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En quoi le recueil des Châtiments présente-t-il les caractéristiques de l'écriture polémique ?

Publié le 09/11/2010

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« sbires. [La poésie au service de la dénonciation] Hugo n'hésite pas à recourir au pamphlet acéré, il mêle épique et grotesque, et se sert de son procédé fétiche,l'amplification, pour la mettre au service de la condamnation. Les sentences hugoliennes sur le compte de Louis Bonaparte sont particulièrement acérées : « Dogue aboyant,dragon farouche, hydre en colère; // Taupe aux jours du danger ! » (II, 6).

Son « âme » est « horrible et fausse »(« Nox », 5).

Le poète exprime ce qu'il pense de l'arrivée au pouvoir de cet individu : « L'on n'était qu'une espèce //De perroquet ayant un grand nom pour perchoir; // Pauvre diable de prince [...] // On s'attable au pouvoir et l'onmange la France.

// C'est ainsi qu'un filou devient homme d'État.

» On retrouve la comparaison avec l'oncle illustre :Napoléon III s'est servi de son nom et de la gloire qui lui est attachée.

Le terme de « perroquet » est une variantedu « singe » évoqué plus haut, et Hugo l'accuse ouvertement d'être un « filou » parvenu qui se soucie de son bien-être et non de celui du peuple. Hugo mêle également épique et grotesque, fidèle à sa conception de l'art, qui doit exploiter tous les registres.

« Lesdeux Napoléon s'unissent en diphtongue» (III, 8); là aussi, le sublime et le grotesque s'entremêlent.

Dans ce mêmetexte, le poète évoque un système de valeurs inversé : « Plus on s'aplatira, plus on prospérera ».

Le ton devientsolennel: « Et partout le néant prévaut; pour déchirer Notre histoire, nos lois, nos droits; pour dévorer L'avenir de nos fils et les os de nos pères, Les bêtes de la nuit sortent de leurs repaires.

» Cette gravité du poète, cette lenteur, cette majesté, ces valeurs (le respect des liens familiaux, il faut travailler àun bon avenir pour ses « fils » en respectant ce qu'ont édifié les (( pères ») s'opposent aux grimaces et auxcourbettes serviles des notables avides de servir Louis Bonaparte. C'est la poésie hugolienne tout entière qui va s'élever contre ce personnage et ses crimes.

Les accumulationschères au poète vont surenchérir au sujet de la bassesse du souverain, «traître, abject, frissonnant, blême ».

Demême, son «trône a trois degrés : parjure, meurtre et vol » (III, 1).

1:amplification est mise au service de ladénonciation du misérable : « Contemple l'embryon !L'infiniment petit, monstrueux et féroce!Et, dans la goutte d'eau, les guerres du volvoceContre le vibrion » (III, 5). On va de plus en plus loin dans l'infiniment petit, du visible à l'invisible, pour en montrer la bassesse et le peud'importance.

L'emploi de l'oxymore, qui unit syntaxiquement deux termes désignant des réalités opposées, doitchoquer le lecteur : Hugo évoque ainsi « la perfection de ces gredins immondes » (VI, 5). [Conclusion] Hugo met donc toutes les ressources de son art au service de la dénonciation du règne de Louis Bonaparte, auquelil n'épargne rien, ni les quolibets, ni les sarcasmes, ni la satire.

Il en fait un pantin, imitateur de son oncle illustre.Ces ressources sont mises au service de la condamnation de ce régime par le poète. C'est en cela que les Châtiments constituent une oeuvre polémique, mais leur richesse ne les cantonne pas à cela : il s'agit également d'une oeuvre romantique et, avant tout, d'une oeuvre poétique exploitant toutes les ressourcesde l'art.. »

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