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A quoi servent les artistes ?

Publié le 11/08/2005

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1)       L'artiste au service de la représentation   a.      L'artiste a pour fonction non pas simplement d'imiter mais de représenter le réel.    « Quelle vanité que la peinture, qui attire l'admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux ! » Pascal, Pensées   De ce qui a été dit il résulte clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a réellement eu lieu mais ce à quoi on peut s'attendre, ce qui peut se produire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité. En effet, la différence entre l'historien et le poète ne vient pas du fait que l'un s'exprime en vers ou l'autre en prose (on pourrait mettre l'oeuvre d'Hérodote en vers, et elle n'en serait pas moins de l'histoire en vers qu'en prose); mais elle vient de ce fait que l'un dit ce qui a eu lieu, l'autre ce à quoi l'on peut s'attendre. Voilà pourquoi la poésie est une chose plus philosophique et plus noble que l'histoire: la poésie dit, plutôt le général, l'histoire le particulier. Le général, c'est telle ou telle chose qu'il arrive à tel ou tel de dire ou de faire, conformément à la vraisemblance ou à la nécessité : c'est le but visé par la poésie, même si par la suite elle attribue des noms aux personnages. Le particulier, c'est ce qu'a fait Alcibiade, ou ce qui lui est arrivé. Aristote   b.       Cette fonction donne à l'artiste un pouvoir, une influence, qui peut être morale, politique ou religieuse, sur les membres d'une société.   (.

Le préjugé qui veut que les artiste ne servent à rien, qui considère que les artistes sont comme en dehors de la société, n'y participent pas, est courant. Ce préjugé a, malgré sa simplicité presque grossière, un intérêt dans ce qu'il a de critiquable mais également dans ce qu'il exprime de vrai.

Mais pour analyser cela, il nous faut d'abord partir du sens du verbe servir sur lequel repose la question posée.  Considérer une réalité sous l'angle du servir, c'est voir sa fin non en elle-même mais dans une autre réalité qu'elle permet de réaliser. Ainsi, la stratégie militaire sert à faire la guerre. Si l'artiste sert à quelque chose, c'est que ce qu'il fait, à avoir des oeuvres d'art, vaut comme moyen d'une autre chose. C'est parce que ce que fait l'artiste a une utilité, comme le moyen d'autre chose, que ce dernier peut avoir une fonction au sein de la société. C'est cet « autre chose « que l'art qui donne son sens à l'art que le sujet semble nous inviter a penser. Traditionnellement, c'est le terme de représentation qui a permis de désigner le but du travail de l'artiste. Une sculpture, une peinture, une tragédie proposent une représentation d'une réalité. Mais cette représentation n'a pas simplement pour but d'imiter le réel, elle le synthétise, elle en retient une interprétation, Ainsi, la tragédie donne une représentation de l'existence humaine face à la nécessité du destin à travers la mise en scène de personnages nobles qui attirent notre compassion.  Cette synthèse interprétative a pour but de rendre visible aux spectateurs une dimension de la réalité dont ils n'étaient pas conscients. L'artiste a donc un pouvoir au sein d'une société. Ce pouvoir, dans l'exemple de la tragédie, est moral puisque le spectacle touche ici a l'édification des ceux qui y assistent. Mais ce pouvoir peut aussi être moral ou politique. Sous cet angle de vue, l'artiste sert bien à quelque chose, à savoir qu'il a pour fonction de rendre sensible aux hommes certaines dimensions de la réalité, prise de conscience qui peut modifier le comportement de ces derniers.

Mais cette conception de l'utilité de l'artiste pose de nombreux problèmes. Tout d'abord, ce schéma de la représentation semble difficilement applicable à des arts comme la musique ou la danse qui ne repésentent pas de réalités extérieures. De plus, il est facile de voir en quoi l'utilité de l'artiste peut être dangereuse, ce dernier ayant un pouvoir sur les comportements des membres d'une société. L'utilisation de l'art et la manipulation des artistes au sein des régimes totalitaires est en ceci exemplaire. Si cette remarque ne suffit pas à elle seule à disqualifier la conception évoquée ci-dessus, elle permet néanmoins d'appréhender le problème central que pose la représentation, à savoir celui, justement, de l'utilité. Car si comme nous l'avons vu, l'artiste sert une réalité à laquelle son oeuvre renvoie, c'est l'art en lui-même que l'on risque de vider de son sens particulier. En effet, si la technique désigne bien une activité qui ne trouve sa justification et sa signification hors d'elle-même, dès lors en quoi l'art se différencierait t'il de cette dernière? Ne faut-il pas chercher l'essence du travail de l'artiste au sein même de son oeuvre ? Il est effectivement possible de considérer que le propre de l'art est de livrer aux regards ou à l'écoute une oeuvre qui vaut pour elle-même et ne rentre pas dans un système d'utilité. Ce qui constituerait la fin interne de cette oeuvre serait sa beauté, à savoir la cohérence interne qui est la sienne et qui, si elle reste de l'ordre du sensible, touche à l'universalité dans le jugement esthétique. La tâche de l'artiste serait dès lors de faire oeuvre de beauté. Notons que cette conception du travail artistique a le mérite de donner à penser des arts comme la musique ou la danse qui manifestent bien ce souci d' « harmonie «, de cohérence interne, sans référence à un extérieur qu'il s'agirait de représenter et auquel l'art serait comme redevable.

Cependant, si nous suivons cette conception, l'artiste ne sert plus à rien dans la mesure où son activité trouve sa fin en elle-même. L'activité de l'artiste apparaît dès lors comme spécifique puisqu'elle sort du système de l'utilité et, seule, se constitue dans sa gratuité. Si l'artiste sert à quelque chose, ce n'est pas à autre chose qu'à l'art lui-même dans sa vocation à présenter le beau comme manifestation gratuite. Les Parnassiens, en prenant pour devise l'expression « l'art pour l'art « font leur cette conception. L'artiste apparaît dès lors dans une position marginale au sein d'une société fondée sur l'utilitaire, voire, de nos jours, sur l'utilitarisme (où la consommation ne sert qu'à pousser à consommer plus, à utiliser plus, sans fin.)

Mais un nouveau problème est posé par cette idée de gratuité du travail artistique. En effet, quels seront les critères du beau si ce dernier ne vise que lui-même ? Le problème qu'il y a à faire de cette réalité gratuite l'essence et la fin en soi de l'oeuvre d'art est de risquer de vider la beauté de son sens même en la privant de critères. Il s'agit donc de se demander si nous ne sommes pas allés trop loin en refusant de considérer le travail de l'artiste comme le moyen d'autre chose. Dès lors, une question plus profonde se pose : servir à, est-ce nécesairement s'asservir à, faire sens, est-ce forcément rentrer dans le schéma de l'utile ? Enfin, considérer le travail artistique comme le moyen d'autre chose est-ce forcément manquer ce qui fait sa particularité et son essence ? Ne peut-on pas en effet penser que si l'artiste n'est pas utile au sens où il propose des oeuvres qui sortent du fonctionnement souvent aveugle de l'utilité, il sert néanmoins homme en rendant visible des dimensions de son existence auxquelles il reste parfois sourd. Si l'artiste a bien des contraintes, il exprime cependant la dimension de liberté présente dans la création, le surgissement d'un sens original. En cela, l'artiste sert non par la représentation du réel mais par l'évocation, voire l'invocation (en grec, kalos, le beau, vient du verbe kalein, appeler), incarnation de ce qui reste en l'homme, irréductible à l'ordre de l'utile. Dès lors, l'art trouverait son sens dans ce travail de l'artiste qui fait oeuvre de liberté.

 

« l'homme, irréductible à l'ordre de l'utile.

Dès lors, l'art trouverait son sens dans ce travail de l'artiste qui fait oeuvrede liberté. 1) L'artiste au service de la représentation a.

L'artiste a pour fonction non pas simplement d'imiter mais de représenter le réel . « Quelle vanité que la peinture, qui attire l'admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux ! » Pascal, Pensées De ce qui a été dit il résulte clairement que le rôle du poète est de dire nonpas ce qui a réellement eu lieu mais ce à quoi on peut s'attendre, ce qui peutse produire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité.

En effet, ladifférence entre l'historien et le poète ne vient pas du fait que l'un s'exprimeen vers ou l'autre en prose (on pourrait mettre l'oeuvre d'Hérodote en vers, etelle n'en serait pas moins de l'histoire en vers qu'en prose); mais elle vient dece fait que l'un dit ce qui a eu lieu, l'autre ce à quoi l'on peut s'attendre.

Voilàpourquoi la poésie est une chose plus philosophique et plus noble quel'histoire: la poésie dit, plutôt le général, l'histoire le particulier.

Le général,c'est telle ou telle chose qu'il arrive à tel ou tel de dire ou de faire,conformément à la vraisemblance ou à la nécessité : c'est le but visé par lapoésie, même si par la suite elle attribue des noms aux personnages.

Leparticulier, c'est ce qu'a fait Alcibiade, ou ce qui lui est arrivé.

Aristote b.

Cette fonction donne à l'artiste un pouvoir, une influence, qui peut être morale, politique ou religieuse, sur les membres d'une société. (...) La tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans unlangage relevé suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyend'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation, propre à pareilles émotions.

ARISTOTE c.

Cependant, définir le travail artsitique à travers le prisme de l'utilité de la représentation, c'est trouver l'essence de l'art hors de ce dernier.

Cette conception ne semble d'ailleurs pas opérative pourpenser la musique ou l'art non représentatif. 2) L'art pour l'art a.

Il est pourtant possible de définir le travail de l'artiste en partant d'une fin interne à l'oeuvre d'art, à savoir l'expression de la beauté comme cohérence interne. «C'est la perception des rapports qui a donné lieu à l'invention du terme beau.»Diderot b.

Dès lors, le travail artistique se définit dans sa gratuité puisqu'il n'a d'autre fin que l'oeuvre d'art elle-même dans sa cohérence interne.

C'est ce que les Parnassiens ont désigné par la maxime « l'artpour l'art ».. »

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