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A quoi sert l'art ?

Publié le 09/02/2004

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Peut-être pouvons-nous en tirer l'idée d'élévation depuis les bas-fonds (sexuels ?) de l'âme jusqu'à ses expressions les plus élevées. La psychanalyse ferait alors le mouvement inverse de celui que lui assignait Freud quand il choisissait comme épigraphe à L'interprétation des rêves, le vers de Virgile dans l'Énéide : « Flectere si nequeo superos, Acheronta movebo » (« Si je ne peux fléchir les dieux d'en haut, j'ébranlerai ceux de l'enfer »). Freud va jusqu'à utiliser l'expression paradoxale de « libido désexualisée », éloignée des buts et objets sexuels. Notons cependant que ce n'est pas « l'instinct sexuel » unifié qui est ainsi sublimé. La sublimation est essentiellement le destin des pulsions partielles, c'est-à-dire celles dont l'issue aurait pu être la perversion ou la névrose. Freud n'a guère précisé le domaine de la sublimation en dehors des activités scientifiques ou artistiques. Dans le Malaise dans la civilisation il semble lui rattacher les activités professionnelles quand elles sont librement choisies. D'autre part, il considère comme une forme de sublimation les formations réactionnelles c'est-à-dire ces barrières élevées contre les pulsions, consolidées pendant la période de latence par l'éducation, mais qui tirent leurs forces de la libido elle-même. Ainsi se forment les traits de caractère : « Ainsi l'entêtement, l'économie, le goût de l'ordre découlent-ils de l'utilisation de l'érotisme anal.

« "L'art doit surtout et avant tout embellir la vie, nous rendre donc supportableset, si possible, agréables aux autres : cette tâche sous les yeux, il nousmodère et nous tient en bride, crée des formes de civilité, lie des êtres sanséducation à des lois de convenance, de propreté, de courtoisie, leur apprendà parler et se taire au bon moment.

L'art doit ensuite dissimuler ouréinterpréter toute laideur, chaque trait pénible, horrible, dégoûtant, qui necessera de reparaître en dépit de tous les efforts, conformément à l'origine dela nature humaine ; il doit surtout procéder ainsi au sujet des passions, desdouleurs et des angoisses de l'âme, il doit, dans la laideur inévitable ouinsurmontable, laisser transparaître son côté significatif.

Après cette grande,cette trop grande tâche de l'art, ce qui se dit proprement de l'art, celui desoeuvres, n'est qu'un appendice.

Un homme qui sent en soi une surabondancede ces vertus d'embellissement, d'occultation et de réinterprétation,cherchera finalement à se décharger encore de ce superflu dans des oeuvresd'art ; dans certaines circonstances, tout un peuple fera de même.

- Maisd'ordinaire, on prend maintenant l'art par l'autre bout, on se raccroche à saqueue, et on se figure que l'art des oeuvres d'art est le vrai, que c'est àpartir de lui qu'il faudra améliorer et transformer la vie - fous que noussommes ! À commencer notre repas par le dessert et à savourer douceurs surdouceurs, quoi d'étonnant si nous nous gâtons l'estomac et même l'appétitpour la bonne chère solide et nourrissante, à laquelle l'art nous convie !"NIETZSCHE • Freud, d'une autre façon, affirme la même chose.

L'art est sublimation, c'est-à-dire esthétisation des pulsions.Créer permet de se débarrasser du refoulé, de toutes les tendances inconscientes qui n'arrivent pas à s'exprimer etqui font souffrir.

L'art emprunte sa force aux pulsions fondamentales pour les dériver vers un but de substitutionsocialement valorisé.

Mais Freud dit aussi que, si on peut expliquer par l'analyse psychanalytique les conditionsd'apparition d'une oeuvre, on ne peut rien dire quant au « don » artistique qui échappe ainsi à toute interprétation. La sublimation : le cas de Léonard de Vinci La sublimation est une des notions qui ont le plus retenu l'attention en dehors même de la psychanalyse parcequ'elle semble susceptible d'éclairer les activités dites « supérieures », intellectuelles ou artistiques.

Pour cetteraison même, sa définition est incertaine, chez Freud lui-même, parce qu'elle fait appel à des valeurs extérieures à lathéorie métapsychologique.

Le mot même évoque bien entendu la grande catégorie morale et esthétique du sublime,mais aussi la transformation chimique d'un corps quand il passe de l'état solide à l'état gazeux.

Peut-être pouvons-nous en tirer l'idée d'élévation depuis les bas-fonds (sexuels ?) de l'âme jusqu'à ses expressions les plus élevées.

Lapsychanalyse ferait alors le mouvement inverse de celui que lui assignait Freud quand il choisissait comme épigrapheà L'interprétation des rêves, le vers de Virgile dans l'Énéide : « Flectere si nequeo superos, Acheronta movebo » («Si je ne peux fléchir les dieux d'en haut, j'ébranlerai ceux de l'enfer »).

Freud va jusqu'à utiliser l'expressionparadoxale de « libido désexualisée », éloignée des buts et objets sexuels.

Notons cependant que ce n'est pas «l'instinct sexuel » unifié qui est ainsi sublimé.

La sublimation est essentiellement le destin des pulsions partielles,c'est-à-dire celles dont l'issue aurait pu être la perversion ou la névrose.

Freud n'a guère précisé le domaine de lasublimation en dehors des activités scientifiques ou artistiques.

Dans le Malaise dans la civilisation il semble luirattacher les activités professionnelles quand elles sont librement choisies.

D'autre part, il considère comme uneforme de sublimation les formations réactionnelles c'est-à-dire ces barrières élevées contre les pulsions, consolidéespendant la période de latence par l'éducation, mais qui tirent leurs forces de la libido elle-même.

Ainsi se forment lestraits de caractère : « Ainsi l'entêtement, l'économie, le goût de l'ordre découlent-ils de l'utilisation de l'érotismeanal.

L'orgueil est déterminé par une forte disposition à l'érotisme urinaire » (Trois essais, p.

190).

Le processus dela sublimation ne nous propose pas seulement une esquisse de caractérologie, mais plus généralement encore de lavie éthique : « C'est ainsi que la prédisposition perverse générale d e l'enfance peut être considérée comme lasource d'un certain 'nombre de nos vertus dans la mesure où, par formation réactionnelle, elle donne le branle à leurélaboration »(ibid., p.

190).Cependant le texte principal sur la sublimation reste Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci (1910).

Le souvenirest le suivant : « Je semble avoir été destiné à m'occuper tout spécialement du vautour, écrit Léonard, car un despremiers souvenir d'enfance est qu'étant au berceau, un vautour vint à moi, m'ouvrit la bouche avec sa queue etplusieurs fois me frappa avec sa queue entre les lèvres ».

Bien entendu ce récit peut n'avoir aucune objectivité etêtre une reconstruction.

Or Freud ne dispose que d'un matériel fort réduit pour interpréter cet unique souvenird'enfance : quelques éléments biographiques peu sûrs, des textes et des dessins des fameux Carnets et enfinsurtout l'oeuvre artistique.

En fait Freud s'appuie sur la symbolique dégagée par l'expérience psychanalytique et surla symbolique des légendes et des mythes (en particulier de l'Égypte ancienne concernant le vautour).

D'emblée ilcompare le souvenir au moins en partie reconstruit, avec la préhistoire fabuleuse que s'attribuent les peuples.

Ilretrouve dans le souvenir d'enfance de Léonard, la théorie sexuelle infantile de la mère phallique que l'expériencepsychanalytique met en rapport avec une relation érotique intense à la mère et avec un type d'homosexualitévraisemblable chez le peintre, même si elle n'est restée que platonique.

Freud cite alors le fameux sourireénigmatique des figures féminines ou masculines dans les tableaux de Léonard, et même il reprend à son compte la «découverte » de son disciple O.

Pfister qui voyait le contour d'un vautour, symbole de la maternité, dansl'enroulement compliqué du manteau de Marie penchée sur l'enfant Jésus, telle qu'elle est représentée dansl'admirable sainte Anne du Louvre.. »

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