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À quoi reconnaît-on une attitude religieuse ?

Publié le 05/02/2004

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Sujet 3505À quoi reconnaît-on une attitude religieuse ? éléments de réflexion * L'athéisme théorique. Il consiste, semble-t-il, en la négation explicite de Dieu, au refus de reconnaître tout principe d'unité, transcendant ou immanent à l'univers empirique. La difficulté, lorsqu'on parle d'athéisme, tient au fait de savoir ce que l'on nie exactement en niant l'existence d'un Dieu. Si nier Dieu, c'est nier un Être conçu d'une certaine façon comme une personne, on peut dire sans problème qu'il existe pour le moins des athées théoriques. Mais si Dieu est le nom donné pour d'autres caractéristiques et que le terme « religion » peut s'appliquer à d'autres conceptions que des « religions révélées » et (ou) « personnelles » le problème posé se complique sérieusement. L'on peut se demander alors si toute attitude (théorique ou pratique) valorisant « certaines choses » ne va pas être appréhendée par d'autres (ne valorisant pas les mêmes choses, ou de la même façon) comme une attitude religieuse, non athée. * La position de Nietzsche. Il considère que les libres penseurs ne sont nullement « athées » dans la mesure où ils persistent à opérer une identification « métaphysique » entre « l'Être » et « l'Idéal ». Pour les mêmes raisons, il considère que les socialistes sont toujours religieux (et non athées), singulièrement dans leur croyance au progrès.

« VOCABULAIRE: CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.

— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.

2.

— Discerner, distinguer quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.

— Posséder une représentation de quelque chose, enpart.

une représentation exacte.

4.

— Connaissance: a) Acte par lequel un sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objetsqui se présentent à lui.

b) Résultat de cet acte. [I.

La transmission des croyances] La « religion » implique, étymologiquement, l'existence d'une communauté partageant des croyances.

Sans insister sur la diversité quepeuvent présenter ces dernières, il est possible de s'interroger sur leur « origine et sur la façon dont elles sont transmises.La croyance est souvent due à une révélation, humaine ou non : elle tire son pouvoir du fait que, d'une façon ou d'une autre (soitdirectement en se manifestant parmi les hommes, soit indirectement par l'intermédiaire d'un prophète), le divin se fait connaître à ungroupe d'hommes et affirme du même coup son pouvoir et sa légitimité.

Cette intervention du divin permet de satisfaire la curiositéhumaine sur les causes « premières » ou les causes « finales » : affirmer l'existence du divin, c'est « résoudre » (de façon sans doute nonrationnelle) le problème de l'origine ou du but des choses.

Non que le divin soit nécessairement conçu comme « créateur » — ce qu'il n'estque dans le monothéisme —, mais il est au moins façonneur d'un chaos antérieur (c'est le Démiurge de Platon), ou producteurd'événements qui instaurent un ordre du monde.La croyance est faite pour être partagée, propagée.

Le prophète la diffuse chez ses proches, qui servent de relais pour la répandre (maispas nécessairement de manière « universelle » : toutes les religions ne sont pas conquérantes, loin de là).

Une fois instaurée, elle ne doitpas se modifier de manière importante.

Sa transmission, d'une génération à la suivante, se fait avec le souci d'être fidèle aux parolespremières : c'est pourquoi une modification trop sensible du message entraîne, soit une accusation d'hérésie, soit la constitution d'unereligion différente.La croyance produit ainsi une tradition, qui indique que le fidèle a pour tâche de s'inscrire dans un ensemble de propositions qui nedépendent pas de lui.

Cet ensemble d'affirmations, plus ou moins rigoureusement codifié et détaillé, concerne aussi bien la nature dudivin que les conduites qu'il faut avoir à son égard.

Bien souvent vont alors s'imposer des « spécialistes » — un clergé — servantd'intermédiaires entre le divin et les fidèles, et de guides à ces derniers.Dans ce contexte, il semble impossible que le divin soit d'abord découvert par le seul usage de la raison.

Non que religion et raison soientautomatiquement incompatibles ; c'est plutôt que l'affirmation ou la recherche de compatibilité ne se manifeste que lorsque la religion estdéjà formée (ainsi, la mise au point des « preuves de l'existence de Dieu » dans le christianisme) : dans sa nature propre, l'attitudereligieuse est irrationnelle, au sens où elle ne se soucie pas d'argumenter. [II.

La communication avec le divin] Pour communiquer avec le divin, le fidèle doit observer des règles, qui définissent des rituels.

Très variables, ces derniers remplissent tousla même fonction : ils facilitent le contact avec la sphère divine.

Pratiques de purification, prières, mortifications, sacrifices signalent qu'unetransition est possible entre le monde humain et celui du divin, bien que le fidèle ne puisse jamais se concevoir comme étant de plain-pied avec ce dernier.

Une distance demeure toujours, que le rituel n'efface jamais totalement.Les rituels sont codifiés : ce n'est pas le fidèle qui les invente ou les transforme.

Le clergé a parmi ses tâches un contrôle des attitudesautorisées ou conseillées : gestes, agenouillements, postures, récitations de prières obéissent à un ordre strict, qui marque le respectenvers le divin, mais confirme aussi l'appartenance à la communauté religieuse.La communication immédiate avec le divin apparaît en général, pour la communauté et les autorités religieuses, comme accidentelle,sinon « anormale ».

Dans les religions « primitives », le fidèle momentanément « habité » par un esprit devient lui-même redoutable : sapossession le situe en dehors de la communauté normale, même si elle est par ailleurs reconnue comme un privilège.

Dans lechristianisme, l'expérience mystique est toujours difficilement compatible avec le fonctionnement de l'Église : elle montre en effet que lerapport à Dieu peut faire l'économie des intermédiaires habituels que sont l'institution et le clergé.

Aussi l'Église ne reconnaît-elle sespropres mystiques qu'avec beaucoup de précautions.L'expérience mystique est est sans doute d'autant plus hors norme qu'elle semble, comme l'a souligné Bergson, impossible à transmettreou à faire comprendre.

Elle représente dès lors une « connaissance » directe de Dieu qui ne peut être tenue pour exemplaire, ni mêmeconsidérée comme capable d'enseigner quoi que ce soit aux autres fidèles.

D'une certaine manière, elle instaure une confusion, ou uneindifférenciation, entre le profane et le sacré. [III.

La séparation du profane et du sacré] Les croyances, les rituels, la communauté religieuse n'existent que relativement à une séparation entre un univers profane et un universsacré.

Le profane est le monde de la quotidienneté, du travail, des interdits, qui définissent strictement le monde humain et enconstituent la dimension culturelle.À l'inverse, il est possible que le sacré, dans ses formes initiales, désigne ce qui vient perturber ce monde humain : la violence naturelle,la dépense d'énergie dont la nature dans son ensemble donne le spectacle, la mort.

C'est du moins ce qu'affirme Georges Bataille.

Dèslors, il importe que le profane se défende contre l'irruption du sacré, ou qu'il en aménage les surgissements : le rituel, qui met les deuxunivers en communication, aurait aussi pour fonction d'assurer l'intégrité du profane en n'autorisant l'accès au sacré que selon descodifications strictes imposant des conduites d'exception.Dans sa compréhension « tardive » (c'est-à-dire principalement dans les religions monothéistes), le sacré devient synonyme du bien, alorsque le monde profane récupère en quelque sorte tout le mal concevable (ainsi, les hommes sont responsables de la crucifixion du Christ).Ce qui permet de souligner que le divin n'est pas obligatoirement conçu comme intégralement bénéfique : dans certaines religions (toutesles variantes du manichéisme), le divin est partagé en deux versants contraires, dont l'un symbolise le bien, et l'autre le mal.

Et danscertaines religions plus tardives demeure cette ambiguïté du divin, où résonne l'ambiguïté initiale du sacré lui-même : à la fois fascinantet repoussant, attirant et terrorisant (on peut ainsi considérer que, dans le christianisme, la seconde figure de Dieu, s'incarnant dans leChrist, affirme sa bonté alors que sa figure paternelle – le Dieu de l'Ancien Testament – est moins « aimable » et beaucoup plusredoutable : on passe ainsi d'un Dieu de vengeance à un Dieu d'amour). [Conclusion] L'attitude religieuse cherche à mettre le fidèle en relation avec le sacré, ou avec le dieu qui l'occupe intégralement.

Mais cette relation n'ade réalité que pour le croyant, dans son intimité.

Dès lors se pose la question de ce que peuvent signifier, perçus de l'extérieur, les rituelset les prières.

Rien ne prouve qu'ils correspondent à une foi authentique et sincère.

Le repérage d'une attitude religieuse ne sauraitgarantir l'existence de cette foi.. »

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