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Ce qui est vrai est-il ce qui saute aux yeux ?

Publié le 25/03/2004

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La difficulté résidant dans le fait que notre rapport au monde extérieur est notamment médié par les sens. Aussi en remettant en cause l'exactitude de notre perception c'est notre rapport au monde qui est touché. Deuxième partie : L'apparence constitue notre seul rapport au monde extérieur et n'est pas fausse en elle-même. 2.1 Il est impossible de sortir de l'apparence dans la mesure où nous n'avons pas un accès direct à la réalité. « Nous sommes tous habitués à juger des formes "réelles" des choses, et nous le faisons tellement sans réfléchir que nous en venons à croire que nous voyons effectivement les formes réelles. En fait, comme nous devons l'apprendre en nous mettant à dessiner, une même chose apparaît sous des formes différentes selon chaque point de vue. Si notre table est "réellement" rectangulaire, nous la verrons, de presque partout, avec deux angles aigus et deux anges obtus. Si les côtés opposés sont parallèles, il nous semblera qu'ils convergent vers un point éloigné ; et s'ils sont de longueur égale, nous aurons l'impression que le plus proche de nous est plus long. On ne remarque habituellement rien de tout cela en regardant une table, parce que l'expérience nous a enseigné à construire la forme « réelle » à partir de la forme apparente, et c'est la forme « réelle » qui nous intéresse en tant que nous sommes tournés vers l'action.

« L'expression « saute les yeux » est employée généralement pour évoquer quelque chose d'évident, que l'on ne peutpas ne pas voir.

Ce qui crève les yeux, c'est ce qui incontestable.

Nous pouvons dire de quelqu'un : « il a du talent,ça crève les yeux ».

L'expression possède cependant un deuxième aspect.

Elle possède une référence à la vue.

Or,dans la métaphysique classique la vue diurne est le modèle de toute vérité.

Ainsi, on parle d'idée claire et distinctepour qualifier la vérité, « claire » et « distinct » étant deux mots du champ lexical de lumière et de la vue.

Dès lors,la vérité serait ce qui est évident.

Cependant, la référence à la vue est aussi liée à l'apparence, à ce qui apparaît.Par exemple un bâton dans l'eau paraît brisé.

Mais cette apparence est trompeuse.

En effet le bâton paraît brisémais ne l'est pas.

Aussi il semble qu'il y ait un conflit entre l'apparence « ce qui saute aux yeux » et la réalité.

Maiss'agit-il d'un rapport de la vérité à l'apparence ? La vérité est aussi définie de façon traditionnelle par l'adéquationd'une idée avec la réalité.

Notre représentation d'un objet, par exemple le bâton, sera vraie si elle s'accorde avecson objet.

L'apparence peut donc contredire la vérité, elle présente le bâton brisé alors qu'il ne l'est pas.

Or si lavérité n'est pas donnée par la perception, autrement dit si la perception nous trompe, notre rapport au mondeextérieur, qui est médié par la perception, est-il nécessairement faux, ne nous délivre-t-il qu'une vision trompeusede la réalité ? Si la perception dans le cas du bâton brisé nous présente le bâton brisé alors qu'il ne l'est pas il nes'agit que d'une perception singulière.

Il se peut que la perception ne soit pas toujours trompeuse.

Et il estimportant de noter que dans ce cas il faut se demander si la fausseté, au lieu de revenir aux sens, peut êtrerattachée au jugement que nous portons à partir d'eux.

Ne peut-on pas dès lors travaillé sur l'apparence qui nous« saute aux yeux » pour atteindre le vrai ? L'évidence est le critère de vérité- Comment savoir que la vérité est vérité ? Cette question primordiale a énormément été travaillée par la philosophe.Elle est de la plus haute importance puisqu'elle est ce qui justifie la méthode et le travail philosophique.

Y-a-t-il unsigne par lequel se montre la vérité d'une idée ou d'une chose ? Pour appréhender cette notion, beaucoup dephilosophes ont rapproché la lumière et donc la vue avec la vérité.

L'expression « ça saute aux yeux » nous faitd'ailleurs penser au mythe d'Œdipe qui apprenant la vérité( c'est-à-dire que c'est lui l'assassin de son père) se crèveles yeux.

Il y aurait dans la vérité une lumière qui nous rendrait aveugle.

C'est en tout cas ce qu'illustre Platon avecson mythe de la caverne.

Dans La république( Livre VII) , il imagine des hommes enchaînés dans une caverne ne voyant que des ombres projetées sur le mur par un feu qu'ils ne peuvent pas voir.

Ils prennent bien sûr ses ombrespour la réalité.

Or, si on force un individu à sortir de cette caverne et à voir la vraie lumière, il sera d'abord aveuglépar la vraie lumière du jour qu'il n'a jamais vu avant.

« Et si on le force à regarder la lumière elle-même, ses yeuxn'en seront-ils pas blessés ? » Pourtant l'homme dont parle Platon ne reconnaîtra pas tout de suite que les objetsqu'il voit en pleine lumière sont la vérité.

Il lui faudra un temps d'adaptation.- Il n'en reste pas moins que la vérité est lumière et cette idée sera reprise notamment pas Descartes.

Il estpensable, en effet, que les philosophes avertis par les écrits platoniciens, savent que l'aveuglement par la lumièreest signe de vérité.

Descartes concevra alors comme critère du vrai l'évidence.

Selon lui, les connaissances quiapparaissent « claires » et « distinctes », débarrassées de toute ombre sont reconnaissables comme vraies. Spinoza reprend une idée similaire.

La vérité s'impose comme évidence,comme ce qui crève les yeux.

Selon lui, une idée s'affirme par elle-mêmecomme vraie dans l'esprit.

Quand l'idée de triangle s'impose à moi, telle queDescartes le disait aussi, je ne peux pas en dire n'importe quoi.

Je suis obligéde reconnaître ses propriétés : « il se définit par trois lignes seulement »…Pour Spinoza, le vrai est sa propre marque.

« Qui a une idée vraie, sait enmême temps qu'il aune idée vraie et peut la distinguer d'une idée fausse ».

Lecritère intrinsèque de la vérité tient à l'illumination de l'intelligence parl'évidence de l'idée.

L'expérience de la vérité tient à une intuitionintellectuelle, elle est la vision pénétrante de l'esprit.Il y a une sorte de rapprochement entre la connaissance de la vérité et laconnaissance de Dieu telle que la décrivent les théologiens.

Nous connaissonsDieu dans l'évidence de son apparition et dans la lumière qui l'entoure.

Pascalaffirme ainsi que Dieu se connaît par le cœur et que les premiers principesconnus par cette voie sont fermes et indubitables.Il y aurait donc une intuition forte, qui prendrait le caractère d'évidence, quinous montrerait la vérité toute nue.

Cependant, il est étonnant de constaterque l'accès à la vérité est reliée à la lumière et à la vue, quand on estconscient de toutes les illusions que nos sens apportent.

Les apparences sont trompeuses- Pourtant le caractère d'évidence est plus que douteux.

Descartes lui-même avait compris que son idée deconnaissances « claires » et « distinctes » était compliquée à définir et « qu'il y a quelque difficulté à bienremarquer quelles sont celles que nous concevons distinctement ».

La suite de l'histoire a bien entendu attaquécette évidence intellectuelle en la ramenant à un simple sentiment de certitude.

Or, nous avons tous les jours cesentiment d'être sûr de nos dires.

C'est d'ailleurs pour cela que nous faisons des paris.

La certitude ne serait alorsque le jouet de nos désirs, de nos passions et de notre mémoire.

Nous avons tendance à penser les nos idéesfamilières comme « claires et distinctes », simplement parce que nous en avons habitude.

Pourtant, cela pose unénorme problème.

Ce qui crève les yeux, c'est ce que j'ai l'habitude de voir et que je reconnais tout de suite.

Or,. »

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