Qui ne voit que la cohésion sociale est due, en grande partie, à la nécessité pour une société de se défendre contre d'autres, et que c'est d'abord contre tous les autres hommes qu'on aime les hommes avec lesquels on vit?

« sociétés traditionnelles (les membres du groupe se nomment les hommes, ceux de l'extérieur ne font pas partie de l'humanité, tout comme les Grecs s'opposaient aux barbares).

Montrer que cet ethnocentrisme reste sous-jacent dans les sociétés développées.

- Dès lors se pose le problème du passage du proche (membre de la famille, ami) au prochain (on peut noter la différence: le premier terme est spatial, le second est moral).

II.

Comment accéder à la pensée de l'universalité de l'humain? - Thèse de Bergson: il faut une médiation (un détour) qui signifie un saut qualitatif au-delà du proche immédiat.

- Deux types de médiation possibles: • religieuse: Dieu (préciser: le dieu chrétien comme considérant que tous les hommes sont égaux devant Lui); • philosophique: la Raison comme universellement présente dans l'homme.

Dans un cas comme dans l'autre, il n'y a aucune transitivité du proche au prochain: on n'accède pas à l'humanité par étapes, mais en la visant et la définissant d'un point de vue immédiatement global.

III.

Le dépassement de la clôture du groupe sur lui-même -S'opposent donc une attitude spontanée (de méfiance) à l'égard du proche et ce qui résulte d'un acquis (par instruction, éducation religieuse ou philosophique) à l'égard du prochain.

- Ce qui, pour Bergson, constitue la civilisation (en ce sens opposée à la culture au sens étroit) doit donc se construire contre la spontanéité.

- Vérification historique: montrer la différence entre la pensée des Lumières (où l'on commence à définir une Humanité universelle) et la pensée grecque: • on peut ici insister sur le sens de la morale selon Kant, avec ce qu'elle implique de préoccupation à l'égard de l'humanité universelle, et ses prolongements politiques éventuels.

(Rappeler de surcroît que, aux yeux de Kant, la religion chrétienne- le Dieu qu'évoque Bergson- dans la suprême simplicité de son style, a enrichi la philosophie de concepts moraux particulièrement purs que la philosophie aurait pu et dû trouver d'elle­ même; ce qui signifie bien que le christianisme a anticipé sur l'interpréta­ tion kantienne de la moralité en affirmant l'existence de l'Humanité par rapport à Dieu.) Conclusion Bergson a ici l'avantage de nous rappeler que l'ouverture sur l'humanité dans son ensemble est une conquête à toujours confirmer, si l'on veut éviter la régression vers des procédés d'exclusion et le repli sur des positions frileusement ethnocen­ tristes.. »