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N'y a-t-il que ce qui dure qui ait de la valeur ?

Publié le 09/03/2005

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•   TERMES DU SUJET: •   N'y a-t-il que : « est-ce seulement «, la forme négative sous-entend qu'une chose qui dure possède automatique¬ment de la valeur. •   Durer (latin durare, dérivé de durus (dur) : durcir, résister à l'usure) : résister à l'usure (un « tissu qui dure «) ; continuer à être, se prolonger dans le temps ; s'organiser en nous de manière qualitative comme « fu-sion pure « (BERGSON). •   Valeur : caractère qui fait qu'on estime quelque chose, qu'elle est admise comme supérieure, etc. ; caractère des choses consistant en ce qu'elles sont dési¬rées ; propriété qu'a une chose de procurer à un individu la satisfaction d'un besoin. •   Le sens (premier) de l'intitulé est donc le suivant : est-ce seulement ce qui se prolonge dans le temps qui présente un caractère digne d'estime ? •   Le sujet en lui-même, en sa première conceptualisation, ne suggère que très difficilement une direction « stratégi¬que «. Il faut donc le questionner systématiquement en profondeur pour parvenir au problème et au plan détaillé. Voici quelques questions qui peuvent être utiles à votre travail, questions qui surgissent de l'énoncé lui-même. -   Ce qui se prolonge dans le temps, qui forme un « intervalle «, ne présente-t-il pas un caractère de stabilité qui semble porteur de valeur ? -   Qu'est-ce qui s'oppose réellement à ce qui dure ? Ne serait-ce pas l'instant ? -   Et si la valeur était en raison inverse de la stabilité ? -   La précarité temporelle (ce qui ne dure pas) ne peut-il être porteur d'un être profond ? -   Comment caractériser ces expériences précaires, fugitives et riches ? -   Comment décrire et préciser le temps fragmentaire par opposition à la durée ? -   La disponibilité n'est-elle pas plus importante que la stabilité ? etc. Ces questions multiples conduisent au problème posé par le sujet : qu'est-ce qui est essentiel et fondamental, est-ce l'instant ou la durée ?
  • I) Il n'y a que ce qui dure qui ait de la valeur.
a) L'art est éternel. b) Les sentiments qui ne durent pas sont sans valeur. c) Les vraies valeurs jamais ne trépassent.
  • II) Il n'y a pas que ce qui dure qui ait de la valeur.
a) A chaque époque ses valeurs. b) L'homme fixe une valeur aux choses. c) Rien n'est plus éphémère que le désir.
.../...

« I.

Introduction. • L'intitulé du sujet, remarquons-le, nous suggère immédiatement (par la restriction qu'il opère : « n'y a-t-il que...

»)un examen et une recherche s'effectuant dans une certaine direction.

Il suppose quasi nécessairement un itinérairedépassant le plan simple de ce qui dure.

Mais en quel sens prendre ce verbe durer ? Ce terme (dont l'étymologie estlatine) doit manifestement, dans cet énoncé être compris, tout d'abord, en sa signification la plus élémentaire :durer, c'est résister à l'usure - ainsi parle-t-on d'un tissu qui dure -.

Mais durer c'est aussi continuer à être et seprolonger dans le temps.

Quant au terme valeur, il peut être compris économiquement par rapprochement avecdurer - : la valeur signifie la propriété qu'a une chose de procurer à un individu la satisfaction d'un besoin.

Mais lavaleur peut aussi désigner le caractère qui fait qu'on estime quelque chose.Le sens premier de l'intitulé est donc le suivant : est-ce seulement ce qui se prolonge dans le temps qui présente uncaractère digne d'estime ?• Le problème posé par le sujet (à savoir sa question fondamentale) est celui de savoir si c'est l'instant (ce qui nepossède ni épaisseur temporelle, ni durée) qui représente pour nous un élément essentiel. II.

Discussion. A.

Thèse.

La valeur de ce qui dure et se prolonge dans le temps. Sur le simple plan économique, ne faut-il pas tout d'abord noter que ce qui résiste au temps, à l'usure, à la marquedissolvante de la temporalité, paraît bien évidemment avoir de la valeur ? Peut-être en raison même de la précaritéde son existence, l'être humain ne goûte guère ce qui est sans lendemain, ce qui ne dure pas, ce qui est éphémère,ce dont il ne reste, rapidement, aucune trace.

Aux produits « de pacotille », le cycle marchand oppose la véritablevaleur économique et ce fait ne doit pas être sous-estimé dans nos sociétés obsédées par la permanence.

La pièced'orfèvrerie en argent massif, qui défiera les siècles, qui nous est parvenue intacte depuis le xviie siècle où unartiste la cisela, les précieux joyaux, les meubles massifs, tous ces objets qui défilent dans les grandes ventes ontpour première qualité de durer et leur valeur est souvent proportionnelle à cette résistance à l'usure.

Il ne s'agit paslà d'œuvres instantanées, éphémères, de brèves apparitions mais de choses lourdes, résistant à la temporalitédestructrice.

Ces permanences et stabilités rassurent, en effet, l'homme précaire, par définition même.

La pierreaussi sécurise les hommes angoissés par la mort.

De même les biens de toutes sortes, la richesse économique, lecapital permanent et durable possèdent de la valeur en un double sens : ils procurent aux individus la satisfactiond'un besoin - valeur économique - et ils sont aussi dignes d'estime - valeur au sens large - parce qu'en subsistantet par cette subsistance même, ils rassurent l'homme inquiet : ainsi, ce qui s'offre dans sa permanence a de lavaleur en de multiples significations et acceptions.Mais il faut à l'évidence dépasser ce premier niveau d'analyse.

Ce qui dure et possède de la valeur, c'est aussi cequi se prolonge dans le temps, à travers la durée stable de notre existence elle-même.

Il ne s'agit plus, ici, de ladurée des objets mais de notre propre continuation dans le temps marquée par des engagements durables : ainsitentons-nous à travers un métier, un mariage, une union, etc., de stabiliser le présent, de faire durer nos projets :nous unifions notre existence.

Nous nous efforçons de l'organiser selon un principe unitaire ; s'engager, c'estprécisément donner une forme durable à nos intentions.

Ainsi jugeons-nous que ce qui dure a de la valeur, quemariage et fidélité - les sentiments qui durent - sont davantage dignes d'estime que le plaisir immédiat.

A traversune vie organisée, un devoir professionnel ou civique durable, l'homme a le sentiment d'appréhender quelque chosede solide : il se voit objectivé de manière stable, vivant dans la permanence et la sécurité.

Ici encore, la vie socialeet morale organisée, marquée par la durée, semble posséder davantage de poids et de prix que le renouvellementincessant ; la vie paraît prendre véritablement un sens.

Loin d'être faite de morceaux juxtaposés et sans unité, elleforme alors un tout durable.

Ainsi peut-on prendre l'exemple du mariage : l'amour conjugal dure, il se construit dansle temps et forge en même temps la personnalité.

L'amour qui dure (cf.

les « noces d'or » du vieux couple) n'a-t-ilpas plus de valeur, de prix, de dignité, que l'amour éphémère ? Ne faut-il pas préférer ce ruisseau fidèle à son coursau torrent dévastateur de l'amour romantique ? Ce qui dure paraît avoir davantage de valeur que ce qui fuit devantnous.Néanmoins ce dont il ne reste nulle trace, l'éphémère, l'instantané, ce concert où j'écoutai quelques sonates deSchubert, la magie d'un soir à l'Opéra, ce feu d'artifice sans lendemain de la joie ou de la beauté, cette fulgurationde l'instant semblent faire apparaître un éblouissement ou une vision fantastiques, peut-être plus vrais et plus richesque la « durabilité » des objets massifs.

De même, l'amour instantané et éphémère paraît parfois plus vrai que lecours stable de l'amour conjugal.

N'y a-t-il réellement que ce qui dure qui ait de la valeur ? B.

Critique et antithèse.

La valeur du temps fragmentaire, par opposition à ce qui dure, de ce qui n'a pasd'épaisseur temporelle par opposition à ce qui en possède.. »

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