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N'y a-t-il que ce qui est pratique qui ait de la valeur ?

Publié le 23/02/2004

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Si le salut de l'âme n'a rien de certain, il ne relève pas non plus de la pure fiction. Rien ne permet de lui attribuer une valeur, sinon la croyance en un jugement dernier, en un Dieu qui permet à l'homme d'obtenir la grâce et la vie éternelle. Peu importe! Pour le croyant, ce qui est vrai est ce qui procure un bénéfice pour l'âme.   « Je dois d'abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c'est, à proprement parler, posséder de précieux instruments pour l'action. Je dois aussi vous rappeler que l'obligation d'acquérir ces vérités, bien loin d'être une creuse formule impérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d'excellents raisons techniques. Il n'est que  trop évident qu'il nous importe, dans la vie, d'avoir  des croyances vraies en matière de faits. Nous vivons au milieu de  réalités qui peuvent nous être  infiniment utiles ou infiniment nuisibles. Doivent être tenues pour vraies, dans le premier domaine de la vérification, les idées nous disant quelle sorte de réalités, tantôt avantageuses pour nous, tantôt funestes, sont à prévoir. Et  le premier devoir de l'homme est de  chercher à les  acquérir. Ici, la possession de la vérité, au lieu, tant s'en faut ! d'être à elle-même sa propre fin, n'est qu'un moyen préalable à employer pour obtenir d'autres satisfactions vitales [.

  • I) Il n'y a que ce qui est pratique qui a de la valeur.

a) Le vrai est ce qui marche. b) Le vrai permet de prédire et d'agir. c) La morale est utilitaire.

  • II) Il n'y a pas que ce qui est pratique qui a de la valeur.

a) L'utilité n'est pas un critère de connaissance. b) Une erreur qui réussit ne devient pas une vérité pour autant. c) Ce qui est vrai n'est pas ce qui est pratique.

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« [La pensée n'avance jamais autant que lorsqu'elle est totalement désintéressée et qu'elle ne vise aucune finalité pratique.

Le critère de réussite peut être aisément contesté.

Il n'a qu'une valeur très relative.] Critique du pragmatismePeut-on encore parler de vérité et d'erreur ? Dans cette perspective, il peut y avoir plusieurs vérités contradictoirescar différents hommes peuvent trouver leur utilité dans des systèmes opposés, être épanouis par des affirmationscontradictoires.

L'erreur même devient à l'occasion une pseudo-vérité pragmatique.

Peu importe, pensaient certainsau temps de l'affaire Dreyfus, que Dreyfus ait été condamné sur des témoignages erronés : il faut considérer lacondamnation comme juste car une reprise du procès nuirait au parti nationaliste.

Un polémiste écrivait : « Uneerreur, lorsqu'elle est française, n'est plus une erreur.

»Le pragmatisme enlève toute signification au mot vérité.

Bien souvent, la découverte de la vérité est pénible pournos passions, nos tendances, nos habitudes.

Quelquefois, disait Renan, la vérité est « triste ».Qu'une affirmation soit consolante, réconfortante, rassurante, cela n'en fait pas une vérité.

Tout au contraire l'espritcritique doit être ici mis en garde : « Les vérités consolantes doivent être démontrées deux fois.

» (Rostand).

Contrele pragmatisme il faut restaurer les droits de l'objectivité, contre la préoccupation subjective et large de l' « intérêt »,de l' « utilité », il faut revaloriser les exigences des « vérifications » objectives. L'utilité n'est pas un critère de connaissanceGaston Bachelard a montré qu'à chaque fois que les hommes de science sesont demandé à quoi pouvait bien servir tel phénomène observé, ils ont aboutià des impasses.

Ainsi, tant qu'on s'est préoccupé de chercher à connaîtrel'utilité des comètes, on n'a émis que des hypothèses aussi faussesqu'anecdotiques. Le critère de réussite ruine la notion de véritéL'esprit qui cherche est un esprit désintéressé, qui ne vise pas l'utilité pratique,mais la compréhension de la réalité.

De plus, ne croire qu'en ce qui réussitinvalide toute notion de vérité.

En effet, ce qui réussit pour telle personne neréussit pas forcément pour telle autre.

C'est d'autant plus vrai dans lesdomaines de la psychologie, des sentiments ou de la religion. Le vrai n'est pas le pratiqueUne croyance peut être parfaitement irrationnelle et pourtant satisfaire l'esprit.Intellectuellement parlant, on peut toujours tirer certains bénéfices decertitudes acquises et pourtant penser contre la vérité.

Dans la science, uneidée parfaitement erronée peut, par chance, être au moins une fois confirméepar l'expérience.

Cela ne constitue pas un critère de réussite... [] L'Américain William James (18421910) a popularisé une philosophie qui se fonde sur le critère de la réussite.

Pour lui,ce qui est efficace est vrai.

Par là même, il ne pouvait que séduire les défenseurs du libéralisme économique.

Est vraice qui permet une action concrète et utile; donc le travail à la chaîne est vrai, la réussite économique est juste.

Sesidées seront unanimement critiquées, tant sur un plan scientifique que sur un plan psychologique, moral etphilosophique.

En effet, la pratique, si elle réussit, a toujours pour origine une théorie.

Cette théorie peut être vraie,alors même qu'elle échoue temporairement à trouver une validation expérimentale.

D'autre part, affirmer que ce quiest vrai est ce qui réussit, c'est ouvrir la porte à toutes les déviations morales, politiques ou religieuses.

Le nazisme aréussi à reconstituer une unité nationale.

Le fanatisme religieux réussit à rassurer les âmes.

Est-ce pour autant quetout cela est vrai ?. »

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