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De quoi le travail nous libère-t-il ?

Publié le 22/08/2005

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travail
Le travail est devenu une des préoccupations les plus importantes dans notre société et l'intégration sociale dépend hautement de la fonction occupée. Il n'en a pas toujours été ainsi. Le travail se définit généralement comme une activité orientée vers une fin autre qu'elle même à la différence du jeu qui comporte sa finalité en lui-même. On considère le travail comme ce qui est utile socialement. En ce sens, le terme renvoie aussi bien au labeur de celui qui cultive un champ, l'effort de l'écolier, l'activité salariée ou encore les tâches ménagères. On joue juste pour le plaisir que l'on a en jouant, en pratiquant un sport, lexicalement, le terme « travail » ne concerne que les activités que l'on ne fait pas rien que pour elles-mêmes. Ainsi, nous ne travaillons simplement pour le travail. Dès lors, l'énoncé peut étonner : le travail ressemble d'abord à une contrainte plutôt qu'à une libération. D'ailleurs Alain affirmait que le « propre du travail, c'est d'être forcé ». Il est vrai que nous travaillons généralement pour le salaire, pour assouvir nos besoins mais nous rêvons tous du jour où un gain considérable pourrait nous enlever l'obligation de travailler. Pourtant, le sujet suggère que le travail nous libère forcément de quelque chose : la question « de quoi » nous demande de chercher de quelle contrainte le travail nous délivre. Le verbe « libérer » renvoie en effet au mouvement de libération. Celle-ci se définit comme la destruction d'une contrainte qui nous empêcher de faire ce que nous voulons. La liberté se définit en son sens premier comme absence de contrainte, ce que l'étymologie de liber nous confirme. Or, il est paradoxal de remarquer que ce terme désignait dans l'antiquité aux esclaves obligés de travailler par opposition du citoyen qui pouvait faire écouler sa vie dans le loisir. De quelle contrainte le travail pourrait-il nous libérer ? Il faut dès lors comprendre pour quelles raisons nous travaillons ? La fin du travail semble dans un premier temps de subvenir à ses besoins élémentaires. Le point commun entre tous les travaux semble être la transformation de la nature dans un but utile pour l'homme. En transformant la nature, l'homme peut alors se défaire d'elle. En effet, au lieu d'atteindre que celle-ci lui offre sa subsistance, l'homme peut prévoir et assurer lui-même sa survie. Mais cela voudrait dire qu'une fois cela accompli, l'homme abandonnerait le travail. N'y a-t-il pas une autre dimension dans le travail ? La liberté se définit aussi comme la possibilité de s'auto déterminer, d'être la cause de ses actions. Le travail ne nous permet-il pas de nous développer et de nous affirmer ?  
travail

« différencie le travail du loisir ou du jeu.

Ainsi, par exemple, dans le sport, je fais des efforts et cela entraîne uncertain labeur mais je peux très bien ne pas le faire.

3.

Nous travaillons par nécessité de gagner de l'argent- De nos jours, la transformation de la nature est devenue banale.

Elle est partout et entraîne d'ailleurs des dangerspour l'humanité.

Cependant, le travail s'est fait plus spécialisé et plus divisé.

Nous ne travaillons plus directementpour transformer la nature en vue de nos besoins.

Nous travaillons pour gagner de l'argent et pour continuer à vivredans un monde gouverné par la monnaie.

Nietzsche écrivait déjà à son époque, dans le Gai savoir que « dans les pays de la civilisation, presque tous les hommes se ressemblent maintenant en ceci qu'ils cherchent du travail àcause du salaire.

» Tout le monde souhaite par suite gagner au loto et le premier souhait de chacun est de ne plustravailler.

C'est la logique économique qui nous contraint au travail.

Le travail nous libère de la nature et de notre animalité 1.Le travail nous libère de la dépendance de la nature - Il semble pourtant exagéré de dire que l'homme pourrait passer sa vie à ne rien faire s'il ne devait pas travailler.Kant s'élève contre cette idée.

Il écrit dans son Traité de pédagogie qu' « Il est tout aussi faux de s'imaginer que, si Adam et Ève étaient restés dans le paradis, ils n'eussent fait autre chose que demeurer assis ensemble.

L'oisivetéeut fait leur tourment [...] le meilleur repos est celui qui suit le travail.

» On peut alors penser que le travail nousapporte quelque chose et que nous ne le faisons pas par pure obligation.

Mais qu'est-ce que cela est-ce ?Il faut prendre le problème par l'autre sens.

En effet, c'est la disparité des ressources naturelles qui pousse l'hommeau travail.

Pourtant, la transformation de la nature par le travail, est aussi une prise d'indépendance par rapport aucycle naturel.

Dans un état de bestialité, l'homme se doit d'attendre que la nature veuille bien lui offrir ses fruits.

Ildoit errer pour trouver sa subsistance.

Il se trouve donc dans un dépendance totale vis-à-vis de la nature.

Par letravail, c'est lui qui prend les devants et assure lui-même sa subsistance.

Cette arrachement de l'homme à la natureest le moteur de l'histoire de l'humanité.

Le travail humain passe par la médiation de l' outil .

Le travailleur ne se contente pas de prendre possession des objets naturels, mais il cultive la nature, il la modifie selon ses besoins etses désirs, il la façonne à son image.

Le travail implique donc la représentation d'un but : finalisé, il est indissociable d'une conscience . L'existence humaine n'est plus alors dans les mains de la nature, l'homme s'assume lui-même.

Cicéron écrivait ainsidans Des devoirs : « pense encore aux aqueducs, à la dérivation des cours d'eau, à l'irrigation de la campagne, aux digues contres les inondations, aux ports construits : comment cela serait-il possible sans le travail des hommes »Avant le travail l'homme vivait dans le nomadisme, obligé de vivre là où il trouvait subsistance.

Avec les ouvragescités par Cicéron, l'homme peut se sédentariser, orienter la nature dans son intérêt.

De même, il n'est plus soumisaux vicissitudes des climats : il se protège des inondations, du vent, de la sécheresse….

2.

Le travail nous arrache de la bestialité - Pour Hegel, le travail arrache l'homme de l'animalité, à son existence immédiate, en lui imposant la médiation du temps et aussi celle de l'outil.

Ilécrit dans La phénoménologie de l'esprit que « le travail, au contraire, est désir réfréné, disparition retardée : le travail forme ».

Parce que le travailnous oblige à remettre notre satisfaction à plus tard, il est aussitransformation de soi.

Mon désir est retardé et je suis obligé d'inventer lesmoyens de le satisfaire et donc de développé mon esprit.

D'ailleurs, pourHegel, l'outil est noble parce qu'il manifeste l'Esprit.

Dans Leçons sur la philosophie de l'histoire , on peut lire : « Ces découvertes humaines appartiennent à l'Esprit ; un instrument inventé par l'homme est plus hautqu'une chose de la nature, car il est production de l'esprit.

» Le travail estalors le moyen d'une extériorisation de soi.

Le travail forme et éduque, iltransforme le monde et le civilise.

Il se distingue ainsi de la spontanéiténaturelle de l'instinct, il implique attention et effort.

C'est d'ailleurs ce qui luidonne son caractère pénible : contrairement à l'activité de l'animal, il ne vapas de soi, son sens se situe hors de lui – on ne travaille pas pour le plaisir detravailler, mais pour atteindre un but.

Le travail est précisément la distanceou le délai entre le désir et sa réalisation : il est le lieu de l'effort.

Du mêmecoup, il est ce qui permet à l'être humain de développer son autonomie, des'arracher à la sphère de l'animalité.

Par son travail, l'homme refuse de subir lanature, il lui impose sa volonté.

Le travail est comme une anti-nature, il est lefruit d'une lutte de l'homme contre les conditions naturelles, une forme de résistance qui lui permet d'entrer dans la culture .

Il est en ce sens indissociable de notre humanité : il est à la source de la civilisation, de la vie en commun et du développement de la connaissance.- Freud reconnaît lui-même dans son ouvrage Malaise dans la civilisation que « s'il est librement choisi, tout métier devient source de joies particulières, en tant qu'il permet de tirer profit des penchants affectifs et d'énergiesinstinctives ».

Le travail permettrait à l'homme de se libérer de la tyrannie des pulsions pour les sublimer dans unedirection socialement rentable.

L'homme est déterminé pour Freud par ses pulsions inconscientes qu'il ne peutaccepter.

Par le travail, il trouve une issue à ces pulsions et les socialise.

Il reprend alors une partie de son contrôlesur sa vie psychique.

La question reste alors de savoir quels mécanismes spécifiques le travail met en jeu, qui le distinguent. »

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