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Quels types de rapports l' artiste entretient-il avec la nature ?

Publié le 27/02/2005

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 » L'artiste doit faire son choix, et quitter oui ou non, la civilisation. On préfère au début du 19e siècle la nature sauvage où l'homme n'a rien touché, les montagnes plutôt que les villes habitées. Le romantisme prône donc un retour général à la nature. Barbizon, petite bourgade près de Fontainebleau accueillit un certain nombre de peintres dès les années 1820. Ces artistes y cherchèrent un retrait loin de la civilisation, et une certaine fuite de la société urbaine. Vers les années 1830, ces peintres atteignirent leur maturité artistique. On compte à leur nombre, Corot, Daubigny, Diaz de la Pena, Théodore Rousseau, Millet, Troyon. Cependant, ils utilisèrent des moyens d'expression différents mais se rejoignirent par leur volonté d'étudier le modèle sur le motif.   Les impressionnistes sont fascinés par les phénomènes atmosphériques et leur mouvement. Ils vont peindre le temps tel qu'il s' écoule, et ne s'intéressent, dans la nature, qu'à ses changements selon la lumière, le climat, le mois, l'heure, et autant d'agents dont l'effet est de dissoudre les contours des choses, d'effacer tout ce qui définit et immobilise.

 L’artiste entretient des rapports particuliers à la nature dans la mesure où on attend de lui qu’il en donne une reproduction. Mais c’est là avoir une vision bien étroite de l’art. Son rapport excède celui d’un simple médium de la nature, il révèle la part divine que possède la nature, il révèle sa beauté, sa grandeur et sa place fondamentale dans la vie humaine. Mais en aucun cas, il ne doit se contenter d’imiter celle-ci, il n’est pas un miroir. Ce rejet de l’artiste comme imitateur aboutira à l’art abstrait. L’artiste a un rapport passionné à la nature qui l’amène à la rejeter ou en à en faire l’objet principal de son œuvre.

« Pour Hegel, dans son Esthétique , reproduire la nature est un travail superflu.

C'est un travail inutile etprésomptueux car l'homme n'est pas Dieu.

Ce genre de peinture n'est qu'unecaricature du réel.

C'est une fin pour l'art que de vouloir tromper un publicnaïf.

Et cela risque de provoquer l'ennui et le dégoût.

Une peinture parfaite dela réalité ne sera jamais un chef d'œuvre.

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Mais l'imitation n'est pas aisée,même si le principe en est simple ; jusqu'où imiter et comment ? Après avoirchoisi la belle nature, il convient parfois de lui ajouter de l'artifice pour mieuxla reproduire ; il lui faut du génie « du ciel l'influence secrète » – mais aussidu métier, et c'est ici qu'interviennent les règles, et que le didactisme sedonne libre carrière.

L'art ne serait pas naturel mais codification, conventionqui permet tout simplement que l'art soit possible.

Il n'y aurait plus rien denaturel dans l'art, puisque tout serait artifice ? En effet, il n' y a rien denaturel de reproduire la nature sur une toile avec les règles de la perspective.Comme l'a montré Francastel dans Peinture et Société , la perspective n'a rien de naturel, elle est historiquement datée et elle est vouée à disparaître, cen'est pas le sommet de la peinture ni de la technique, juste une techniqueparmi d'autres.

Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.

C'est pour nous etnon en soi et pour soi qu'un être naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plusun exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machinesqu'à peindre un coucher de soleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de lanature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peut doncfaire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essenceune intériorité qui cherche à s'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veutse rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de semontrer.

L'art étant historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religiongrecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art,que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religionchrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui asouffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont lepassage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raisonque la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. 3) L'artiste abstrait refuse le rapport à la nature.

Donnons une définition de la peinture abstraite : La peinture abstraite est celle qui ne représente pas les apparences visibles du monde extérieur, et qui n'est déterminée, ni dans ses fins, ni dans ses moyens, ni dans sonesprit, par cette représentation.

Ce qui caractérise donc, au départ, la peinture abstraite, c'est l'absence de lacaractéristique fondamentale de la peinture figurative, l'absence de rapport de transposition, à un degréquelconque, entre les apparences visibles du monde extérieur et l'expression picturale . Désormais le travail du peintre concerne la nature de la peinture : celle-ci est tout ensemble la forme et le contenu des tableaux.

Ils netirent plus leur sens que de la peinture, de son support, de l'histoire de son procès d'application.

Il s'agit de peindre. »

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