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N'y a-t-il que ce qui est égal qui est juste ?

Publié le 19/01/2004

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L'État n'a pas à intervenir dans la répartition des richesses, car sinon il contreviendrait au principe de l'égalité devant la loi. Des avantages seraient octroyés, qui menaceraient les libertés égales pour tous.► 3. Cela dit, on peut objecter au libéralisme que l'égalité des chances n'est que purement formelle. Les individus ne disposent pas à la naissance des mêmes conditions sociales. Les chances de réussite économique s'amoindrissent dès lors que l'on fait partie des plus défavorisés. Donc ceux qui réussissent ne sont pas nécessairement ceux qui ont le plus de mérite. Au contraire, on peut imaginer que les inégalités sociales de départ tendront à se reproduire.L'égalité sportive se rapproche le plus de ce que l'on pourrait attendre idéalement. Le mérite du sportif ressortira d'autant mieux que tous ceux qui concourent bénéficient des mêmes avantages en termes d'entraînement, de matériel, debudget, etc.

« C'est donc la différence que cette conception ne prend pas en compte.

Or serait-il juste de lever l'impôt en divisantla somme à obtenir par le nombre de contribuables ? Certaines égalités peuvent donc être injustes. 2.

On peut trouver juste de promouvoir ou de défendre certaines inégalités. 1.

La loi institue une égalité de droit entre les individus.

Certes, mais cela n'implique nullement une égalité réelle.Il n'y a rien dans la Déclaration de 89 qui interdise aux citoyens, de s'enrichir.

Le principe politique de la justice,c'est l'égalité juridique.

Celle-ci rend possible la liberté, car nul n'exerce un pouvoir sur moi, que je n'exerce à montour sur autrui.

Envisagé de la sorte, l'État n'a pas d'autre but que de garantir la liberté.Se pose alors la question de savoir si cette justice n'est pas l'ouverture à l'injustice sociale? Tous seront égauxdevant la loi, mais il y aura des inégalités de richesses qui iront en s'accentuant.

Or si ces inégalités deviennent tropimportantes, elles se transformeront en moyen de domination.

Déjà Rousseau avait perçu la force de cetteobjection, puisqu'il écrit dans une note célèbre du Contrat social: « Dans les faits, les lois sont toujours utiles àceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien, d'où il suit que l'état social n'est avantageux aux hommes,qu'autant qu'ils ont tous quelque chose et qu'aucun d'eux n'a rien de trop » (note (e), livre I, chap.

9).

En effetquelle valeur possèdent des droits politiques pour qui n'a pas même de quoi vivre? Qu'importe le droit de propriétépour qui n'a rien? Que signifient la liberté d'expression, la liberté de commercer, pour qui n'a les moyens ni de l'unede l'autre? L'égalité juridique ne préserve pas les hommes des inégalités sociales.

On peut même estimer que sacécité à l'égard des inégalités sociales a pour effet de les accroître.La revendication explicite d'une justice sociale est bien postérieure à la Déclaration de 89.

Il faudra attendre laConstitution de 1848 pour que soient très clairement proclamés, à côté des droits politiques, des droits sociaux.

Lespremiers définissent des droits-libertés.

Comme leur nom l'indique, ils correspondent à l'ensemble des libertésfondamentales de l'homme.

Les libéraux considèrent que l'État a pour unique fin de protéger et garantir l'égalité deces droits.A ces droits, on ajoute désormais des droits-créances.

On ne parle plus alors de «droit de», mais « de droit à ».

Lefondement de ces nouveaux droits s'explique par les obligations que l'État aurait à l'égard des citoyens.

Il luiincomberait, dans cette optique, d'assurer à ses membres certaines prestations sociales.

L'État politique devientl'Etat-Providence.

Il aura en charge de pourvoir à de nouvelles revendications.

Les individus exigent un droit à lasécurité sociale, un droit au travail, un droit à un revenu minimum, etc.Les partisans de l'Etat-Providence enregistrent l'avancée sans précédent que constitue la défense des libertésfondamentales.

Mais ils n'admettent pas que l'État demeure indifférent aux situations sociales des personnes.

A lafonction ordinairement dévolue à l'État (assurer la justice politique), ils suggèrent d'en ajouter une autre, développerla justice sociale.

La polémique s'engage alors avec les libéraux qui prônent un désengagement de l'État en matièresociale.Que la libre concurrence produise des inégalités économiques, les libéraux ne le nient pas.

Est-ce dire pour autantqu'il y a injustice? Voilà le problème. 2.

Nous avons en effet tendance à assimiler spontanément justice et égalité.

Et nous crions à l'injustice dès lorsque des inégalités apparaissent.Mais il existe une espèce de justice qui consiste à donner aux hommes non pas la même chose, mais ce qui leurrevient en vertu de leur mérite personnel.

Aristote fait l'analyse de cette justice, qu'il appelle distributive, au livre Vde l'Éthique à Nicomaque.

Elle instaure non pas une égalité stricte, mais une égalité de proportion.

Et, en effet, ilserait injuste que celui qui a moins de mérite fût récompensé selon la même proportion que celui qui en a davantage.L'égalité n'a pas lieu ici entre les individus, puisqu'ils diffèrent par leur talent, mais entre des rapports.

Elle s'écritsous la forme A/X = B/Y, A et B figurent les personnes et X et Y la part que reçoit chacune d'elles.

La justicedistributive réalise ainsi l'égalité de proportion en traitant inégalement des personnes qui sont inégales.Les libéraux, de fait, admettent l'existence d'inégalités économiques et sociales, mais ils ne les jugent pas injustes,car elles sont, selon eux, fonction du mérite.

La justice libérale est fondée sur le concept d'égalité des chances,dont la trace se fait déjà sentir dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793.

Voici ce que ditl'article 5: « Tous les citoyens sont également admissibles aux emplois publics.

Les peuples libres ne connaissentd'autres motifs de préférence, dans leur élection, que les vertus et les talents.

» Cela signifie que les métiers sontouverts à tous, et que la compétence seule est déterminante.

La naissance et la position sociale, qui jouaient unrôle prépondérant dans l'Ancien Régime, pour l'obtention de certaines charges, sont remplacées par le mérite.Les hommes ont les mêmes droits, mais ils n'ont pas les mêmes mérites.

L'État, pour les libéraux, a pour finalité degarantir ces droits ; pour le reste, ils font confiance au règne de la libre concurrence.

Chaque agent dispose desmêmes chances de réussite qu'un autre, tous étant assujettis aux mêmes règles.

Il s'ensuit que les inégalitéssociales devront traduire des inégalités de mérite, ce qui n'est que justice.

L'État n'a pas à intervenir dans larépartition des richesses, car sinon il contreviendrait au principe de l'égalité devant la loi.

Des avantages seraientoctroyés, qui menaceraient les libertés égales pour tous. 3.

Cela dit, on peut objecter au libéralisme que l'égalité des chances n'est que purement formelle.

Les individus nedisposent pas à la naissance des mêmes conditions sociales.

Les chances de réussite économique s'amoindrissentdès lors que l'on fait partie des plus défavorisés.

Donc ceux qui réussissent ne sont pas nécessairement ceux qui ontle plus de mérite.

Au contraire, on peut imaginer que les inégalités sociales de départ tendront à se reproduire.L'égalité sportive se rapproche le plus de ce que l'on pourrait attendre idéalement.

Le mérite du sportif ressortirad'autant mieux que tous ceux qui concourent bénéficient des mêmes avantages en termes d'entraînement, dematériel, debudget, etc.

L'égalité des chances est alors réelle.

En offrant à chacun les mêmes possibilités d'exploiter sesaptitudes, on égalise les situations initiales.

En conséquence de quoi, la réussite du sportif ne tient plus qu'à son. »

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