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Qui suis-je ?

Publié le 31/01/2004

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Ainsi, chacun, dans l'exercice du doute, peut aboutir à la même conclusion, à savoir qu'il est une chose qui pense. Cependant, ce premier niveau d'analyse ne révèle pas à la conscience « qui » elle est, mais « ce qu'elle » est : une substance pensante. Or, notre question se situe plus précisément au niveau personnel, au sens où je m'interroge sur ce qui me distingue des autres. La question est donc plus proprement psychologique que philosophique. II - Freud et l'inconscient Si je suis une subjectivité qui pense, désire, veut... et que j'ai cela en commun avec tous les hommes, je dois alors me reporter sur le contenu de ces pensées, de ces désirs ou de ces volitions, afin de déterminer « qui » je suis. Si je désire manger du chocolat, c'est sans doute que je suis gourmand, etc. Cependant, toutes les pensées et tous les désirs sont-ils susceptibles d'être repris dans l'introspection ? À l'inverse de Descartes, Freud montre comment une partie de la conscience échappe de fait à son éclairage. L'inconscient, partie de la conscience où se trouve refoulée partie des désirs et des pulsions, échappe à ma saisie consciente.

La question « qui suis-je « ? pose un problème singulier. En effet, dans cette question, la conscience apparaît à la fois comme le sujet questionnant et l’objet interrogé. De ce dédoublement surgissent d’autres questions : ainsi, comment atteindre cette connaissance de soi sur soi ? Le puis-je dans la solitude, en me « retournant « sur moi-même ? En outre, si je suis à la fois sujet et objet, puis-je me connaître en mon intégralité ? À l’inverse, on peut se demander si le recours à autrui n’est pas indispensable dans ce type de questionnement.

« Qui suis-je ? Ce sujet fait implicitement référence à Kant, et résume toutes les questions de la philosophie : que puis-je savoir,que dois-je faire, que m'est-il permis d'espérer, qu'est-ce que l'homme ? Quelles sont les caractéristiques de lanature humaine (ici, on peut introduire la comparaison homme/animal, en montrant ce qui les distingue radicalement: l'homme est certes un animal, en tant qu'il a un certain nombre de caractères innés, en tant qu'il a des besoinsvitaux etc., mais il n'est pas qu'un être naturel : il est conscient donc libre) ? Si l'homme est libre, on peut dire qu'ilpeut construire librement sa personnalité : ici, étudie bien la différence entre l'homme et l'Homme, c'est-à-dire ladifférence entre le sujet universel (ce qui est commun à tous les hommes), et l'individu (avec ses caractéristiquespropres, sa personnalité).

La notion- clé est celle de conscience : elle permet d'articuler toutes les spécificitéshumaines (pensée, liberté, histoire, art, politique, morale). Puis-je savoir qui je suis ? Cette connaissance est-elle instinctive, dans un rapport de soi à soi, ou relative à l'autre ? Il y a une chose de moique je ne connais pas, c'est ce qui me rend désirable à l'autre.

C'est ce qui fait le tragique du désir : l'autre a cettevérité-là sur moi, et si je tiens à lui, je suis sous son pouvoir parce que lui sait de moi ce que j'ignore (Écrits deLacan).

Sartre, dans la IIIe partie de L'Être et le Néant, montre qu'avec le regard d'autrui, il y a une partie de moinouvelle qui se met à exister, qui est mon "pour-autrui" (par exemple mon corps pour autrui), qui n'existe certes quedans la relation mais qui en même temps est une part de moi.

Ce "pour-autrui", par définition, m'échappe.

Il faudraits'interroger sur le "qui" : est-ce une identité stable ? Est-ce "moi" comme cause de mes actes ? Auquel cas "qui jesuis " reviendrait à "pourquoi je suis comme je suis" et là, on peut se référer à la psychanalyse, et à la difficultéqu'on a à cerner les motifs de nos actions.

Nos actions sont données dans l'expérience, et leurs motifs explicitespeuvent recouvrir un motif caché.

Enfin, la recherche de l'identité pose la question de la négativité (Hegel) : s'il yavait une réponse fixe à "qui je suis ?", alors ma liberté (donc mon pouvoir de toujours me recréer) serait niée, et jemanquerais l'essentiel de ce que je suis. " Connais-toi toi-même " : cette inscription placée sur le fronton du temple de la pythie de Delphes est très célèbre.Cependant cette devise delphique, qu'on attribua à tort à Socrate, n'était pas un encouragement à uneconnaissance psychologique de soi, mais un rappel à l'ordre.

Elle avait pour but de remémorer aux individus qu'ilsn'étaient que des mortels : elle invitait les voyageurs à la prise de conscience de leurs propres limites.

On oublied'ailleurs que cette exhortation, " Connais-toi toi-même ", était suivie de " ...et tu connaîtras les dieux.

"Un individu disposant d'une connaissance parfaite de soi serait donc l'égal d'un dieu.

Pour les philosophes grecs, laconnaissance de soi-même est synonyme de sagesse.

Elle permettrait en effet à l'individu de prendre conscience deses propres limites, de se libérer de ses défauts, de développer ses qualités, et, en faisant abstraction de tout cequi dans le " je " n'est pas personnel, de prendre conscience de sa véritable identité et, au fond, de sa liberté.La devise delphique laisse entendre que nous ne nous connaissons pas réellement, que la connaissance de soi n'estpas une donnée immédiate de la conscience.

Elle nous invite donc à entreprendre une recherche, une descentedans les profondeurs de notre intériorité pour trouver l'essence de notre être.

Or, cette recherche passe d'abord parla découverte et l'affirmation de notre moi.

Cette affirmation est le fondement de la philosophie cartésienne enmême temps que celui de toute entreprise de recherche de sa propre identité.

Pour approfondir la connaissance quenous avons de nous-mêmes, il faut donc se demander s'il est légitime de parler du soi par soi et quels en seraient lesmoyens et les conditions. La recherche de la connaissance de soi a une condition : le sentiment de notre être.

Descartes, dans son Discourssur la méthode, prouve que l'affirmation " Je pense, donc je suis " (c'est à dire le cogito, " premier principe " de laphilosophie cartésienne) est " si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques[ne sont] pas capables de l'ébranler.

" En effet, il est possible de douter de tout, même de l'existence effective denotre corps et du monde autour de nous, sauf de l'existence de notre pensée, de notre je.

A partir du moment oùnous nous rendons compte de l'irréfutabilité de l'existence de notre pensée indépendante, nous prenons consciencede notre " je.

" Il nous est permis alors d'entamer la recherche de notre " moi ", c'est à dire de la nature de notrepropre identité.Certains philosophes imaginent que nous avons à tout moment " la conscience intime de notre moi " (Hume), quenous avons un sentiment invincible de la connaissance de nous-mêmes que nous ne mettons que rarement endoute.

Cependant, avoir un sentiment immédiat de notre être, ce n'est pas avoir une connaissance pleine et entièrede soi.

Il arrive que nous nous surprenions nous-mêmes, ou que nous passions par de graves crises de remise en. »

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