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En quoi consiste la rêverie ?

Publié le 27/03/2004

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Dans la mesure où l'esprit subit l'action des choses, cette communication avec le monde externe est fusion plutôt que connaissance ; on ne tient pas les objets à distance de soi ; ils ne sont donc pas saisis comme objets. I! reste que la perception a pu déclencher la rêverie ; et, pendant la rêverie même, les impressions externes, sans laisser la perception se construire, peuvent orienter, infléchir la rêverie, lui donner son rythme. Distrait de la situation actuelle, l'esprit s'abandonne aux images. Mais, dans la veille utile, leur évocation se règle, d'instant en instant, sur les exigences de l'action ; et l'association proprement dite n'y a qu'une place restreinte. L'automatisme de la rêverie consiste, pour une part, en ce que, paresseusement, l'évocation se guide sur le fil des ressemblances, ou bien se borne à restaurer les suites et groupements qu'ont eus les événements et les choses dans l'expérience antérieure. Pourtant la rêverie est souvent très discontinue, comme si les images, pourvues d'une vitalité propre, émergeaient spontanément à la conscience, sans que les situations successivement représentées défilent dans un ordre prévisible à partir des lois traditionnelles de l'association. Enfin, la rêverie peut avoir une direction plus ou moins constante, une relative unité, dessiner une situation originale, bien que cette construction reste frêle et instable. Par là se décèle son inspiration profonde : la rêverie tend à s'organiser autour d'une tendance plus ou moins sourde, d'un projet plus ou moins confus. Comment se comporte l'esprit à l'égard de la situation qu'il imagine ? L'attitude du rêveur peut varier de moment en moment ; mais il n'est jamais entièrement dupe de son rêve, qu'il a conscience d'entretenir à son gré et de pouvoir suspendre quand il le veut.

« II.

— Ses conditions La rêverie dépend de causes multiples, positives et négatives, qui peuvent se composer diversement.

Cette retraiteen soi est facile à l'homme seul ou désoeuvré.

Elle peut naître de l'indifférente monotonie de la vie réelle et de lafatigue, qui détache d'un monde sur lequel on n'a plus de prises.

Elle résulte encore de l'attrait d'une existencebrillante et passionnée où l'on s'évade d'une condition médiocre et terne, et où se contentent les désirs comprimésdans la vie utilitaire.

Elle est souvent suscitée par la complexion individuelle, et satisfait l'« égotisme » de qui secomplaît dans la vie subjective et répugne à l'adaptation complexe et difficile qu'exige la vie en société. III.

— Son rôle. La rêverie peut interférer dangereusement avec le comportement utile, comme chez l'homme ou la femmeromanesque qui prétend vivre son rêve.

Elle peut enclore décidément l'individu dans un monde chimérique, et ledégoûter de l'action sérieuse et utile.

Si elle n'est pas déréglée, elle est inoffensive et souvent bienfaisante.

Elledistrait l'homme de ses déboires et le repose de ses luttes ; les joies qu'elle apporte sont surtout précieuses à ceuxqui n'en ont pas d'autres.

Même, elle peut être une anticipation féconde, la première ébauche d'un projet auquel uneréflexion ultérieure pourra donner figure et consistance. Conclusion. Si le rêveur se retire des choses, cesse de s'adapter au présent, la rêverie, pourtant, ne se borne pas à la visioninerte d'un monde fictif.

L'homme qui rêve entre tout entier dans son rêve, avec un comportement intellectuel,affectif et pratique approprié à la situation rêvée.. »

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