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Qu'est-ce qui caractérise au plus haut point l'homme : le désir ou la volonté ?

Publié le 12/03/2004

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Considérer l'oeuvre de l'humanité sur terre, depuis son commencement jusqu'à nos jours, nous incline à rejoindre les considérations cartésiennes sur l'essence même des êtres humains :« devenir comme maîtres et possesseurs de la nature ». Cependant cette prescription d'un pouvoir humain sur la nature, d'une suprématie du règne de l'homme sur celui, intégral, du vivant et de la matière, engendre fatalement une interrogation philosophique sur la nature du moteur même qui est à la source de cette omnipotence. Ici commence une polémique incessante, entre philosophes :pour les uns, il s'agît du désir ; pour les autres, c'est la volonté humaine qui prime dans cette formidable maîtrise. Nous touchons là une question philosophique fondamentale : celle de savoir ce qui caractérise l'être humain. Si nous pouvons définir communément le désir humain comme tendance consciente vers un objet déterminé, la volonté, quant à elle, sera plutôt caractérisée comme activité réfléchie et consciente. L'homme sera alors cet être conscient, tiraillé entre ses tendancesvers des objets et ses choix réfléchis, ses déterminations à l'action. Désir et volonté sont ainsi tous deux convoqués, en tant que principes de l'action humaine, par le tribunal philosophique qui cherche à savoir lequel des deux caractérise au plus haut point l'homme : qu'est-ce donc qui caractérise le mieux l'homme : la tendance ou le choix ? Qu'est-ce donc qui, au sein de la conscience humaine, domine son activité ? Désir et volonté ne sont-ils pas antinomiques ? La vie n'est-elle pas, plus profondément, une confusion de ces essences au sein de cet être que l'on nomme homme ?

« Cette problématique sous-tend une question essentielle qui fait l'objet d'une alternative.

En effet, si l'homme sedéfinit plus par le désir que par la volonté, c'est alors la sphère naturelle des désirs (ceux, immédiats, physiologiqueset corporels) qui prend le pas sur celle, culturelle, des déterminations puisque toute volonté traduit une réflexion,une délibération, une décision et, in fine , l'action qui en découle. À en croire Aristote, l'homme aune essence double : il est un « animalpolitique » (cf.

La Politique ).L'homme fait avant tout partie du règne animal puisqu'il est mû par des désirs.

Mais ces désirs se cristallisent dans un désirfondamental d'une seule et même finalité : celle de la « vie bienheureuse ».La volonté humaine sera donc la traduction, en actes, de ce désir immuablequi donc le caractérise fondamentalement comme « vivant des cités ».

Cettevolonté politique prime donc sur ses désirs épars puisqu'elle est la consciencemême de l'homme que son bonheur ne peut se réaliser que dans le cadre de lacommunauté politisée, avec ses semblables. Mais il y a cependant bien ambivalence, parasitage des désirs sur la volontéréfléchie.

Épicure prend acte de cela puisqu'il fonde une morale restrictive desdésirs.

Les désirs du débauché sont ceux-là mêmes qui causent son malheur,sa perte.

Ce dernier est malheureux car il ne s'aperçoit pas que la sphère dudésir est infinie.

Cherchant à tous les combler, il s'en rend dépendantinfiniment sans jamais pouvoir atteindre « l'ataraxie » (la paix de l'âme qui secaractérise par une absence de troubles).

Seul un calcul et une distinctionfine des désirs permettent à l'homme de ne pas s'en rendre esclave.

Il fautdistinguer les désirs nécessaires (besoins vitaux) des désirs superflus (boiredu vin par exemple).

Prônant une vie d'ascète, l'épicurien (très loin de lamauvaise réputation qu'on lui fait !) s'efforce de transformer ses désirs enactes volontaires.

Ceux-ci deviennent tels après qu'ils subirent la réflexion et le calcul.

Si donc le désir est primordialchez l'homme, il doit cependant laisser place à une volonté éclairée de les soumettre à une pratique austère maisdonatrice d'un bonheur (certes négatif puisqu'il s'agit d'une absence de malheur). L'essence de l'homme semble donc ambivalente.

Si sa part désireuse et animale semble se révéler de prime abord, lavolonté est pourtant sa caractéristique morale, le portant à se délivrer des servitudes du désir par la réflexion, ladétermination et l'action consciente. II) La volonté essentielle : une contradiction philosophique Si la volonté – propre de l'homme– est la caractéristique d'un homme allant contre une nature désirante, il est alorsdifficile de déterminer ce qui, chez lui, prime pour le caractériser essentiellement. Les stoïciens, s'attachant à redonner à la nature son statut primordial face à la culture humaine« artificielle »,récusent cette distinction fallacieuse désir/volonté.

L'homme est bel et bien un être faisant partie intégrante de lanature et, comme tel, ne doit pas chercher à s'en détacher.

La nature est, de manière générale, puissance à désireret à produire.

L'homme en est un reflet fidèle puisqu'il recherche, naturellement, ce qui lui est utile et fuit ce qui luiest nuisible.

Dès lors la volonté doit se fixer sur cette nature première et véritable.

Vouloir ce qui n'est pas en sonpouvoir, voilà la source de tous les malheurs.

Le désir, la volonté, la raison (qui sont bien des dispositions naturellesde l'homme) doivent rejoindre la nature, plutôt que de la combattre.

Ainsi Diogène Laërce affirme : « la raison a été donnée aux hommes » , « pour eux vivre droitement selon la raison, c'est vivre selon la nature ».. »

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