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À quoi bon écrire l'histoire ?

Publié le 15/02/2004

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histoire

Lorsque nous nous demandons « a quoi bon faire quelque chose ? «, nous nous interrogeons sur l’utilité de cette action, en la remettant fortement en question. En effet, il se peut que notre action nous apparaisse vaine, et ce, pour plusieurs motifs : en raison des fins que nous visons à travers elle ; en raison des résultats que nous obtenons par son moyen. Nous pouvons nous interroger sur les fins d’une action quand celles-ci ne nous apparaissent pas légitimes à rechercher. Nous pouvons nous interroger sur les résultats que nous obtenons au moyen d’une action, qui peuvent nous sembler d’un médiocre intérêt relativement aux efforts que nous déployons pour les obtenir.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir.

Si nous appliquons ce mode de remise en question de l’utilité de l’histoire, il ne nous sera pas difficile de découvrir des arguments solides pour interroger les fondements d’une écriture de l’histoire. A quoi sert d’écrire et de connaître ce qui est passé, dès lors que nous acceptons une conception de l’Histoire qui n’est pas cyclique, mais linéaire ? A quoi sert l’écriture de l’histoire, dès lors qu’elle nous distrait d’une considération attentive du moment présent, et peut fausser notre regard, en nous portant à considérer un événement fondamentalement nouveau comme s’il était la réécriture d’un événement passé ? Le seul désir de connaître, cette horreur du vide que l’esprit humain a au même titre que la physique Aristotélicienne, est il capable de justifier l’écriture de l’Histoire ? C’est à ce faisceau de question portant sur la validité et l’utilité de l’écriture de l’histoire que nous tenterons de répondre dans le développement qui va suivre.

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« II.

Ecrire l'histoire : un obstacle à l'avènement du nouveau a.

L'histoire comme modèle étouffant la génération du nouveau Marx dans Le 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte montre que l'écriture de l'histoire est une activité qui empêche la réalisation de la nouveauté dans lemonde des hommes.

En effet, il écrit ces mots : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstanceslibrement choisies ; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé.

La tradition de toutes les générations mortespèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants ».

Ce passage montre bien que les hommes, lorsqu'ils sont occupés à transformer leur réalité, ontrecours au passé pour les inspirer dans leur œuvre, qui perd son caractèrenovateur de se voir subsumée sous des formes anciennes et révolues.

PourMarx, il n'est donc pas utile d'écrire l'histoire, puisque l'écriture de l'histoireest un obstacle à l'avènement de l'absolument nouveau. b.

L'histoire comme récit empêchant l'avènement d'une humanité vertueuse La perspective de Rousseau n'est pas sans avoir quelques similitudes aveccelle de Marx : l'histoire est en effet considérée négativement dans l' Emile , car elle ne dit que du mal de l'homme.

Elleest le récit des guerres, descatastrophes, des grands crimes ; unpeuple heureux, lui, n'a pas d'histoire.Le précepteur d'Emile ne lui parle donc pas de l'histoire, car elle aurait un exemple corrupteur sur lui.

Elle apparaitdépourvue d'utilité, car elle empêche la formation, par l'éducation, d'unehumanité vertueuse. III. Ecrire l'histoire pour maîtriser le présent a.

L'histoire comme haine de l'ignorance Malgré toutes ces critiques contre l'utilité de l'écriture de l'histoire, nouspouvons dire néanmoins qu'elle répond à un désir profond de l'homme : celuide la connaissance.

En effet, est-ce un effet de la nature faustienne del'homme, ou un produit de sa culture, le désir de connaître est prégnant enlui, et il attache toujours une dignité supérieure au savoir plutôt qu'àl'ignorance.

On écrit donc l'histoire pour connaître, parce que nous valorisonsla connaissance et déprécions l'ignorance. b.

L'histoire comme génération continue du présent Mais cette dernière justification de l'utilité de l'écriture de l'histoire est peut être trop frileuse, trop prudente.

Il y alieu de justifier l'écriture de l'histoire avec plus d'énergie, car elle nous permet de comprendre notre présent.

Eneffet, l'état présent de notre monde est le produit d'une génération continue par l'histoire.

Même si nous refusonsl'idée que les évènements passés peuvent se reproduire, il n'en est pas moins vrai qu'ils sont à l'origine de l'étatprésent de notre monde.

Comme la connaissance d'une chose est la condition de la maîtrise de celle-ci (comprendrela formation d'un habitus social peut être le moyen d'agir sur une couche de la population) nous dirons que l'écriturede l'histoire se justifie, car elle permet de maîtriser le présent. Conclusion : A première vue, l'écriture de l'histoire se justifie par le désir d'éviter la répétition des catastrophes passées.

Maisl'histoire n'est pas nécessairement le lieu de cette réitération, si on la considère en proie à la contingence.

Allantplus loin, l'écriture de l'histoire apparaît comme l'obstacle à l'avènement de la nouveauté chez l'homme et dans lasociété.

Mais elle peut se justifier en dernier recours parce qu'elle est le moyen de satisfaire un désir profondémenthumain de connaissance et de comprendre le présent pour mieux le maîtriser.. »

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