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En quoi les artistes nous aident-ils à être libres

Publié le 21/03/2004

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  En effet d'une part (on y reviendra), il y a des contenus tels que leur expression sensible est inadéquate, d'autre part : «Ce mode de production peut être comparé à celui d'un homme expérimenté qui, tout en connaissant la vie et ses contingences, ne réussit pas à formuler son expérience en règles, mais a toujours devant ses yeux les cas isolés qu'il avait connus  tout en étant capable de se livrer à des réflexions générales, (il) ne sait expliciter son expérience concrète que dans des récits portant sur des cas isolés. » A l'art fait défaut la généralité ou l'universalité du concept, de la science.  L'art est nécessairement, parce qu'il doit emprunter une forme sensible (telle statue, tel tableau avec tel sujet, telle composition), réduit à la particularité. C'est donc la contradiction entre le contenu de l'art (qui est spirituel) et sa forme (nécessairement sensible) qui en marquerait les limites. Hegel  l'exprime avec la plus grande clarté.   « Toute notre culture est devenue telle qu'elle est dominée tout entière par la règle générale, par la loi. C'est devenu pour notre intelligence une habitude, presque une seconde nature, de définir le particulier d'après des principes généraux; devoir, droit, principe, maxime, etc. Ce que nous exigeons d'une oeuvre d'art, c'est qu'elle participe à la vie, et nous exigeons de l'art en général qu'il ne soit pas dominé par des abstractions telles que la loi, le droit, la maxime, que la généralité qui s'y exprime ne soit pas étrangère au coeur, au sentiment, que l'image existe dans l'imagination sous forme concrète. »   Il y a une contradiction entre notre culture et l'art.  Si l'art est « une chose du passé», ce n'est pas que l'art n'existe plus, ne soit plus intéressant.

« moins, bien au contraire, une valeur intellectuelle.

« L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure » signifie d'abord que si l'oeuvre d'art se présente comme un objet, offert aux sens, elle vise la pensée et possède un contenu spirituel de la plus haute importance.

Si: «L'homme s'est toujours servi de l'art comme d'un moyen de prendre conscience des idées et des Intérêts lesplus élevés de son esprit, les peuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions del'art, les ont exprimées et en ont pris conscience par le moyen de l'art. » C'est que: « la plus haute destination de l'art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie ». Il suffirait pour s'en convaincre de se souvenir de ce que furent la tragédie grecque ou l'architecturemédiévale.

Formidable moyen d'éducation, l'art religieux manifeste l'expansion du christianisme comme il permetd'apprendre à la population illettrée l'histoire sainte.

La tragédie grecque, véritable institution politique (latotalité des citoyens assistait aux concours tragiques), représente un moyen pour la cité de s'interroger surelle-même, sur ses mythes, sur ses valeurs, sur la place respective des dieux et des hommes, sur laresponsabilité humaine, etc. Dans l'art véritable n'apparaît pas seulement l'expression personnelle du génie de l'artiste, mais aussi toutes lesinterrogations et les conceptions d'une époque qui se donnent une forme objective (celle de l'oeuvre); l'oeuvreest moyen pour l'esprit de se contempler lui-même. Le génie d'un peuple, « ses idées et ses intérêts les plus hauts » sont extériorisés par le moyen de l'oeuvre d'art.

Les pensées s'y donnent une forme objective, sensible, qui permet à nos conceptions de devenir lisibles,accessibles. Hegel y voit la source du besoin d'art.

Toutes les sociétés humaines, aussi « primitives » qu'elles paraissent,ont toujours connu une activité artistique, parce que: « l'oeuvre d'art est un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est », c'est-à-dire prend conscience de ce qu'il est.

Ainsi, quelle que soit la part d'apparence et d'emprunt au sensible qui se manifeste dansl'oeuvre: « ces formes ou ces sons sensibles, l'art les crée non pour eux-mêmes et tels qu'ils existent dans la réalité immédiate, mais pour la satisfaction d'intérêts spirituels supérieurs ». Si l'on voit alors clairement pourquoi: « l'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure », reste à lever deux objections.

Celle qui fait de l'activité artistique une simple imitation de la nature, ou celle qui nevoit dans l'art qu'un simple jeu d'apparence et d'illusion. Hegel n'a pas de phrases trop dures pour ceux qui font de l'art une simple imitation de la nature.

« Il y a des portraits dont on a dit spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée. » Si l'oeuvre n'était qu'une simple copie de la nature, elle n'aurait aucune valeur.

En effet, créer se réduirait à une simple routine, à unehabileté, puisque le contenu de l'oeuvre et sa matière seraient fournis par le modèle.

L'homme n'y produiraitrien de lui-même.

En ce cas, l'homme pourrait « être fier d'avoir inventé le marteau, le clou, car ce sont des inventions originales et non imitées ». De même, voir dans l'oeuvre un simple jeu, un simple travail d'illusionniste est méconnaître l'activité artistique.

En déclarant: « L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable d'une part, et lecontenu vrai des événements de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plus haute,celle de l'esprit. » Hegel retrouve en partie une leçon d' Aristote ; l'art débarrasse les événements réels de leur contingence, de leurs impuretés, d'un fatras de détails, pour en dévoiler l'essence et la vérité.

Ce qu'il y a d'apparence dansl'art n'est pas de l'ordre de l'illusion et du mensonge, mais au contraire, de l'essentiel.

L'art épure le réel(immédiat) pour en dévoiler l'essence. La mise en évidence du caractère hautement spirituel de l'art ne reste pas chez Hegel un simple constatthéorique.

Outre les analyses d'oeuvres présentes dans l'Esthétique, des études d'oeuvres littérairesponctuent tout le second tome de la « Phénoménologie de l'esprit »: l' « Antigone » de Sophocle , le « Neveu de Rameau » de Diderot , « Michel Kohlhaas » de Kleist ou « Les Brigands » de Schiller servent à étudier les moments à la fois historiques et logiques qui ont présidé à leur création.

Et Hegel se fait fort dedémontrer l'intérêt philosophique majeur de tels écrits. Cependant, la richesse et la présentation sensible qu'offre l'art en constituent aussi les limites.

On a vu que «l'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure », c'est-à-dire que: « le contenu d'une oeuvre d'art est tel que, tout en étant d'ordre spirituel, il ne peut être représenté que sous une forme naturelle ».. »

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