pas moins fortement marqué dans le texte. Comment rendre compte de la ténacité d'un conflit qui a lieu entre deux termes pourtant étrangers l'un à l'autre et, à ce titre, apparemment impuissants l'un sur l'autre ?

« Sur quoi porte précisément le texte proposé ? Sur le conflit séculaire entre violence et vérité.

Pascal précised'emblée la nature de ce conflit, en parlant d'une guerre, et en assigne même le responsable premier, enécrivant : « la violence essaie d'opprimer la vérité.

» Bref, l'agresseur est bien la violence elle-même, ce qui nesaurait surprendre compte tenu de ce qui la définit : entendue en son sens strict, la violence n'est pas autrechose que l'exercice brut de la force, sans égard pour le droit ni même l'existence d'autrui.

Si l'on parle de laviolence des éléments naturels (un ouragan) c'est que la force de la nature s'y manifeste de façon brute, selonson élan propre.

Appliquée aux sociétés humaines, aux relations entre les hommes, elle est le fait de volontésparticulières s'imposant à d'autres volontés particulières par la mise en jeu nue et brutale d'un rapport deforces, sans égard ni au droit ni aux exigences morales.

Dans le texte de Pascal, la violence est traitée commeune sorte d'entité, abstraction personnifiée servant à désigner toutes les formes particulières de violence quiagissent dans l'histoire (meurtre, censure, répression, torture, etc.).

Force d'oppression, la violence rencontresur son passage la vérité, et tente de l'opprimer elle aussi.De quelle façon Pascal aborde-t-il le thème qu'il envisage ? Le conflit ainsi aperçu peut-il avoir vraiment lieu, sil'on reconnaît que les deux termes en présence relèvent de deux ordres tout à fait différents, hétérogènes l'unà l'autre ? Le thème du texte doit donc être précisé, quant à la façon dont il est envisagé, à partir d'unedéfinition de la notion de vérité.

Si la violence est dans les choses, la vérité ne semble pouvoir se situer quedans le discours que l'homme tient sur les choses.

« Le vrai n'est pas un terme transcendantal' » (Spinoza,Pensées métaphysiques).

Est vrai ce qui décrit, ou rapporte, la réalité telle qu'elle est.

Un récit est vrai lorsqu'ilraconte les choses telles qu'elles se sont effectivement passées (Spinoza, même référence).

La véritéscientifique est ce qui qualifie la conception que l'homme se fait du réel lorsque celle-ci en saisit effectivementl'agencement interne, les relations de cause à effet qui le sous-tendent.

Essayer de penser le rapport entrevérité et violence relève donc d'une difficulté majeure, que le texte souligne : les deux termes sont en quelquesorte incomparables, car ils relèvent de registres distincts.

Comment peuvent-ils se faire la guerre, sinon partermes interposés : l'entité violence semble toujours à l'oeuvre dans telle ou telle tendance oppressive ourépressive ; la vérité, comme but d'une recherche, objet d'une exigence, suscite elle aussi chez les hommes uneénergie agissante.

Le caractère paradoxal du thème envisagé n'en est pas moins fortement marqué dans letexte.

Comment rendre compte de la ténacité d'un conflit qui a lieu entre deux termes pourtant étrangers l'un àl'autre et, à ce titre, apparemment impuissants l'un sur l'autre ? C'est que la force brutale peut,momentanément, vaincre, mais non pas, selon le mot du philosophe Miguel de Unamuno s'adressant auxgénéraux franquistes, convaincre.

Victoire précaire que celle de la force instantanée.

Victoire précaire sansdoute, car elle ne peut s'emparer de l'essentiel : la conscience raisonnable des hommes, force intérieure dontrelève un potentiel irréductible d'initiative.

En assumant la réalité paradoxale du conflit entre violence et vérité,en en prenant toute la mesure, Pascal se donne les moyens de défendre en fin de compte une thèse décisive :celle de la victoire, à terme, certes, mais déjà inscrite dans l'ordre des choses, de la vérité sur la violence.Quel type d'argumentation conduit à l'affirmation d'une telle thèse ? Une étude rapide du mouvement du textepermet d'en saisir les principaux moments.

La première phrase définit non le problème précis abordé par laréflexion, mais le thème général envisagé : la « guerre » entre violence et vérité.

Parler de guerre, c'est déjàassigner une responsabilité : celle de la violence.

Les phrases suivantes (deux, trois et quatre) constituent ledeuxième moment du texte.

Elles explicitent les caractéristiques paradoxales de cette guerre.

Pascal envisaged'abord successivement l'impuissance de l'une sur l'autre ; puis il évoque ce qui se passe dans les deux ordresdont elles relèvent.

Pour la violence, impuissante, donc, en face de la vérité, c'est l'ordre de la force, où la «règle » est celle du rapport de forces (« la plus puissante détruit la moindre »).

Pour la vérité, elle-mêmeimpuissante « pour arrêter la violence », c'est celui des discours, où l'emporte celui qui met le mieux en jeul'exigence de vérité et la conviction, à condition du moins que la raison d'être de ces discours soit bien larecherche du vrai (la séduction rhétorique, en cherchant d'un même mouvement à impressionner l'auditeur et àdésamorcer sa vigilance critique, ne met-elle pas en jeu une sorte de violence ?) Faut-il donc conclure à uneradicale extériorité des deux domaines, permettant ainsi à chaque terme de régner sans partage là où il avocation à le faire ? Une telle hypothèse serait lourde de conséquences, puisqu'elle marquerait les limitesinfranchissables de l'exigence de vérité, et corrélativement l'irrémédiable empire de la violence.

Pascal ne serésoud pas à cette hypothèse. « Ce qui est rationnel est réel, et ce qui est réel est rationnel.

» Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821.Hegel proclame ici la rationalité du devenir historique.

Rien au monde n'est inintelligible ou incompréhensible ;on peut trouver une explication, une raison à tout.. »

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