Devoir de Philosophie

QUENEAU: Zazie dans le métro (Fiche de lecture)

Publié le 20/11/2010

Extrait du document

lecture

«Zazie, déclare Gabriel en prenant un air majestueux trouvé sans peine dans son répertoire, si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t'y conduirai.

— Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con.«

lecture

« «Alors, tu t'es bien amusée ? Comme ça. — T'as vu le métro ? — Non. Alors, qu'est-ce que t'as fait ? J'ai vieilli.» 2.

UN UNIVERS LUDIQUE Le récit progresse par enchaînement de scènes cocasses, à la façon des procédés cinématographiques que connaîtbien Raymond Queneau.

Les dialogues et les monologues priment sur la narration proprement dite.

Rien de réalistedans ce Paris de carte postale où Gabriel confond tous les monuments, qui est peuplé de fantoches et depersonnages extravagants, liés de façon fugace et invraisemblable.

Pas de vraisemblance non plus dans la conduitedu récit ; les personnages se rencontrent, se poursuivent, disparaissent.

Trouscaillon se métamorphose : sous lenom de l'inspecteur Bertin Poirée, il tente de séduire Marceline, puis s'oppose à tous les autres sous l'identitéd'Aroun Arachide (souvenir burlesque du sultan des Mille et une nuits).

Grâce à ces procédés de roman noir, les héros échappent à l'offensive du «magma humain des troupeaux de loufiats», mise en valeur par des hyperboles. L'invention verbale régénère ainsi la langue littéraire : c'est tout le charme de ce roman, qui débute par la graphiecélèbre «Doukipudonktan 9» (d'où qu'il pue donc tant ?) bientôt suivie de «Skeutadittaleun» (ce que tu as dit tout àl'heure), et autres «Charlamilébou» (Charles a mis les bouts).

Les calembours, les mots d'argot de la «mouflette»campent mieux son personnage que toute description psychologique ; de même que l'emploi répété de l'adverbe«doucement» caractérise la placidité de Marceline. Des niveaux de langue très éloignés dans l'usage coexistent au sein de mêmes phrases ; ainsi, dans ce passage, quiregroupe périphrase, métaphore et épithète homérique : «Bin oui : y a grève.

Le métro, ce moyen de transport éminemment parisien, s'estendormi sous terre, car les employés aux pinces perforantes ont cessé tout travail.» Raymond Queneau s'est toujours appliqué à rapprocher poésie et roman et, dans ce dernier genre, personnages etcitations sont placés de façon à créer des effets de rimes.

C'est le cas dans Zazie dans le métro, où la prosodie secrète du roman se lit dans des phrases qui deviennent refrains : la destination des touristes pour «Gibraltar auxanciens parapets», comme le délicat parfum de Gabriel, «Barbouze, de chez Fior», et enfin le célèbre «Tu causes, tucauses, c'est tout ce que tu sais faire» du perroquet Laverdure. L'amour des êtres et de leur langage, l'importance accordée au quotidien, la rêverie et l'humour sont les constantesdu monde de Queneau.

Né d'un rigoureux travail stylistique, cet univers est souvent absurde et accepté comme tel,dans une vision bienveillante et lucide qui nous attache à l'oeuvre de cet écrivain. 384. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles