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La raison conduit-elle au bonheur ?

Publié le 01/03/2004

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Dès lors, cette recherche particulière du bonheur est-elle due à la présence de la raison en nous ? Si cela était le cas, nous devons également nous demander quelle importance peut avoir la raison dans la recherche de ce bonheur. En effet, le terme « conduit-elle « nous informe que la raison peut tenir lieu de guide vers le bonheur, mais ne garantit absolument pas que nous puissions y accéder uniquement par son usage. Aussi, la raison est-elle peut-être seulement ce qui nous montre la voie du bonheur ? Pourtant, après avoir vu que la raison n'est pas suivie la plupart du temps, il nous faudra revenir sur son importance et sur la capacité qu'elle a de cultiver nos vertus.  I/ La raison peut nous rendre dignes du bonheur             Que nous apporte vraisemblablement la raison ?  En effet, si nous définissons l'homme comme un pur être de raison, alors quiconque sera en possession de cette faculté sera reconnu comme un être raisonnable. Nous pouvons alors admettre la présence en nous, comme en tout homme, d'une loi morale qui se présente, de fait, comme un impératif catégorique. Or, si cette loi se présente à nous, la raison n'a pas d'autre but que nous la faire reconnaître comme suprême, et nous inviter à y obéir. Le rang suprême que peut atteindre l'homme se définit donc comme celui d'un être rationnel qui obéit inconditionnellement à cette loi morale en lui.

Définissez d'abord ce que l'on entend par raison. C'est la faculté de déduire, prévoir, organiser, prendre.

On pourrait penser que les hommes intelligents qui passent leur vie à connaître la nature des choses et à comprendre l'existence sont plus aptes que d'autres à trouver le bonheur. Mais on constate souvent le contraire : l'ignorant est plus souvent heureux que le savant. Kant le reconnaît (Fondements de la Métaphysique des Mœurs!) ainsi que Freud (Malaise dans la Civilisation). La raison ne conduit pas toujours au bonheur. Il faut examiner dès lors les cas où la raison ne fait pas le bonheur. Ainsi, prenons les fonctions évoquées ci-dessus : - La déduction : le mathématicien est-il heureux parce qu'il a réussi une opération difficile ? Non, la satisfaction purement intellectuelle ne suffit pas à l'homme. - La prévision : réussit-on à être heureux lorsqu'on s'efforce de prévoir ? Les prévisions ne se vérifient que rarement. La raison (étymologiquement "faculté de calculer"), lorsqu'elle fait des plans concernant l'avenir, est à peu près sûre de manquer le bonheur. Celui-ci semble imprévisible. - L'organisation : des penseurs ont conçu d'organiser rationnellement la société humaine pour que tous soient heureux. Ce sont les utopistes : Platon, More, Campanella, Saint-SiMON, Fourier et Owen notamment, visèrent à instituer un Etat raisonnable. Mais tout régler dans la vie des hommes revient à ôter de leur existence toute humanité. - La compréhension : il ne suffit pas de bien comprendre l'existence pour bien exister. (Bien qu'ARisTOTE associe le bonheur à la vie contemplative : Ethique à Nicomaque, X).

« I/ La raison peut nous rendre dignes du bonheur Que nous apporte vraisemblablement la raison ? En effet, si nousdéfinissons l'homme comme un pur être de raison, alors quiconque sera enpossession de cette faculté sera reconnu comme un être raisonnable.

Nouspouvons alors admettre la présence en nous, comme en tout homme, d'une loimorale qui se présente, de fait, comme un impératif catégorique.

Or, si cetteloi se présente à nous, la raison n'a pas d'autre but que nous la fairereconnaître comme suprême, et nous inviter à y obéir.

Le rang suprême quepeut atteindre l'homme se définit donc comme celui d'un être rationnel quiobéit inconditionnellement à cette loi morale en lui.

Celle-ci pourrait êtredéfinie par la formule suivante : « Agis comme si la maxime de ton actiondevait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

» Se fondentainsi la formule du respect de la personne humaine et de l'action morale quireposent entièrement sur la bonne volonté.

Cependant, en aucun cas, ici, ilne s'agit de parvenir au bonheur.

Bien au contraire, si cela s'avérait possible,il faudrait que l'action morale soit entièrement gratuite, et donc n'ait aucunlien avec notre propre intérêt personnel.

La raison n'a donc pas comme rôlede nous faire accéder au bonheur.

Elle nous montre juste ce que doit faire unhomme digne de l'humanité qu'il porte en lui.

Aussi, Kant écrit-il dans laCritique de la raison pratique : « La morale n'est donc pas, à proprementparler, une doctrine qui nous apprenne à nous rendre heureux, mais seulement comment nous devons nous rendre dignes du bonheur.

» La raison nous mène donc à la moralité et non au bonheur : elle fait de nous des êtres moraux, des êtres qui mériteraient d'être heureux.

Elle peut nous indiquer le chemin du bonheur sans pour autant nous y faire parvenir.

II/ La raison ne peut même pas nous conduire au bonheur . Si la raison peut tout au plus nous permettre d'être moraux, quelleapplication est faite de ce pouvoir ? En vérité, nous pouvons douter fortementqu'il n'y ait jamais eu un seul acte moral dans le monde.

Qui dit que l'actemoral n'est pas encore accompli par intérêt pour soi –même ? Or, si l'impératifcatégorique de la raison ne permet ni d'être entièrement moral, ni d'êtreheureux, qui peut prétendre le suivre ? Pire encore, est-ce véritablement laraison qui contrôle le monde ? C'est bien plutôt les passions ou l'imaginationqui guident nos actions au quotidien alors que la raison est le plus souventemployée au service de ces passions ou de l'imagination.

Nous avonspourtant convenu que tous les hommes recherchent le bonheur et nousdevons constater en même temps qu'ils sont bien peu à chercher celui-ci enfaisant de la raison la faculté suprême de l'homme.

Ne faut-il pas en conclureque la raison n'a qu'un faible pouvoir sur les hommes et qu'elle ne détientmême pas la capacité de nous amener vers le bonheur ? Avec Pascal et sesPensées, nous pouvons donc affirmer que « la raison ne peut mettre le poids aux choses ».

Ce n'est pas elle qui guide nos choix quotidiens et nous révèlela valeur qu'une chose peut avoir à nos yeux.

Que penser sinon du chasseurqui poursuit toute la journée un lièvre qu'il pourrait acheter, ou d'un joueur defootball qui court après une balle qu'il pousse lui-même ? Tous les hommes recherchent en fait à se divertir, plutôtqu'à suivre ce que la raison leur indique.

Et cela n'est pas pour autant foncièrement déraisonnable.

En effet, laraison est incapable de répondre aux questions essentielles concernant l'origine de notre existence et sa finalité :« Je ne sais qui m'a mis au monde, ni ce que c'est que le monde, ni que moi-même ; je suis dans une ignoranceterrible de toutes choses.

(…) Tout ce que je sais est que je dois bientôt mourir, mais ce que j'ignore le plus estcette mort même que je ne saurais éviter.

».

Face à une telle angoisse, à un tel néant qui habite tout homme, ledivertissement répond beaucoup mieux que la raison aux besoins nécessaires pour supporter une telle condition.

Etmême s'il ne nous conduit jamais à un pur état de bonheur, puisqu'il nous donne toujours des plaisirs éphémères, ilest beaucoup plus suivi et plus recherché que la raison.

Tout simplement parce que cette dernière ne peut apporterde certitude quant à l'essentiel.

La raison est donc incapable de nous conduire au bonheur. III/ La raison nous mène au bonheur Cependant, nous devons quand même revenir sur la conclusion précédente.

Si la raison n'a aucunefonction ou est ramenée à une sorte de divertissement au même titre que tout autre, qu'en est-il de notre rangd'animaux rationnels ? Sans la raison, en effet, nous ne sommes plus que de simples animaux, en aucun cassupérieurs aux autres animaux.

Ensuite, pouvons nous véritablement soutenir que nous possédions une faculté enpropre et que celle-ci ne nous est utile à rien ? Nous disons pourtant que les dons du maçon, du musicien ou del'homme politique leur sont utiles pour exercer leur activité, et que celle-ci peut être plus ou moins parfaitementréalisée, en fonction du travail et du soin qu'ils ont pris à l'entretenir.

La raison doit donc nous servir à quelquechose de précis, et nous donner par son usage, accès à un état particulier.

Or, si nous convenons que seul leshommes recherchent le bonheur, alors c'est cet usage de cette capacité spécifiquement humaine qui détermineral'accès au bonheur.

Ainsi, la possession de la raison invite à se soucier de la fonction qui lui est propre.

Rejoignons. »

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