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En quoi l'art peut-il être considéré comme une affaire sérieuse ?

Publié le 29/01/2004

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Selon Anacharsis, il faut s'amuser pour s'appliquer ensuite sérieusement, et il a entièrement raison. L'amusement est une sorte de repos ; et comme on ne saurait travailler sans relâche, le repos est un besoin. Mais le repos n'est certes pas le but de la vie ; car il n'a jamais lieu qu'en vue de l'acte qu'on veut accomplir plus tard. La vie heureuse est la vie conforme à la vertu ; et cette vie est sérieuse et appliquée ; elle ne se compose pas de vains amusements. Les choses sérieuses paraissent en général fort au-dessus des plaisanteries et des badinages ; et l'acte de la partie la meilleure de nous, ou de l'homme le meilleur, passe toujours aussi pour l'acte le plus sérieux. Or, l'acte du meilleur vaut mieux aussi par cela même ; et il donne plus de bonheur.     Friedrich Nietzsche L'art doit avant tout embellir la vie, donc nous rendre nous-mêmes tolérables aux autres et agréables si possible : ayant cette tâche en vue, il modère et nous tient en brides, crée des formes de civilité, lie ceux dont l'éducation n'est pas faite à des lois de convenance, de propreté, de politesse, leur apprend à parler et à se taire au bon moment. De plus, l'art doit dissimuler ou réinterpréter tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables et dégoûtantes qui, malgré tous les efforts, à cause des origines de la nature humaine, viendront toujours de nouveau à la surface : il doit agir ainsi surtout pour ce qui en est des passions, des douleurs de l'âme et des craintes, et faire transparaître, dans la laideur inévitable ou insurmontable, son côté significatif.    KANT   Cette espérance en des temps meilleurs, sans laquelle un désir Sérieux de faire quelque chose d'utile au bien général n'aurait jamais échauffé le coeur humain, a eu de tout temps une influence sur l'activité des esprits droits. [.

Qu’est-ce qu’une affaire sérieuse ? Au nom de quoi ? Aux yeux de qui ? Le sérieux se trouve-t- il dans une fin de l’art ? L’art se veut-il sérieux ? Ou le sérieux doit-il être ce par quoi l’art pourrait être légitimé ? Doit-on prendre l’art au sérieux ? Est-il un simple divertissement, lié à l’agréable, au joli, à tout ce qui embellit la vie sans la modifier réellement ? La question des fins pratiques de l’art est intéressante. Le problème est que si on donne à l’art des fonctions extra-artistiques, telles que l’amélioration sociale, morale, etc. de l’homme, on en fait une affaire sérieuse mais uniquement par référence à des affaires sérieuses. Et la subordination explicite de l’art à des fins de ce genre donne-t-elle lieu à des oeuvres artistiques ? Et donner explicitement à l’art une fonction sérieuse, n’est-ce pas nier l’art ? Par exemple, le surréalisme récuse la notion d’art. Le surréalisme est une affaire sérieuse, pour Breton, précisément parce qu’il est au-delà de l’art, au-delà de la réalité.

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