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En quoi toute forme d'esclavage est-elle contraire au droit ?

Publié le 08/02/2004

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esclavage
L'une des plus brillantes (peut-être effrayante !) est celle de Hegel, qui dénonce l'illusion humaine d'une liberté de droit. En effet, l'homme se croit libre, mais n'est en fait (à l'instar de la pensée héraclitéenne : « Le temps est un enfant déplaçant des pions : la royauté d'un enfant ! ») que le jouet de l'« Esprit » (Geist) se servant de lui pour se réaliser dans le temps et l'espace. C'est ainsi qu'il faut lire sa fameuse dialectique du « Maître et de l'esclave » (Cf. La Phénoménologie de l'Esprit). Celle-ci est fondée sur l'idée que chacun de nous, dans sa rencontre d'autrui, se positionne en s'opposant à autrui. Cette opposition constitutive du moi et d'autrui est naturelle et détermine ainsi les rôles de maître (celui qui n'a pas peur de mourir pour sa liberté) et d'esclave (celui qui préfère vivre au prix de sa liberté) dans cette rencontre fondatrice. Le droit ne sera alors que celui, « objectif », de l' « Esprit » qui doit rendre utiles pour lui, par régulation, ces « luttes à mort » des consciences individuelles s'opposant. Notons que le « Maître » devient à son tour esclave de son esclave car dépendant de lui dans les tâches quotidiennes qu'il effectue pour lui. C'est en ce sens que cette lutte est « dialectique » (elle passe du même à son contraire dans un mouvement évolutif). Le droit vrai, selon Hegel, droit de l'« Esprit », ne va donc pas à l'encontre de cette opposition naturelle entre maître et esclave, elle la fixe bien plutôt en lui donnant sa forme et ses règles.

Lorsque Platon, dans son dialogue du Gorgias, met en opposition Socrate et Calliclès sur la question de la justice, ce dernier affirme un droit de nature. Ce droit est en fait celui du plus fort sur le plus faible, droit de domination naturel de l'un sur l'autre. Calliclès reproche à Socrate d'apporter la confusion entre loi des hommes et lois naturelles, selon qu'il en appelle de l'un et de l'autre dans son discours. Cette opposition entre droit naturel et droit constitutionnel reste d'actualité, les différentes formes de violences et d'esclavagismes existant encore aujourd'hui de par le monde. Les dictateurs et oppresseurs de ce monde justifient d'ailleurs leurs actes par ce droit naturel de domination des forts sur les faibles (soit pour la préservation du pouvoir, soit par l'argument du respect des lois de la nature). La question ainsi posée – en quoi toute forme d'esclavage est-elle contraire au droit ? – trouve son paradoxe dans le concept ambigu et polysémique de droit.

Reste donc, pour répondre à cette question, à déterminer philosophiquement si et en quoi un droit, autre que naturel, s'oppose à la domination des plus forts sur les plus faibles ?

Plus, nous pouvons légitimement nous demander si la liberté humaine est possible et inaliénable ?

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« Retrouvons cependant l'argument de Calliclès repris dans le discours nietzschéen (Cf.

Généalogie de la morale ) : il y a bien, naturellement, des forts (actifs et nobles) et des faibles (réactifs et sournois).

En ce sens, il n'y a pasd'esclavagisme mais une simple adéquation aux desseins naturels.

C'est un renversement des valeurs et donc unrenversement de la logique du droit auquel s'attelle Nietzsche.

Les forts naturels, bien loins de dominerconcrètement les faibles naturels, sont plutôt à la merci des procédés anti-naturels (morale, religion, lois punitives)que créés ces derniers pour se préserver de cette force légitime.

Plus, dans le combat éternel et universel de laforce vive (dont la figure emblématique est Dionysos) contre la faiblesse réactive (Apollon), cette dernière tendinéluctablement à s'imposer nous dit celui qui « philosophe à coups de marteaux ».

C'est donc une nouvelle formed'esclavagisme pervers à laquelle nos générations successives assistent impuissantes : le droit artificiel du plusfaible contre le plus fort.

Cet assujettissement pernicieux et illégitime tend donc à s'imposer non pas contre le droit,mais par le biais d'un droit constitué contre un droit naturel et légitime.

Avec cette conséquence que le droitconstitué par les faibles est bien plutôt la forme la plus vile de toutes les formes de domination que l'histoire del'humanité est connue. II.

Une liberté humaine inaliénable ? Cette dévaluation philosophique et conceptuelle de la morale et de la politique humaines ne doit cependant pas nousfaire oublier les heures sombres et monstrueuses que l'humanité à connue.

Pensons à la conquête, au nom de lareligion, des « nouveaux mondes » (sous les traits de Pizarro par exemple).

Pensons à l'esclavagisme du peuple noir-américain dénoncée enfin par Abraham Lincoln et la guerre de Sécession (entre l'Union américaine et certains étatsesclavagistes du sud de l'Amérique).

Pensons à la colonisation européenne du continent africain, à l'effroyable projetfuneste des nazis...

L'esclavagisme est, malheureusement, de tous temps présent sur la surface du globe.

La« Déclaration universelle des droits de l'homme » (le 10 décembre 1948 à Paris) est le symbole de reconnaissance deces violences insupportables et de volonté de cessation de cet état de faits monstrueux.

Une liberté humaine futtoujours questionnée par la philosophie dès sa naissance, mais avec cette déclaration elle devient définissablejuridiquement.

Cela met fin à toute idéologie fanatique et abusivement dominatrice.

Pas de faibles, pas de forts, rienque des hommes et leurs droits à une liberté individuelle enfin consacrée...

Reste à admettre que cette déclarationn'est pas encore, à l'heure actuelle, reconnue, signée ou respectée par tous les pouvoirs nationaux ! La Chine, laLybie et bien d'autres sont aujourd'hui montrées du doigt par ceux qui ont foi en ce droit inaliénable de dignité et deliberté pour tout homme vivant sur terre. La philosophie connaît, en son sein, des visions différentes du statut humain.

L'une des plus brillantes (peut-êtreeffrayante !) est celle de Hegel, qui dénonce l'illusion humaine d'une liberté de droit.

En effet, l'homme se croit libre, mais n'est en fait (à l'instar de la pensée héraclitéenne : « Le temps est unenfant déplaçant des pions : la royauté d'un enfant ! ») que le jouet del'« Esprit » ( Geist ) se servant de lui pour se réaliser dans le temps et l'espace. C'est ainsi qu'il faut lire sa fameuse dialectique du « Maître et de l'esclave »(Cf.

La Phénoménologie de l'Esprit ).

Celle-ci est fondée sur l'idée que chacun de nous, dans sa rencontre d'autrui, se positionne en s'opposant à autrui.Cette opposition constitutive du moi et d'autrui est naturelle et détermineainsi les rôles de maître (celui qui n'a pas peur de mourir pour sa liberté) etd'esclave (celui qui préfère vivre au prix de sa liberté) dans cette rencontrefondatrice.

Le droit ne sera alors que celui, « objectif », de l' « Esprit » quidoit rendre utiles pour lui, par régulation, ces « luttes à mort » desconsciences individuelles s'opposant.

Notons que le « Maître » devient à sontour esclave de son esclave car dépendant de lui dans les tâchesquotidiennes qu'il effectue pour lui.

C'est en ce sens que cette lutte est« dialectique » (elle passe du même à son contraire dans un mouvementévolutif).

Le droit vrai, selon Hegel, droit de l'« Esprit », ne va donc pas àl'encontre de cette opposition naturelle entre maître et esclave, elle la fixebien plutôt en lui donnant sa forme et ses règles.

certains sont faits pourgouverner et d'autres pour être gouvernés.

Mais le renversement de cet étatde fait (la Révolution française de 1789) est toujours, dans l'Histoire, possible,et donc propice à recréer une nouvelle conception des droits et libertéshumaines. Conclusion Le droit, selon qu'il est considéré naturellement ou culturellement, rend flou la notion d'esclavage.

Peut êtreesclave ou maître chacun de nous selon le contexte ou le point de vue.

Cela rend problématique l'oppositiondroit/esclavage. Mais c'est au nom de la liberté que la culture avance et renonce à un état premier, primitif et violent.Considérons cependant, à l'instar de Hannah Arendt, que l'évolution de l'Histoire de l'humanité s'apparente àune évolution des formes (de plus en plus perverses) de domination.. »

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